La course a été rude dans le vent des Flandres où on vit même Mathieu Van der Poel, grand vainqueur du récent Tour des Flandres, plonger dans le fossé. Une vraie course de Flandriens où Jempy Drucker, une nouvelle fois dans son élément, a pris la cinquième place d’une course remportée par Yves Lampaert.
On pourrait taxer Jempy Drucker d’hyperactif tant le coureur luxembourgeois aura été de tous les combats dans cette dernière classique World Tour d’une drôle de saison. Tout au long de cette mini-campagne déplacée du printemps à l’automne et finalement assez remarquablement tenue, le coureur de Bora-Hansgrohe aura rappelé qu’à 34 ans, c’est encore un jeune homme. On peut facilement imaginer qu’il va poursuivre sa carrière professionnelle bien au-delà de ce Bruges-La Panne…
C’est dommage de terminer cette saison si tôt, non ?
( Il rit ) Oui, mais bon c’est comme ça. Je suis content de ma course. J’ai couru avec beaucoup de frustration au fond de moi. Par rapport au Tour des Flandres de dimanche, j’étais très, très déçu. C’est toujours une spéculation, mais vu le groupe qui était derrière le duo Van der Poel-Van Aert et vu le groupe avec qui je me suis retrouvé en tête ici, il s’agissait quasiment des mêmes coureurs. Alors je me dis que j’aurais sans doute pu viser moi aussi le podium au Ronde. Mais inutile de revenir en arrière. C’est avec ce sentiment de frustration que je me suis élancé dans cette dernière course de la saison. J’ai changé cette frustration en force.
Vous supposiez que la course se déclencherait aussi rapidement au vu des conditions climatiques difficiles ?
Oui, on le savait dès qu’on a vu le vent souffler. On savait qu’il faudrait courir devant pour ne pas rater le bon coup. J’ai bien géré, j’étais très concentré et j’ai essayé de ne pas faire de fautes. Je me suis vite retrouvé dans un groupe avec quatre coureurs de DeceuninckQuick Step et quatre coureurs de l’équipe de Van der Poel. J’étais un des seuls coureurs qui n’avait pas d’équipiers. Il fallait être attentif. Et bien gérer la course.
Avec le surnombre, Quick Step avait course gagnée ?
Ils avaient plusieurs cartes et surtout personne pour le sprint. On savait qu’ils allaient attaquer. J’ai réussi à rentrer puis cela a encore accéléré. J’ai été lâché avec (Stefan) Kung, puis on a essayé de gérer notre effort pour revenir encore une fois. On savait que c’était vent de face pour aller à l’arrivée. On espérait que ça se regarde et nous sommes rentrés à cinq kilomètres de la ligne. Dans le sprint, tout le monde était cuit mais j’avais encore de la force pour bien faire.
«Je suis revenu à mon niveau»
Il s’agit pour vous d’un bon top 5…
Oui, j’ai déjà fait quatrième à Waregem dans À Travers la Flandre par le passé. Je collectionne les top 10 dans les classiques. Il me manque encore les monuments comme le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.
Si on se souvient de votre saison 2019 rendue très difficile par votre terrible chute à Waregem, on comprend que vous avez retrouvé toute votre efficacité…
Oui, avec ce passé, c’est un grand pas de fait. Cette chute survenue au printemps 2019 dans À Travers la Flandre, cela aurait pu terminer ma carrière comme ma vie tout court. Le principal, c’est que je puisse retrouver mon niveau physique et que psychologiquement, je n’aie plus d’appréhension pour frotter, ce qui est capital dans toutes ces classiques. Pareil au sprint. Je pense ne pas avoir de blocage et ces résultats en sont une preuve. Je suis revenu à mon niveau et la fin de cette saison particulière était très bien si on regarde mes différentes sorties. Et puis, la plupart des coureurs qui étaient devant sont sortis du Tour de France. Ils avaient un peu plus de force. Tout ça est bon pour la suite de ma carrière…
Maintenant, il faut donc prolonger ou trouver un nouveau contrat pour 2021…
( Il rit ) Oui, je serai bientôt fixé, je pense. Cette cinquième place peut compter. On va voir ce que ça va donner dans les jours ou les semaines qui viennent.
Vous êtes confiant ?
Oui, j’espère que ça va aller, le marché est compliqué mais j’ai montré que j’étais encore capable de faire de belles places et d’être là dans le final des classiques.
Vous voilà en vacances ?
Je vais prendre un peu de repos mais je ne vais pas trop lâcher car nous sommes début novembre, une époque où d’habitude je reprends l’entraînement physique. On va voir, la saison prochaine va venir vite pour tout le monde…
Entretien avec Denis Bastien