Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le parcours de Remerschen est l’archétype d’un tracé de championnat.Sélectif mais pas trop, long d’une vingtaine de kilomètres, il pourra s’en passer des choses sur ce circuit…
L’avènement mercredi soir de Jempy Drucker en épilogue d’un chaude soirée de contre-la-montre nous fera forcément regretter son absence ce dimanche dans la course élites, même si à la longue, le parcours aurait sans doute pu être un poil trop rugueux pour le coureur de l’équipe BMC. Personne n’en voudra à cet homme fidèle de tous les championnats, d’avoir pour une fois privilégié sa vie privée (le mariage de l’un des amis proches) et anticiper ainsi sa coupure de juillet.
Mais comme depuis sa chute sur le Giro, Laurent Didier (Trek-Segafredo) est pour sa part sur le flanc, le championnat national version élites avec contrat va se résumer à un match à trois, c’est-à-dire entre Bob Jungels (Quick-Step Floors), Alex Kirsch (WB Veranclassic) et Ben Gastauer (AG2R La Mondiale). Heureusement bien sûr que les coureurs des équipes de troisième division, essentiellement issus des équipes Leopard (Pit Schlechter) et Differdange-Losch (Tom Thill) vont garnir les rangs, ainsi que les espoirs (mais qui en définitive ne seront concentrés que sur leur course), seront de sortie.
Sinon, ce serait un peu lancinant… C’est un fait, les années passent, le championnat national reste néanmoins toujours aussi excitant. Mercredi, qui avait prévu le succès de Jempy Drucker face à Bob Jungels? « L’exercice n’est jamais couru d’avance… », nous avait prévenu l’intéressé joignant ainsi le geste à la parole.
Il en sera de même ce dimanche, même si là encore, le coureur de l’équipe Quick-Step Floors part favori dans la quête d’un quatrième titre déjà, à seulement 24 ans, cela commence à faire beaucoup!
Bob Jungels en a encore envie
« Le maillot de champion national m’attire toujours autant et j’ai envier de le porter encore dans les plus grandes courses », suggérait-il d’ailleurs mercredi soir à l’issue du chrono remporté donc par un Jempy Drucker qu’il avait tenu, à saluer avec la classe du jeune champion qu’il incarne à la perfection.
Bien sûr, même si lui-même remarquait qu’après sa coupure, trois semaines après son pic de forme planifié pour la fin du Giro, il n’est pas à 100 %; Bob Jungels repart favori. D’ailleurs, au fil de ses performances, il s’est tant identifié à ce tricot de champion du Luxembourg, sorte de deuxième peau, qu’il cherchera fatalement à le garder encore et toujours sur le dos.
Dans le match à trois qui s’annonce bien plus passionnant qu’il n’y paraît de prime abord, il lui faudra néanmoins trouver le moyen de larguer et Alex Kirsch et Ben Gastauer.
C’est tout le charme du championnat, rien n’est impossible, tout peut se passer. Et force est de constater que si Bob Jungels part avec la pancarte, ce n’est pas un grand problème. À chacun de ses succès, comme l’an passé à Berbourg, le coureur de l’UC Dippach est parvenu à assommer ses rivaux.
Pour autant, le contexte peut également sourire à ses deux adversaires. Alex Kirsch a démontré des progrès édifiants sur le dernier Tour de Luxembourg où dans la dernière étape, il termina deuxième, sur les talons de Greg Van Avermaet, vainqueur final de l’épreuve. Épingler le championnat national constituerait donc pour lui une belle première victoire.
Gastauer veut durcir la course
« C’est très motivant , explique-t-il. Je suis sorti du Tour de Luxembourg avec de bonnes sensations, physiquement mais aussi mentalement. Le parcours me convient bien. Mais de toute façon, cela va rester tactique. Mais pas que tactique, non plus. J’imagine que ce sera une course fatiguante… »
Une course fatiguante avec au total un peu plus de 2 000 mètres de dénivelé positif, c’est à quoi aspire le troisième larron de ce match à trois, Ben Gastauer. Le Schifflangeois de l’équipe AG2R La Mondiale – qui attendra la probable annonce de sa sélection en soirée – sait que titre ou non, cela ne changera rien à la décision des patrons de la formation française même si on se souvient qu’il y a deux ans de cela, Vincent Lavenu se montrait fortement intéressé par cette possibilité.
Si jusqu’ici le maillot s’est toujours refusé à lui dans cette course si spéciale, Ben Gastauer sait qu’il lui faudra forcer son destin pour y parvenir. Ce n’est pas impossible et il sait également qu’il peut en être capable. « Pour que j’ai une chance, je pense qu’il est préférable pour moi que la course soit dure. Je n’aurais pas beaucoup de possibilités mais je ne vais hésiter à attaquer », résume-t-il ainsi. La suite reste à écrire.
Denis Bastien
