Avec la classique italienne, Strade Bianche, le peloton est vraiment de retour aux affaires. Pourvu que ça dure tout le reste de cette saison très resserrée…
Trente-cinq degrés à l’ombre. Une poussière épaisse et blanche qui promet de se soulever dans un nuage compact au passage du peloton et de retomber sur les pénitents de l’effort. Le cyclisme, amateur de clichés à sensation forte, en aura pour ses sous ce samedi du côté de Sienne.
Pour ce grand retour, même si le Tour de Burgos a joué aux éclaireurs ces derniers jours, les grands noms sont de sortie. Comme on ne sait pas si le calendrier de l’UCI, ultraconcentré et maintes fois relooké, résistera à l’épreuve d’un temps devenu très incertain avec cette pandémie avec laquelle, pudiquement, on évitera de spéculer, il faut profiter du moment présent. Éviter de se projeter. «Au jour le jour» convient le peloton unanimement, parfaitement conscient de la fragilité des choses. Trop content de retrouver vie.
La saison reprend donc et savourons ce fait d’autant plus précieux que les instances ont élaboré cette reprise en s’entourant d’infinies précautions, on ne voit pas ce qu’elles pouvaient faire de plus, rendons-leur cette grâce. Les Strade Bianche vont attirer comme des mouches tous les amoureux du cyclisme devant leur écran de télévision, l’absence du Tour en juillet ayant provoqué des fringales. La carte sur le menu est prometteuse. L’affiche, somptueuse. Alaphilippe, tenant du titre, Sagan, Benoot, Gilbert, Van Avermaet, Kwiatkowski, Moscon, Van Aert, Van der Poel, Bettiol, Kung, Lutsenko, Fuglsang, Nibali, Pogacar… C’est du lourd.
Bob Jungels à suivre de près
On y ajoute évidemment Bob Jungels. Le champion national brûle d’impatience de montrer ce qu’il est capable de faire, même si dans son esprit, comme sans doute dans celui de beaucoup d’autres de ses concurrents, il faudra éviter l’écueil de venir trop tôt en forme. Car dans ces trois mois et demi de courses intenses qui s’annoncent avec trois Grands Tours qui seront accrochés comme des wagonnets, les classiques flandriennes et ardennaises étant programmées dans un ordre inversé aux calendriers habituels, il faudra avoir de l’essence dans le moteur.
Pour revenir au moment présent, ces Strade Bianche qui annoncent Milan-San Remo (8 août) et le Tour de Lombardie (15 août) verront donc trois Luxembourgeois au départ. Christine Majerus (Boels Dolmans) chez les dames fera l’ouverture après un retour encourageant la semaine dernière en Espagne; la championne nationale connaît bien la course.
Christine Majerus en ouverture
«C’est une épreuve qui me plaît beaucoup, mais ce sera différent des autres éditions. Car il fera chaud et ce n’est pas vraiment ce que j’aime. Il faut que je m’acclimate. Je vais tout donner pour aller le plus loin possible. Anna (van der Breggen) a démontré qu’elle mérite d’être soutenue par toute l’équipe. Parce que c’est notre meilleure carte et parce que c’est juste une fille chouette. Il faut qu’on fasse le plan pour qu’elle puisse aller au bout de ses ambitions. De mon côté, je vais essayer de m’intégrer à ce plan-là.» La grande favorite sera la championne néerlandaise Annemiek Van Vleuten (Mitchelton Scott), insatiable en février et en fin de semaine dernière pour les courses de reprise espagnoles où elle a tout raflé! Comme quoi on reprend le peloton là où on l’a laissé en février-mars….
Au rayon des Luxembourgeois, on revient donc sur Bob Jungels, sans doute capable du meilleur en Toscane. Après un long stage en altitude, le champion national, en négociations avec plusieurs équipes pour son avenir, qui n’a pas quitté d’une semelle son pote Julian Alaphilippe, aura le désir de monter dans les tours. De montrer ce qu’il sait faire. De retrouver ses automatismes. Dans tous les cas, sa complicité avec le champion français sera un élément clé du dispositif Deceuninck-Quick Step.
Enfin, Kevin Geniets (Groupama-FDJ) va découvrir les Strade Bianche avec la fraîcheur qu’on lui connaît et il mettra toute son énergie à soutenir son leader, le Suisse Stefan Kung.
Un mot d’ordre, prenez bien soin de vous !
Denis Bastien