Le Norvégien qui croyait s’être imposé a relâché son effort dans les derniers mètres et le jeune grimpeur français l’a passé sur la ligne!
C’est une image pas si rare que ça. Plutôt fréquente même. Sauf peut-être lorsqu’il s’agit d’une arrivée au sommet. Car celui qui avait incontestablement le succès dans les jambes, le Norvégien Tobias Johannessen, a rendu une copie presque parfaite. Il avait produit son accélération au bon moment et il avait décroché à la pédale ses derniers rivaux, les Français Romain Bardet (DSM) et Lenny Martinez (Groupama-FDJ). Mais en ralentissant trop fortement dans les vingt derniers mètres sans s’assurer que ses adversaires ne se trouvaient dans les parages, il a laissé la place à cet incroyable sursaut du jeune grimpeur français de 20 ans, déjà lauréat l’an passé du Mont Ventoux Challenge.
Au fond, son succès n’est pas une imposture, c’est surtout la faute de Tobias Johannessen qui est saisissante sur le coup. «Je suis très content. C’est une victoire après un beau travail d’équipe. C’est à côté de la maison, c’est une belle course que j’avais ciblée. J’ai passé Romain, puis Tobias. Ils avaient lancé de loin… Aux 300 mètres, j’ai pensé que c’était fini, mais j’ai tout mis, je n’ai rien lâché et j’ai vu la ligne. Je me suis dit : « Je peux encore passer« . C’est le jeu, c’est la course. Je serai sur O Gran Camino la semaine prochaine avec David Gaudu. On essayera de faire le meilleur résultat possible au classement général», savourait Lenny Martinez au moment de commenter son succès édifiant pour son si jeune âge.
Le Varois d’adoption, petit-fils de Mariano Martinez, ancien meilleur grimpeur du Tour de France en 1978, fils de Miguel, ancien champion olympique de VTT et accessoirement deuxième de Paris-Nice 2003, paraît voué à un destin encore plus glorieux. «C’est une course que j’avais ciblée car ici, je suis à la maison», racontait-il encore.
C’est aussi le fruit d’un joli succès d’équipe. Car très tôt, Groupama-FDJ a pris les choses en main. Ce fut d’abord Kevin Geniets qui eut la mission de dégrossir le peloton de tête à partir de l’avant-dernière ascension (le col du Corps de Garde). Puis arrivé au pied du mont Faron où le grimpeur français Guillaume Martin (Cofidis) laissa filer sur incident mécanique.
Le coureur luxembourgeois, vainqueur fin janvier du Grand Prix de La Marseillaise, resta aux avant-postes jusqu’à environ 4 200 mètres de l’arrivée, laissant Romain Grégoire et surtout David Gaudu, auteur de plusieurs accélérations, le soin de laminer ce qui restait de la tête de course, finalement réduite à six unités.
Mats Wenzel touché au bassin
On y remarquait Lenny Martinez pour sa facilité et sa prudence, car il avait justement évité de trop en faire. Tobias Johannessen, pour son impression de puissance, et Romain Bardet, pour son évidente envie de mettre tout le monde d’accord alors que le Canadien Michael Woods avait montré des signes d’impatience.
Bref, avec ce final (7,2 km avec une pente moyenne de 6 %), seuls les meilleurs grimpeurs pouvaient résister.
Poing levé, Johannessen croyait être couronné au sommet du mont Faron, mais non, Lenny Martinez n’allait pas lui offrir ce plaisir.
Si Lenny Martinez ne sera pas au départ ce samedi du Tour des Alpes-Maritimes (anciennement Tour du Haut-Var, qu’un certain Ben Gastauer a remporté en 2015), l’équipe Groupama-FDJ s’avancera avec deux leaders, Romain Grégoire et Kevin Geniets qui sont en grande forme.
Par contre, Mats Wenzel n’y sera pas. Le grimpeur luxembourgeois de l’équipe Lidl-Trek Future a chuté lourdement en compagnie du Français Kévin Vauquelin (Arkéa-Samsic) au 90e kilomètre. Ce dernier a heurté un îlot central et Mats Wenzel serait tombé à son tour. Tous deux ont abandonné. Si Vauquelin, essentiellement victime de plaies superficielles, pourra participer au Tour des Alpes-Maritimes, cela ne sera pas le cas de Mats Wenzel, touché au bassin d’après les examens réalisés vendredi.
Samedi, la première étape relie Levens à Antibes sur 165,5 km. Dimanche, la deuxième étape se disputera entre
Villefranche-sur-Mer et Vence sur 131,8 kilomètres.