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[Cyclisme] Christine Majerus : «Ma discipline de cœur»


Christine Majerus se classera septième des Mondiaux-2017, à domicile. Un moment fort.

Christine Majerus, qui finit sa carrière cette semaine au Simac Ladies Tour, a fait une place particulière au cyclo-cross, que cette ancienne athlète pratiquait avec assiduité l’hiver venu.

Fatalement, au moment où Christine Majerus tire sa révérence sur les routes asphaltées des Pays-Bas, il nous est presque impossible de dissocier sa carrière en cyclo-cross de celle sur route. Tant si longtemps l’une semblait liée à l’autre. «Et je peux remercier mon équipe qui m’a toujours laissé cette liberté», apprécie-t-elle aujourd’hui.

D’ailleurs, la Luxembourgeoise va prolonger jusqu’au bout cette ambiguïté, qui n’en est d’ailleurs pas une, puisqu’ils sont plusieurs et non des moindres à passer aujourd’hui d’une discipline à l’autre, et ce, dans toutes les catégories du cyclisme (pas seulement les Van der Poel, Van Aert, Pidcock, Kopecky et Backstedt…).

C’est en effet le 16 novembre à l’issue du cyclo-cross de l’armée à Diekirch que cette avant-gardiste raccrochera symboliquement. «Symboliquement, c’est important pour l’armée que je sois là en tant que coureuse et pas seulement en tant que constructrice de circuit. Je ne sais pas le temps qu’il fera. J’espère qu’il ne fera pas aussi moche que l’an passé, mais j’ai hâte d’y être, de faire ce cross une dernière fois.»

Elle fut douze fois titrée championne nationale. «J’ai toujours aimé le cross, je me prenais la tête d’une façon ou d’une autre, mais c’est relatif, quand je voyais toute l’organisation qu’il y avait derrière un cross. Comme l’équipe ne m’aidait pas, j’organisais mes déplacements, la location du camper. J’avais Jean-Claude (Anen) avec moi comme mécanicien. Jusqu’au championnat du monde à Belvaux, Marco Lux était là. C’était ma petite routine qui me plaisait avec les gens que j’aimais bien, les amis et la famille. On ne rentrait pas du tout dans le schéma des équipes belges où tout était hyper-sérieux. Je ne me suis jamais vu faire partie du cirque belge. C’est seulement quand tu fais partie de ce truc-là, dans les coureurs C1 (catégorie 1), les manches du Superprestige, que tu as des contrats partout. Je n’ai jamais eu ça. Je voyais ça comme un moyen d’occuper mon hiver et de me faire plaisir», nous rappelait-elle en fin de semaine dernière avant de prendre part à ses premiers Mondiaux de gravel (12e).

«Un vélo de gravel n’est rien d’autre qu’un vélo de cross, mais cela se vend mieux si on l’appelle gravel», souriait-elle d’ailleurs avec cette pointe d’ironie, volontiers caustique, qui caractérise également sa personnalité.

On a passé de super moments dans des campers, des hôtels pourris. On avait froid, on avait chaud. On était frustré, on était content

À y regarder de près, le parcours de Christine Majerus en cyclo-cross est éloquent, puisqu’elle y a signé cinq top 10 aux championnats du monde. «Cela a très bien marché pendant un moment. Cela aurait pu mieux marcher si j’avais eu juste à faire du vélo. Je ne regrette pas, on a passé de super moments dans des campers, des hôtels pourris. On avait froid, on avait chaud. On était frustré, on était content. Pour moi, c’était mieux que de partir en stage tout l’hiver. Moi, cela m’aurait détruite physiquement et mentalement. C’étaient de bons moments que j’ai poussés aussi loin que je le pouvais», relativise-t-elle.

Au moment de tourner la page, on s’attardera volontiers sur deux moments qui resteront forcément importants dans sa carrière. Les Mondiaux luxembourgeois ponctués en 2017 par une septième place sur le circuit de Belval et, l’année suivante, cette quatrième place dans le bourbier de Valkenburg, où elle prit la tête avant de rétrograder et laisser passer la Belge Sanne Cant et l’Américaine Katherine Compton.

Le dernier des quatre tours, elle le passera à batailler avec la Néerlandaise Lucinda Brand, qui lui chipa finalement la médaille de bronze. «Dans le dernier tour, j’ai compris qu’elle était plus forte que moi, dira-t-elle alors au sujet de celle qui deviendra championne du monde en 2021. Elle n’était pas beaucoup mieux, mais un peu mieux (….) Quatrième, ce n’est pas si mal, il ne faut pas se mentir. Si on m’avait dit que j’allais courir un Mondial pour une médaille, j’aurais signé tout de suite. Je suis contente de ma course, mais un peu déçue quand même. J’y croyais! J’y croyais à fond.»

Elle l’avait malheureusement pressenti. L’occasion ne s’est pas représentée. En 2021, elle terminera dixième à Ostende pour ce qui restera ses derniers Mondiaux de cross. «Ces trois dernières années, reprend-elle, après la pandémie, j’avais voulu reprendre, car cela m’avait manqué. Mais j’ai eu trop de problèmes avec mes blessures. Du coup, j’ai perdu mes rankings. Ces trois derniers hivers, j’ai eu la mononucléose, le covid… Le cross, il fallait que ça reste du plaisir, et avec tous les contretemps que j’ai eus, cela n’était plus possible. L’an passé, j’ai fait quelques cross au Luxembourg et je me suis fait à nouveau plaisir. Je ne faisais pas cela pour être performante ou pour frimer. Je voulais juste être là avec les gens que j’aime. Pour pratiquer ma discipline de cœur. J’aurais voulu faire plus, mais mon corps a dit stop. Il faut savoir écouter ça. J’ai fait mon temps dans cette discipline, alors que, sur la route, je pense que je pourrais continuer encore deux ou trois ans. Ce n’est pas physiologiquement, mais structurellement que je ne pourrai plus continuer. J’ai eu trop de pépins…»

À Valkenburg, lors des Mondiaux-2018, Christine Majerus, ici à côté de la Belge Sanne Cant qui sera titrée, n’est pas passée loin d’une médaille. Photo : atp

Wiebes conclut

La deuxième étape du Simac Ladies Tour s’est terminée mercredi par un sprint massif remporté par la Néerlandaise Lorena Wiebes (SD Worx Protime). On vit longuement sa coéquipière Christine Majerus mener la chasse derrière la Néerlandaise Ilke Pluimers (AG Insurance – Soudal). Puis, avec toute son équipe, la Luxembourgeoise a placé au mieux Lotte Kopecky, qui a lancé à son tour Lorena Wiebes. Zoé Backstedt (Canyon) reste leader, mais leader fragile, car aujourd’hui, pour la 3e étape (Zeewolde-Zeewolde/148,4 km), elle n’aura plus d’équipières autour d’elle, toutes ayant abandonné hier…

2e étape : 1. Wiebes (NED/SD Worx) les 154,8 km en 3 h 44’34 »; 2. Balsamo (ITA/Lidl-Trek); 3. Kool (NED/DSM)… 51. Majerus (LUX/SD Worx) tmt

Classement général : 1. Backstedt (GBR/Canyon) 3 h 57’14 »; 2. Nooijen (NED/Visma) 7″; 3. Van Dijk (NED/Loidl-Trek) 8″; 4. Kopecky (BEL/SD Worx) 11″… 41. Majerus (LUX/SD Worx) 1’04 »