Christine Majerus a déjà débuté sa saison de cyclo-cross à la mi-septembre, avant de retourner à la route. Elle décidera ce week-end si elle participe ou non aux Mondiaux du Qatar, puis elle ne pensera plus qu’au championnat du monde de Belvaux.
La multiple championne nationale Christine Majerus a présenté jeudi, dans les locaux de Skoda, l’ossature de son programme hivernal devant la mener au championnat du monde de Belvaux.
Toute une équipe autour de la multiple championne nationale. Dans son cheminement vers les championnats du monde de cyclo-cross qui se dérouleront fin janvier à Belvaux, Christine Majerus, qui pourrait bien défendre prochainement ses chances sur route au Qatar, s’est entourée d’un staff. Elle donnait un point presse hier dans les locaux de Skoda, un de ses partenaires.
Vous expliquez que vous avez deux options pour la saison de cyclo-cross que vous avez déjà commencée à la mi-septembre avant de reprendre votre activité sur route. Soit vous participez aux Mondiaux sur route au Qatar, soit vous reprenez le cross dans une semaine. C’est bien cela ?
Christine Majerus : Oui. Je suis moi-même un peu dans l’embarras. Je vais partir en stage avec mon équipe Boels Dolmans aux Pays-Bas, on va faire des tests de sélection et on décidera ce week-end. Mon directeur sportif et les techniciens de Specialized décideront si je suis la sixième sélectionnée pour le chrono par équipes, car je me bats pour ça. Si j’obtiens mon billet pour les Mondiaux de chrono par équipes, alors je resterai et je m’alignerai sur l’épreuve de course en ligne avec le Luxembourg. Cela me paraît logique. Maintenant, est-ce que cela vaut le coup d’y aller pour la course en ligne si je ne fais pas le chrono par équipes? C’est sûr que j’aurai la chance de faire un résultat dans un championnat qui s’annonce ouvert, mais la priorité, pour moi, c’est aussi de faire toute une saison de cross. J’ai déjà fait pas mal de sacrifices pour le chrono par équipes. Je vais sacrifier ce prochain week-end, comme j’ai sacrifié le week-end dernier où je me suis alignée sur le Tour d’Émilie (9e) et sur le Grand Prix Beghelli (12e), justement en vue du chrono par équipes. À un moment donné, je dois trancher.
Et vous avez sans doute un coup à jouer dans la course en ligne des championnats du monde…
Sans doute, j’ai couru sur ce circuit en février, il s’agit d’un tracé en ville. On parle de bordures, mais je vois davantage ça comme un critérium disputé sous une forte chaleur. Mais est-ce que tout cela vaut le coup de se priver de la possibilité de disputer trois cross? Je me pose la question. Si on veut se donner la chance pour le cross, autant faire les choses à fond et non à moitié.
Une saison de cyclo-cross, c’est assez long. Souvent, on remarque que ceux et celles qui dominent les épreuves du calendrier ne sont pas forcément ceux et celles qui brillent le jour du championnat du monde…
C’est vrai que c’était le cas de Sanne Cant l’an passé. C’est un risque, mais je pense que je connais assez bien mon corps pour savoir quand je peux lui donner une pause. Après, tout dépendra si je fais un programme complet ou non. Il y a des semaines où je récupérerai. Mais les courses restent le meilleur entraînement. Et les points distribués sont précieux pour disposer d’une bonne place dans les grilles de départ. C’est souvent ça qui m’a été défavorable par le passé. Il fallait que je me batte à fond la caisse au départ. Je suis toujours arrivée à remonter, mais, quelquefois, j’ai eu du mal à digérer l’effort du départ. L’objectif, c’est d’être en deuxième ligne pour ne pas avoir d’efforts à faire. Et si on ne court pas, on ne peut pas avoir de points.
Quelle serait votre saison idéale pour vous permettre de réaliser le meilleur résultat possible aux Mondiaux?
Je sais que je suis actuellement en forme, car je viens de faire un beau week-end en Italie. Je me suis surprise un peu moi-même et cela m’a rassurée, car, après les JO de Rio, j’ai eu du mal à me remettre dedans. Donc ce serait bien pour moi de faire une bonne entame de la saison de cross. Ce ne sera peut-être pas des victoires, je suis réaliste. Il me manque le petit truc pour jouer la gagne, mais des podiums sur des épreuves internationales de catégorie 2 ou de catégorie 1, je pense que c’est accessible. L’an passé, je voulais faire des top 10 et des top 15 en Coupe du monde. Le but c’est de s’améliorer. Cette année, pourquoi ne pas essayer de réaliser des top 5? J’aimerais me rendre indispensable dans le top 10.
La hiérarchie mondiale a-t-elle évolué chez les dames depuis la saison dernière?
Il y aura des filles qui vont arriver et j’ai moi-même des collègues de mon équipe Boels Dolmans qui veulent se tester. Elles ont, je pense, les moyens de bien faire. Après, il faut voir. Le niveau s’améliore tous les ans chez les dames. Il y a toujours plus de courses et de compétitrices. Je pense que moi aussi, je m’améliore.
L’an passé, vous expliquiez que vous teniez à faire une saison complète, notamment pour l’aspect technique de la discipline. C’est toujours votre préoccupation?
Récemment, à Baden (où elle a commencé sa saison de cyclo-cross), le terrain a changé de nature avec les conditions météorologiques, c’est passé de sec à boueux et je me suis bien adaptée au début. Mais après trente minutes, j’ai flanché physiquement et techniquement. Techniquement, il n’y a pas de raison que ça se passe mal. Il faut continuer à bien gérer techniquement lorsqu’on se met dans le rouge. En plus, je vais passer plus de temps qu’avant sur mon vélo de cross. Techniquement, on peut perdre une course, mais on ne peut pas la gagner.
Les Mondiaux ayant lieu au Luxembourg, sentez-vous une pression particulière?
Il y a toujours la pression que les autres vous mettent et la pression qu’on se met soi-même. Pour les Jeux, j’avais la pression et je pense que j’ai réussi de bons Jeux. Je sais être réaliste et je saurai rapidement où j’en suis. Si vous me posez la question fin décembre, ma réponse sera peut-être tout autre. Je pense être capable de terminer cinqième ou sixième, comme onzième ou douzième. Mon objectif, ce sera de n’avoir aucun regret, de m’être donné les moyens, comme avec ce dispositif dont je vais bénéficier (NDLR : la structure qui a été présentée hier dans les locaux de Skoda à Bereldange). J’ai vraiment envie d’y aller et de faire un résultat dans cette grande course. Après, le reste, ce n’est pas si important. La pression, je l’ai toute la saison sur route, que ce soit pour moi ou pour l’équipe. Surtout quand une équipe de championnes du monde roule pour vous, ne serait-ce que cinq courses par an (elle rit).
Vous semblez bien gérer, non?
Oui, avec l’ensemble de mes coéquipières de Boels Dolmans, on se débrouille bien avec ça. Ça marche bien, car on est une équipe. En cross, je n’ai pas de coéquipière, mais l’équipe, je l’ai autour de moi au niveau de la structure que l’on vient de vous présenter ici.
Expliquez-nous justement comment vous serez organisés?
J’ai mes vélos de l’équipe Boels Dolmans (Specialized), donc je serai super bien équipée. Ensuite, j’aurai un camper, ce qui est essentiel pour ne pas prendre froid. Il faut des gens qui nettoient les vélos. Des mécanos. C’est capital. En tant que compétiteur, on doit juste venir, s’échauffer et courir. Ça demande une sacrée équipe.
Une équipe de combien de personnes?
On aura un ou deux mécanos, deux soigneurs, et après ce sera la famille. Mais j’aurai toujours ma famille autour de moi. En permanence, je pense qu’on sera trois au minimum. Il faut bien se connaître, c’est plus facile. Notamment dans les situations de stress. Je reconnais que je suis peut-être un peu difficile à gérer (elle rit). Avec toujours les mêmes personnes avec soi, ça facilite les choses.
Entretien réalisé par Denis Bastien