Chantal Hoffmann a mis un terme voici trois semaines à sa carrière professionnelle. Samedi, l’Indoor Cycling de Mersch sera sa dernière sortie officielle.
Chantal Hoffmann revient tout juste d’Australie après trois semaines de vacances bien méritées. La jeune Luxembourgeoise de 32 ans qui sera restée professionnelle dans l’équipe Lotto Soudal de 2014 à 2019 a participé à sa dernière course en Chine, sur le Tour de Guangxi. C’était le 22 octobre dernier. «Je ne me rends pas encore compte que j’ai terminé ma carrière. Je reviens juste de vacances où on s’est bien amusés. Mais ce mercredi, c’est sûr, je vais ressentir le besoin de partir rouler. Je suis hyper active. Et même si je compte augmenter mon temps de travail en ce qui concerne mon activité de kinésithérapeute, je vais continuer le vélo. D’ailleurs, ça me manque déjà. Avec Glen (NDLR : Glen Leven, son compagnon qui est mécanicien chez Trek-Segafredo), on va monter deux vélos, un de route et un VTT. Le cyclisme restera mon sport, j’adore trop ça. Dans la vie de tous les jours, ça me calme, si je ne me dépense pas, je ne suis pas forcément très agréable!», sourit-elle. Voici peu dans nos colonnes (lire notre édition du 15 octobre), Christine Majerus insistait sur le rôle important qu’avait tenu Chantal Hoffmann à ses côtés au sein de la sélection nationale. «Dans ce qu’elle faisait, Chantal était la meilleure. C’est un exemple pour tout le monde», la complimentait-elle. Avant sa dernière sortie officielle, l’Indoor Cycling de Mersch (organisé par son club historique de l’UC Dippach) où elle partage l’affiche aux côtés de Bob Jungels, Alex Kirsch et Tom Wirtgen, nous lui avons demandé de revenir en plusieurs thèmes sur sa carrière.
SA PLUS BELLE COURSE : «J’ADORAIS LE GIRO»
«Je garde un super souvenir du Giro que j’ai disputé à deux reprises (2014 et 2015). J’ai remarqué que dans cette course qui est plutôt dure et que, d’ailleurs, Christine (Majerus) n’aime pas, je finissais très bien car je récupérais bien dans les courses par étapes longues. Pourtant, je n’aimais pas vraiment la montagne. Mais l’atmosphère de la course est très belle. Comme les villes italiennes.»
SA COURSE REDOUTÉE : «J’EN AI BAVÉ AU TOUR DES FLANDRES»
«C’est clair et net, je n’aimais pas disputer le Tour des Flandres. C’est une course chaotique où le risque de chute est important. Dans le cyclisme féminin, c’est sans doute la course d’un jour la plus prisée. Lorsque tu te retrouves au départ en tant qu’équipière, tu sais que tu vas passer une sale journée. Bon j’ajouterais également mes participations sur les classiques ardennaises. Souvent j’étais appelée en dernière minute pour remplacer et comme je n’aimais pas grimper…»
SA PLUS BELLE VICTOIRE : «UNE COURSE PAR ÉQUIPES GÉNIALE»
«Je me souviendrai toujours du succès de ma coéquipière belge Elise Delzenne dans le Trophée d’or 2016. Elle était triste car elle n’avait pas été sélectionnée pour les JO. Nous avions réalisé une course par équipes géniale et elle s’était imposée. Cela reste comme une victoire personnelle.»
SA PLUS GROSSE DÉCEPTION : «PAS UN BON SOUVENIR DE RIO»
«Je ne parle que de sport, mais mon plus mauvais souvenir personnel restera les JO-2016 à Rio. Ce n’était vraiment pas mon jour. On m’avait avertie tardivement de ma sélection. Et le jour J, je n’étais pas bien, un jour à oublier…»
SA PLUS GRANDE JOIE : «JE NE PEUX PAS L’OUBLIER…»
«Il s’agissait d’une kermesse que j’ai remportée en 2013 en Belgique, à Haltert. Bien sûr, une kermesse belge reste une course à part. Mais j’avais apprécié. Je m’étais décidée tardivement à y aller car il faisait mauvais au Luxembourg. J’y suis allée avec mon père, et mon oncle se trouvait ce jour-là sur la course. C’est finalement une journée que je ne peux oublier.»
SON PLUS BEAU SOUVENIR : «LES SUCCÈS D’EMMA POOLEY»
«C’est encore sur le Giro. En 2014. Nous avions Emma Pooley comme leadeuse et on avait constitué autour d’elle une formation. Malheureusement, elle a chuté dans la deuxième étape. Elle était couverte de sang. À la fin, elle a remporté trois étapes. On a passé dix jours inoubliables. On se chargeait de l’emmener au pied de la dernière bosse et elle finissait le boulot toute seule…»
SON PLUS MAUVAIS SOUVENIR : «HALLOWEEN AVANT L’HEURE»
«Le jour même de mes 18 ans, le 30 octobre 2015, je me suis fait renverser par une voiture à l’entraînement et j’avais le visage complètement tuméfié. J’avais invité des amis à la maison pour fêter mon anniversaire et on pouvait croire que je m’étais déguisée pour Halloween. Je n’avais rien de cassé, mais j’avais très mal. Les accidents, c’est une grande peur des cyclistes. Ma mère est d’ailleurs contente que j’arrête la compétition.»
SA PLUS GRANDE RIGOLADE : «AH, CE CHRONO DU TOUR D’IRLANDE…»
«J’ai eu pas mal de bons moments avec de grands éclats de rire mais je vais retenir le Tour d’Irlande 2013 que j’avais disputé, juste avant de passer pro, avec la sélection nationale. Il y avait un chrono par équipes et ne sachant pas clairement comment on devait s’organiser pour savoir qui passerait les premiers relais avec un ordre de passage, avec Christine Majerus, on avait décidé de découper des bouts de papier avec nos noms et de tirer au sort. Cela avait suscité un énorme éclat de rire qui avait duré longtemps.»
SA PLUS GROSSE COLÈRE : «DANS LES COLS, J’AI RÂLÉ…»
«Aucune grosse colère, aucune dispute ne me vient à l’esprit, hormis celle que je me donne à moi-même, sur le vélo, lorsque ça ne va pas comme je le veux. Alors, oui, je me suis souvent disputée moi-même, surtout en montagne.»
SON PLUS GRAND VOYAGE : «C’EST ENCORE… RIO!»
«Bon, sportivement ça n’avait pas marché mais Rio pour les JO-2016, c’était quand même un beau voyage…»
Recueilli par Denis Bastien