Bob Jungels savourait avec retenue son nouveau sacre de champion du Luxembourg. Pour ses adversaires, son succès est indiscutable.
Quand est-ce que cette victoire s’est dessinée ?
Bob Jungels : Lorsque j’ai attaqué, j’ai vu qu’en peu de kilomètres, j’avais ouvert le trou. Mais c’était très dur. J’avais essayé de tester mes adversaires avant, mais on l’a vu avec Jempy (Drucker) et Alex (Kirsch), avec le vent, ce n’était pas simple. C’était dur, un parcours pas facile, avec beaucoup de relances et de petites bosses. À la fin du compte, c’était plus dur que prévu.
Les coureurs prétendaient que c’était trop court, mais ce n’était visiblement pas le cas…
C’est vrai, dans le Giro, on a eu également des étapes très courtes et très dures. Non, en fin de compte, avec deux tours de plus, il y aurait eu moins d’action. Ici, c’était une belle course, je pense. Des courses de 180 kilomètres sont inutiles avec des amateurs. Et même pour nous, c’est bien comme ça, on a pu faire une belle course.
Racontez-nous votre attaque…
C’était, je le pense, au bon moment. J’ai fait le bon choix. J’ai contre-attaqué Ben (Gastauer), donc je suis très content.
Beaucoup de coureurs rapportaient que vous étiez en définitive le plus costaud de ce championnat. Franchement, vous confirmez ?
(Légèrement embarrassé) Franchement, déjà vendredi, pour le contre-la-montre, j’étais un peu surpris de ma forme. Avec le temps qu’il a fait, ce n’était pas facile de faire de longs entraînements. À la fin du compte, je pense que c’était bien. Bien sûr, après un grand Tour, c’est toujours une autre chose, on acquiert de la résistance. Ma reprise a donc été plus facile ici dans les championnats (il enchaînera avec le Tour de Pologne du 12 au 18 juillet).
Avez-vous douté à un moment donné ?
C’était différent de l’an passé où nous étions échappés dès le kilomètre 2. Là, cela s’est joué plus tard. Et je n’étais pas sûr de ma condition après une pause, alors que mes adversaires avaient des courses dans les jambes (Jempy Drucker et Alex Kirsch) et que les autres vont aller sur le Tour (Frank Schleck et Ben Gastauer). Mais les petites bosses me convenaient bien. J’ai été assez explosif pour contrer une belle attaque. J’ai trouvé le bon moment.
Avez-vous cru que l’échappée de Jempy Drucker et Alex Kirsch irait au bout ?
Oui, je le pensais. Jempy a été lâché. C’était dur aussi pour Alex. Finalement, il y a eu beaucoup d’action du début à la fin. Je suis donc très heureux de l’emporter.
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(Il sourit) J’ai commencé très tôt. Mais pour moi, aucun problème, on peut continuer comme ça !
Recueilli par Denis Bastien
Réactions
Alex Kirsch (2e) : «En début de course, je n’étais pas bien et à la fin du compte j’ai trouvé que c’était un championnat très dur, malgré les 136 kilomètres de course. Bob (Jungels) était clairement le plus fort, donc il mérite le titre. J’ai essayé de partir avec Jempy (Drucker) mais Jumpy n’était pas au mieux. Tout seul, je ne pouvais résister longtemps avec seulement 40 secondes d’avance. Mais il faut essayer quand même. Je m’en, tire bien alors que ma semaine a été difficile. Il y a eu mon accident avec le bus lundi et samedi, j’ai trébuché chez moi. Du coup, j’ai une forte douleur au niveau d’un orteil. En pédalant, ça allait, mais j’irai sans doute passer des radios de contrôle.»
Frank Schleck (3e) : «C’était plus dur qu’on le pensait. À la fin, il y a eu quelques attaques, tout le monde était isolé. Bob a réussi à sortir en costaud et s’est imposé. Il a osé et mérité son succès. C’était à la fois le plus malin et le plus fort à la fin. Si on n’est pas sa roue de suite, c’est dur de boucher le trou sur lui. Est-ce qu’on s’est organisé? Non, ce n’était pas la peine, il manquait une dizaine de kilomètres pour le faire. On a vu que le trou n’a pas grandi, mais il a su gérer jusqu’à la fin. Sur ce championnat, Kevin Geniets (le lauréat des espoirs) m’a beaucoup impressionné. C’est le futur talent luxembourgeois. Personnellement, je vais désormais me concentrer sur le Tour de France où le leader pour le classement général sera Bauke Mollema. Je vais personnellement me concentrer sur les étapes.»
Ben Gastauer (4e) : «Comme je l’avais prévu, c’est devenu un championnat très tactique. J’ai attaqué lorsque nous sommes rentrés sur Alex (Kirsch). C’est là que Bob m’a contré et est parti filer vers le succès. Bob, c’était clairement le plus fort. Il avait été impressionnant par ses relais. Tout le monde faisait attention à lui, mais il a réussi à nous filer entre les doigts.»
Tom Thill (6e) : «À cinq kilomètres de l’arrivée ma chaîne a lâché, j’ai dû changer de vélo, ça a été assez vite, mais vu que c’était dans le final et que les gars devant loi étaient lancés je ne suis pas parvenu à revenir. Je pars ce lundi pour le Tour de Hongrie ou j’aimerais défendre ma victoire finale de l’année dernière. Ça sera compliqué mais je ferai mon possible, car je suis déterminé à l’emporter. Après je m’envolerai pour l’Italie. Franchement, les deux prochaines semaines seront remplies, et je me sens en forme, pour les onze jours de course qui m’attendent dans ces 15 prochains jours.»
Jempy Drucker (7e) : «Le championnat, ça ne me réussit pas (rires). J’ai déjà connu un bris de chaîne (3e tour), mais les coureurs du peloton de tête ont été sympas. Ils m’ont laissé revenir. Merci à eux! Je savais que la course reposerait sur moi, c’était logique. Je ne me sentais pas très bien non plus. Puis je me suis retrouvé échappé avec Alex (Kirsch). On avait une petite avance. Mais je n’ai pas compris pourquoi Alex m’a attaqué dans la bosse. Car lui tout seul devant, c’était impossible qu’il résiste. Il ne m’a pas semblé courir intelligemment. Bon, une fois repris par le peloton, j’ai mis un point d’honneur à fermer le trou. Bob (Jungels) vainqueur, c’est le plus fort qui s’est imposé. Désormais, je suis en pause durant tout le mois de juillet.»
Recueillis par Alexandre Adam et Denis Bastien