S’il ne sera pas leader chez Quick-Step Floors, ce rôle revenant à Philippe Gilbert, le champion national pourrait profiter de son statut d’outsider pour venir troubler les cartes.
C’est sans conteste la classique qui convient le mieux à ses qualités. Au sein d’une équipe Quick-Step Floors acquise à la cause de son leader, Philippe Gilbert, déjà lauréat voici près de deux semaines du Tour des Flandres. Bob Jungels, qui sera le seul Luxembourgeois au départ, en sera déjà à sa troisième participation. Petit retour en arrière.
Depuis la dernière étape de Tirreno-Adriatico, soit le 14 mars dernier, Bob Jungels (24 ans) sera donc resté sans courir. Le stage d’altitude en Sierra Nevada de trois semaines étant le fil rouge de sa préparation au Giro, l’objectif central de sa saison, pourra compenser, car l’intéressé y a travaillé le fond comme l’intensité. Le profil de l’Amstel Gold Race lui convient parfaitement. La preuve, il y a participé à trois reprises et par trois fois il s’y est plutôt bien comporté.
2014 : 38e
Première expérience
Pour sa première classique ardennaise, en 2014, Bob Jungels avançait un peu dans l’inconnu. «J’ai suivi cette course à la télé par le passé, mais c’est important pour moi de voir concrètement comment cela se déroule sur le terrain. Cela me servira de reconnaissance pour l’avenir. C’est le meilleur apprentissage possible», disait-il avant la course alors remportée par un certain Philippe Gilbert (il s’agissait du troisième sacre du Liégeois dans l’Amstel après 2010 et 2011).
Dans la course, Bob Jungels a travaillé pour le leader de l’équipe Frank Schleck (24e). «Sur le final, j’étais à bloc. Il faut avoir des jambes exceptionnelles pour émerger, mais je suis content de cette première expérience. J’avais l’impression d’être à bloc tout le temps», raconta-t-il alors, visiblement content de son petit effet.
2015 : 23e
Force, franc-parler
Le champion du monde polonais de l’équipe Etixx-Quick Step s’impose au sprint devant 17 coureurs, Bob Jungels, premier coureur de son équipe, finissant juste derrière à une poignée de secondes. Le jeune luxembourgeois avait au préalable affiché ses ambitions (tenter de partir dans un coup et travailler pour les leaders désignés, Felline, Mollema et Frank Schleck), mais la course ne lui avait pas permis de tenter de réaliser cette attaque. C’est surtout l’absence de tactique manifeste de l’équipe Trek qui irritera Bob Jungels à l’arrivée, où on l’avait senti frustré par la tournure des évènements. «C’est clairement une déception pour nous, on n’a pas fait beaucoup de choses, ni pendant la course ni sur le final : on a raté tous les coups. On pouvait et on devait faire mieux», confessait-il alors.
2016 : 43e
À l’attaque
Pour sa première Amstel Gold Race sous les couleurs d’Etixx-Quick Step, Bob Jungels était comme cette année de retour de son stage d’altitude en préparation du Giro. «Est-ce que je serai opérationnel pour ma course de reprise dans l’Amstel? C’est la grande question. Je pense que je ne devrais pas être trop mal», glissait-il avant le départ.
Il espérait enfin pouvoir attaquer pour tenter d’anticiper un sprint. Le champion national a parfaitement tenu parole. Dans l’avant-dernier passage du Cauberg (soit à 21 kilomètres de l’arrivée), il démarre et entraîne l’Italien Battaglin dans son sillage. Une attaque avortée, l’équipe Orica de Michael Matthews se chargeant de la poursuite. «Mes jambes étaient très bonnes et j’ espérais qu’une échappée pourrait partir avant. Cela ne s’est pas fait. D’où mon attaque dans le Cauberg, mais on n’a pas fait d’écart. Peut-être qu’avec deux coureurs de plus, cela aurait marché. Ensuite, j’ai essayé de placer au mieux Julian Alaphilippe et Petr Vakoc. Finalement, Julian termine 6e, un assez bon résultat…»
Denis Bastien