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[Cyclisme] Bob Jungels : c’est le métier qui rentre


Bob Jungels s'est lancé dans une attaque non payante, mais il a pris ses repères. Ça pourra toujours servir... (Photo Jeff Lahr)

[Après l’Amstel Gold Race] Bob Jungels n’a pas été récompensé de ses efforts dimanche, mais forcément, le champion national retiendra de précieux enseignements.

C’est une évidence. Patrick Lefevere, le manager de l’équipe Etixx-Quick Step, s’était mis à rêver après le succès de Petr Vakoc sur la Flèche Brabançonne et le retour en forme annoncé de Julian Alaphilippe. Dimanche, ses coureurs ne sont pas complètement passés à côté, non. Ils ont eu le mérite de tenter des choses. Ils ont même essayé de forcer leur destin. À l’image de Bob Jungels. Il avait prévu, avant la course, de monter sur ses grands chevaux dès l’amorce du final.

Il trépignait d’impatience et c’est peut-être bien cet état d’esprit conquérant qui l’aura paradoxalement et prématurément mis hors jeu pour le final. «J’espérais sortir dans le Kruisberg, à une quarantaine de kilomètres de l’arrivée. J’étais bien placé. Mais le vent soufflait de face et cela ne s’est pas fait», expliquait Bob Jungels à l’arrivée.

On a revu la course. À ce stade, on remarque deux hommes très, très impatients. Bob Jungels et Jan Bakelants. On les retrouve d’ailleurs en tête de peloton dans le Keutenberg. Ils accélèrent terriblement sans attaquer franchement. Ils semblent peser le pour et le contre. Leur accélération a eu l’effet de scinder le peloton en plusieurs parties, d’éliminer les plus faibles. Mais ils n’ont pas réussi à partir dans une échappée.

Des efforts payés cash

C’était la mission que s’était donnée Bob Jungels. Pas Jan Bakelants. «On est frustrés car Jan avait sans doute de très bonnes jambes, mais il s’est découvert beaucoup trop tôt malgré toutes les indications que je lui ai données dans le Keutenberg. Il a fait là un effort qu’il ne devait pas faire à 30 kilomètres de l’arrivée. Ce n’était pas à lui, un candidat au podium, de faire ça. Ces efforts-là se payent cash dans la montée finale, c’est clair. On a vu qu’il était fort, mais il a dû laisser filer et Gasparotto et Valgren, alors qu’il avait les jambes. C’est dommage pour lui et pour toute l’équipe, car du coup, l’opération est blanche», cinglait ainsi Julien Jurdie, le directeur sportif de l’équipe AG2R-La Mondiale.

Chez Etixx, Bob Jungels n’avait fait que son boulot, conformément à ce qu’il avait prévu. Conformément à ce qui était prévu. Il attaquera donc sèchement dans l’avant-dernière ascension du Cauberg après une mise sur orbite de deux de ses coéquipiers. Il restera échappé environ cinq kilomètres, mais sans jamais parvenir à prendre suffisamment de champ. Une fois revu, il reprit son rôle auprès de Petr Vakoc. Là encore c’était ce qui était prévu en pareil cas.

Mais le champion de République tchèque n’avait manifestement plus les jambes pour tenter de suivre les meilleurs dans le Cauberg. Et oui, l’Amstel Gold Race, ce n’est pas la Flèche Brabançonne… Finalement, le meilleur des coureurs Etixx sera Julian Alaphilippe. Sous les yeux de Patrick Lefevere, le jeune coureur français (il a 23 ans, comme Bob Jungels et Petr Vakoc), sixième, ne sautait pas de joie. «C’est une déception car notre ambition était de remporter l’Amstel, même si d’un point de vue personnel, je suis rassuré en vue de la Flèche et de Liège-Bastogne-Liège», glissait-il.

Et Bob Jungels dans l’affaire ? Il l’a dit, pour une course de reprise, ce fut une bonne reprise. Il ne pouvait sans doute pas espérer beaucoup mieux, même s’il a beaucoup payé de sa personne. Pour lui qui prépare des échéances ultérieures (Giro), c’est simplement le métier qui rentre.

Denis Bastien