Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
BINCHE-CHIMAY-BINCHE On n’a pas cessé de voir Jempy Drucker sur le final. À l’attaque puis au service de Van Avermaet, le Luxembourgeois a fait forte impression. Repris par le peloton, il a trouvé assez de forces pour se placer au service de Greg van Avermaet, finalement quatrième.
En l’espace d’une vingtaine de kilomètres seulement, Jempy Drucker a montré beaucoup de choses sur ce Mémorial Frank-Vandenbroucke, puisqu’il a été omniprésent sur le final. En ce moment, il fait de chacune de ses sorties en course des tests. Celui d’hier est plutôt réussi. L’intéressé est en forme. En très grande forme, alors qu’il se trouve dans la préparation des Mondiaux de Doha (16 octobre).
On l’a d’abord repéré, impatient, en compagnie de l’Estonien de Cofidis Gert Joeaar. Il restait plus de 25 kilomètres à couvrir. Trop tôt. Mais c’était assez clair : le Luxembourgeois de l’équipe BMC avait des fourmis dans les jambes. Il flairait le bon coup.
Une fois la jonction définitivement entérinée avec les deux hommes de têtes (Le Danois Lars Bak de la formation Lotto Soudal et le Norvégien d’IAM, Staje Laengen Vegard), c’est Jempy Drucker qui prit donc l’initiative d’une franche attaque. Le Colombien Fernando Gaviria suivait le mouvement. Voir deux sprinteurs attaquer de concert à quinze kilomètres de l’arrivée, ce n’est franchement pas banal.
Les deux hommes restèrent longtemps sous la menace du peloton et finalement, un contre de quatre hommes se lança en poursuite. On ne retrouvait que du haut de gamme : Jens Debusschere (Bel/Lotto Soudal), Preben Van Hecke (Bel/Topsport), Marco Marcato (Ita/Wanty), Oliver Naesen (Bel/IAM). Puis le Néerlandais Huub Duyn (Roompot) revenait à son tour. Les sept hommes de tête se relayaient parfaitement mais le peloton emmené par la FDJ, Direct Energie et Lotto NL restait sur leurs talons. La jonction devenait inévitable. C’en était fini pour Jempy Drucker?
Il remet le couvert
Pas du tout, le Luxembourgeois de la BMC en remettait un coup. Même motif, même punition. Mais le bougre, loin d’être calmé, restait en tête de peloton et passait ses relais de brut pour tenter de placer au mieux le leader désigné pour l’arrivée, vous aurez reconnu Greg Van Avermaet.
L’arrivée, placée au sommet d’une bosse pavée à Binche, semblait être du cousu main pour le champion olympique, mais la FDJ n’avait pas roulé pour rien. Et de loin, Arnaud Démare assomma ses adversaires. Zdenek Stybar, placé dans la roue du coureur français, n’est jamais parvenu à le remonter. Une véritable démonstration de force pour le sprinteur français qui cohabitera avec Nacer Bouhanni lors des Mondiaux.
« J’avais visionné les arrivées des deux dernières éditions et je savais ce que je devais faire pour m’imposer. La forme était là depuis un moment, mais je ne parvenais pas à m’imposer. C’est fait. Pour le Mondial, c’est bien… », glissait le coureur français, vainqueur en début de saison, de Milan – Sanremo.
On devrait donc le revoir en bonne posture, dimanche sur Paris-Tours et bien sûr une semaine plus tard à Doha. Jempy Drucker aussi…
Denis Bastien
LE CLASSEMENT
1. Arnaud Démare (Fra/FDJ) les 194,5 km en 4 h 32’28 »; 2. Zdenek Stybar (RTC/Etixx-Quick Step); 3. Jurgen Roelandts (Bel/Lotto Soudal) 2″; 4. Greg Van Avermaet (Bel/BMC) mt; 5. Amaury Capiot (Bel/Topsport) 4″; 6. Timothy Dupont (Bel/Vérandas Willems); 7. Jens Debusschere (Bel/Lotto Soudal); 8. Adrien Petit (Fra/Direct Energie); 9. Jonas Van Genechten (Bel/IAM); 10. Oliver Naesen (Bel/IAM);
11. Baptiste Planckaert (Bel/Wallonie – Bruxelles); 12. Aksel Nommela (Est/Leopard); 13. Alexander Krieger (All/Leopard); 14. Florian Sénéchal (Fra/Cofidis); 15. Rick Zabel (All/BMC)… 19. Tom Boonen (Bel/Etixx – Quick Step) tmt… 25. John Mandrysch (All/Leopard) 10″… 43. Jan Brockhhoff (All/Leopard) 19″… 91. Jempy Drucker (Lux/BMC) 1’10 »
« J’étais fort sur la fin et je voulais faire le final à fond, histoire de travailler l’intensité. J’ai eu de bonnes sensations et je trouve que c’est rassurant avant le Mondial », expliquait mardi soir un Jempy Drucker franchement rassuré.
On le comprend. Mais vu la somme d’efforts réalisés, il ne pouvait plus penser à lui une fois le regroupement intervenu. Il n’en retirait d’ailleurs aucune frustration. « C’était mon choix d’attaquer sur le final et de faire des efforts répétés. Mais comme c’était aussi une arrivée qui pouvait convenir à Greg (Van Avermaet), on a joué le coup pour lui. Je crois que c’était bien comme ça. »
Après quelques jours de repos, Jempy Drucker sera de nouveau sur le pont puisqu’il sera au départ, dimanche, de Paris-Tours. Comme quasiment tous les sprinteurs postulant au titre mondial. Mais au contraire de ses pairs, il regrette le retrait des côtes qui hérissaient habituellement le final. Car en ce moment…
D. B.
