Ben Gastauer devait participer au prochain Tirreno-Adriatico (11-17 mars) dans sa préparation au Giro. Le Luxembourgeois de l’équipe AG2R La Mondiale fait le point.
Ben Gastauer a appris, comme tous ses coéquipiers, que son équipe AG2R La Mondiale renonçait aux épreuves italiennes de début de saison, épreuves qui risquent d’être purement et simplement annulées ou reportées, comme les Strade Bianche, initialement prévues demain.
Après l’annulation des Strade Bianche, votre équipe AG2R La Mondiale a annoncé qu’elle ne participerait ni à Tirreno-Adriatico ni à Milan-San Remo si ces deux courses étaient maintenues. Vous deviez prendre le départ de Tirreno-Adriatico. Qu’en pensez-vous ?
Ben Gastauer : C’est spécial comme situation. Personne dans le peloton n’avait d’ailleurs connu ce genre de situation. On savait qu’il y avait un doute sur ces courses italiennes depuis deux semaines déjà. Mais c’est comme toujours, ils essaient de retarder leur décision jusqu’au dernier moment. Mais ils devaient forcément prendre une décision. Notre équipe a pris cette décision également. Cela fait bizarre, car on s’était préparés pour ces courses. Après, je pense qu’il y a des choses plus importantes que notre sport. Cela paraît évident qu’il ne faut pas courir. Même si la situation est compliquée. Personne ne veut vivre la situation des coureurs qui sont bloqués aux Émirats (après l’annulation des deux dernières étapes la semaine dernière, quatre équipes restent en quarantaine dans leur hôtel jusqu’au 14, mars puisque plusieurs coureurs ont été testés positifs au coronavirus). En plus, j’aurais pu y être, puisqu’au départ, après l’Australie, je devais participer à cette épreuve.
Étant donné que le calendrier international change, vous avez vu venir cette situation ?
Oui, un peu. Même si en début de semaine la tendance était à ce qu’on puisse courir en Italie. Mais la situation s’est dégradée. Il y a deux jours, on a compris que ce serait très compliqué.
D’un point de vue personnel, vous êtes soulagé de ne pas devoir vous rendre en Italie ?
Oui, je n’aurais pas aimé cette idée d’être bloqué en quarantaine deux semaines dans un hôtel. C’est cette crainte-là que j’ai eue surtout.
Vous avez été prévenu par votre équipe ce jeudi matin ?
Oui, l’équipe m’a prévenu ce matin. Il fallait bien réfléchir et penser à tout.
Comment allez-vous remplacer ce manque de compétitions ces prochains jours ?
J’attends des nouvelles de mon équipe, mais elle a beaucoup de sujets de préoccupation en ce moment (il rit). On verra si on peut faire d’autres courses. Cela bougera sûrement. Il faut tout réorganiser. Et d’ailleurs, on ne peut pas être sûr que Paris-Nice aura lieu. Personnellement, j’ai prévu de rester quelques jours au Luxembourg pour m’entraîner. Si le mauvais temps persiste, alors j’irai dans le sud de la France. J’y retournerai puisque c’est là que j’avais déjà préparé les courses italiennes. Mais tout dépendra de la suite de notre programme et de notre préparation au Giro (9-31 mai). Tout dépendra de notre programme de courses.
La santé publique est bien plus
importante que le sport
Et, sans être alarmiste, vous ne pensez pas que le Giro puisse être annulé ?
(Il soupire) Tout est évidemment possible, qui peut le dire avec certitude? Mais il faut rester concentré et continuer à travailler sur ses objectifs. Le plus dur, c’est de rester motivé sur un objectif tout en ne sachant pas ce qui va arriver. Alors, pour le moment, je reste avec l’idée que je vais disputer le Giro en mai. On verra bien.
Ne craignez-vous pas que toute la saison 2020 soit bouleversée ?
C’est possible, du fait qu’on ne sait pas comment ça va évoluer. Il faut se préparer à ça et qu’on trouve des solutions adaptées.
On imagine que vous en parlez beaucoup entre vous, non ?
C’est vrai, dimanche, lors de notre dernière course dans la Drôme, on se disait en rigolant qu’on effectuait peut-être notre dernière course de la saison! On rigolait, mais on voit que le calendrier est largement affecté. La situation va sans doute encore évoluer.
En tant que sportif de haut niveau, ça vous inspire quoi ?
Ce qui me vient en tête c’est d’abord qu’il y a des choses plus importantes que le sport. En tant que professionnels du sport, on fait notre boulot du mieux possible. Mais ça ne reste que du sport. La santé publique est bien plus importante que le sport. On souhaite évidemment que ça s’arrange le plus vite possible et qu’on puisse trouver des solutions.
Entretien avec Denis Bastien