Unique Luxembourgeois engagé sur la course en ligne des championnats du monde ce dimanche, situation qu’il a déjà connue en 2014 en Espagne, Ben Gastauer devra composer avec cette relative solitude.
Vous venez de disputer le Tour de Luxembourg. Dans quel état de forme êtes-vous ?
Ben Gastauer : Durant le Tour, j’avais plutôt de bonnes sensations et j’en suis sorti pas trop fatigué, ce qui est très bien. Je suis content de faire des championnats du monde et j’espère que les jambes seront bonnes même si ce sera une tout autre course que le Tour de Luxembourg. En tout cas, je suis content de participer à nouveau aux Mondiaux.
Au Tour de Luxembourg, vous avez remporté avec votre équipe AG2R La Mondiale le classement par équipes. Ce n’était pas un objectif en soi…
Non, c’est venu comme ça. On avait une équipe forte et homogène. On voulait faire le classement général avec Aurélien ou Clément mais sans s’être fixé d’objectif bien précis. On aurait aimé gagner une étape mais on n’a pas réussi. Alors, cette victoire par équipes, ça fait plaisir.
Quand avez-vous appris que vous étiez sélectionné pour ce Mondial d’Imola ?
Dans le courant de la semaine passée. C’est bien de l’avoir su un peu en avance, ça constituait une motivation supplémentaire.
N’est-ce pas un peu tard pour préparer une telle épreuve ?
Cette année, c’est particulier car on n’a pas énormément de temps. Après, j’avais déjà prévenu l’équipe qu’il était possible que je ne sois pas disponible ce week-end… Et puis, Tour de Luxembourg, championnat du monde et Giro, c’est un bon enchaînement. Après, ce n’était évidemment pas possible de faire une préparation spécifique pour Imola.
Cette année, vous serez le seul Luxembourgeois engagé sur la course en ligne. Ce cas de figure n’était plus arrivé depuis 2014…
(Il rit) Oui et c’est moi qui m’étais déjà retrouvé seul. C’était à Ponferrada (NDLR : il avait pris la 52e place). Après, je n’ai pas disputé cette course pendant quelques années (NDLR : il n’avait pas disputé les éditions 2015, 2016 et 2017). Mais pour en revenir au fait d’être le seul engagé, le plus bizarre, c’est lors de la présentation des équipes. Au niveau tactique, on est aussi bien limité. Il faut faire la course pour soi-même et se concentrer uniquement sur soi-même. Cela étant, il faut éviter de gaspiller ses forces et être capable de suivre le bon coup. Ou alors, observer ce que font les grandes nations et suivre les coureurs avec lesquels on roule toute l’année. Histoire de dénicher l’un ou l’autre indice qui peut permettre de savoir comment la course va se passer.
Comme je connais bien les Français, peut-être que je pourrais me mettre dans leurs roues et…
Certes, un Mondial est une course par nations mais n’y a-t-il pas une forme d’entraide avec des coureurs que vous côtoyez tout au long de l’année ?
Oui, je pense que ça peut arriver. On a quand même des liens. Dans mon cas, il n’y aura sans doute pas trop de liens car je risque d’être un peu juste pour faire le grand final. Après, si l’équipe de France roule en deuxième position dans le peloton et comme je connais bien les Français, peut-être que je pourrai me mettre dans leurs roues et discuter avec eux sans qu’une autre équipe vienne me dégager. Après, chacun court quand même pour son pays, sa nation.
Vous évoquiez les coureurs de l’équipe de France. Dans celle-ci se trouve Nans Peters, votre équipier chez AG2R La Mondiale…
Nans est un jeune coureur qui m’a déjà bluffé plusieurs fois. L’an passé au Giro, j’étais avec lui dans l’équipe, il avait gagné une étape de manière exceptionnelle (NDLR : la 17e étape, Commezzadura – Anterselva/Antholz). Et cette année encore, il en gagne une pour son premier Tour de France (NDLR: la 8e étape, Cazères – Loudenvielle). C’est un coureur très talentueux, encore jeune et qui réalisera encore de belles courses à l’avenir. Il va découvrir son premier championnat du monde et devra se mettre au service de ses leaders mais dans le futur, c’est un coureur qui pourra briller sur Mondial.
Que pensez-vous de ce tracé d’Imola long de 258,2 km et avec 5 000 m de dénivelé ?
Le circuit compte deux montées très raides, avec des pourcentages à 14 % et même si ça ne monte pas vite, les répétitions vont rendre l’épreuve très difficile. Que ce soit la distance ou le dénivelé, ce n’est pas quelque chose que l’on fait souvent. Au bout de 200 km, je pense qu’il y aura beaucoup de coureurs qui seront dehors… Dans le final, quand le rythme va accélérer, ça va exploser. Ils ne seront pas nombreux à se disputer la victoire.
Quels sont vos espoirs sur ce Mondial ?
Il faut voir avec l’entraîneur national quelle tactique on met en place. On en discutera une fois que j’aurai reconnu le parcours, ce que je ferai samedi. Déjà, cette course, il faudra être capable de la finir. Après, est-ce intéressant de prendre l’échappée matinale ou pas? Est-ce que je m’accroche seulement – seulement entre guillemets (il rit) – et j’essaie de prendre la deuxième vague au milieu de course pour anticiper les premières accélérations des favoris dans le final?
Christian Helmig, le directeur technique national, nous confiait que le parcours était exposé au vent…
Si c’est le cas, ça va durcir encore un peu plus la course. Il faudra être prudent à ne pas gaspiller d’énergie car avec le vent, ça peut vite casser le peloton. Il faudra être prudent et être bien placé.
Entretien avec Charles Michel
* Clément Champoussin (8e), Aurélien Paret-Peintre (10e), Ben Gastauer (28e).