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[Cyclisme] – Ben Gastauer : « Je vois plus clair »


photo archives LQ

Ben Gastauer participera, dimanche, à son deuxième Paris-Nice dans la peau d’un parfait équipier. À 28 ans, le Luxembourgeois fait partie des cadres de son équipe, AG2R La Mondiale.

Le Quotidien : Dans quelles dispositions vous trouvez-vous avant Paris-Nice qui débutera dimanche?

Ben Gastauer  : Je me sens assez bien, les courses de préparation se sont bien passées.

Dimanche, on vous a vu aux avant-postes du peloton de la Drôme Classic…

On avait décidé avec l’équipe de prendre la course en main et c’était à moi de faire le boulot.

Revenons à Paris-Nice, que vous inspire cette épreuve?

Il s’agira de ma deuxième participation. Je pense que lorsqu’on l’a disputée une fois, on la connaît. Il s’agit de la première grande course par étapes de la saison. Chaque année, c’est très nerveux, tous les grands leaders veulent être devant, c’est une course très disputée, très nerveuse.

Que vous inspire le parcours?

Je dois avouer que je ne l’ai pas encore regardé en détail, mais on sait que cela va se décider dans les trois derniers jours qui sont vraiment durs.

Chez AG2R La Mondiale, votre équipe, Romain Bardet s’avance en leader…

Avec Alexis (Vuillermoz) qui sera également protégé. Romain est déjà très fort, en très bonne condition. Je pense qu’il visera un top  5, ce qui serait bien.

Récemment, on vous a vu à l’attaque sur le Tour du Haut-Var que vous aviez remporté l’année dernière. Cette action offensive, c’était pour vous tester, vous rassurer?

Avec l’équipe, on avait prévu d’avoir un coureur en échappée. Après ce n’était pas forcément d’y être, mais ça attaquait depuis un moment et je savais que ça risquait de partir au moment où j’y suis allé. Le problème, c’est que nous n’étions que trois. C’était trop peu pour aller plus loin. Mais j’étais content, j’avais fait une belle étape devant (NDLR : il avait remporté le maillot de meilleur grimpeur). C’était bon pour le moral.

Si vous deviez situer votre condition par rapport aux autres saisons?

J’ai le même niveau que l’an passé à pareille date. Mais je bénéficie d’un peu plus de fraîcheur car j’ai moins couru que l’an passé. C’est bien d’être dans cette situation avant Paris-Nice, d’autant plus que je vais enchaîner avec le Tour de Catalogne la semaine suivante.

Vous sentez-vous toujours dans la peau d’un coéquipier modèle ou d’un coureur pouvant aussi penser à lui?

Pour Paris-Nice, qui est une course importante, la priorité c’est d’être un équipier pour nos deux leaders. Mais après, cela ne m’empêchera pas de prendre une échappée un jour, et de tenter de faire un résultat à la fin, si c’est la tactique de l’équipe. Mais je ne cache pas que mon rôle, ce serait plutôt d’être présent le plus longtemps possible auprès de nos leaders.

Justement, votre leader principal, Romain Bardet, pourra viser quoi?

Sans doute le top 5, si tout se passe bien. Les deux premiers jours seront importants. Il faudra qu’il fasse un prologue correct. Et bien aborder la première étape qui comporte des chemins piégeux. Et les étapes suivantes, il faudra encore faire attention aux bordures. C’est toujours un risque sur Paris-Nice. Si on l’épaule bien, ce sera à lui de jouer dans les étapes montagneuses.

A-t-il évolué, selon vous?

Oui, physiquement, il est plus fort. Et il est aussi plus calme, moins stressé. Il sait ce qu’il veut. L’enchaînement Paris-Nice Tour de Catalogne sera important pour Romain.

Comment jugez-vous le début de saison de votre équipe?

Je pense qu’on court bien, on prend davantage les courses en main et on est plus offensifs. Certes, nous n’avons qu’une victoire pour le moment (NDLR  : Jan Bakelants a remporté la dernière étape de la Méditerranéenne). C’est bien d’en avoir une, mais nous sommes souvent passés à côté d’autres succès. On doit continuer comme ça et ça viendra. Nous avons progressé dans notre façon de courir. C’est très important.

De votre côté, dans quel domaine pensez-vous avoir progressé?

Je me sens plus serein, je me pose moins de question. Je sais ce que j’ai à faire avant les courses. Je vois plus clair et je reste plus calme. Toute l’équipe a grandi.

Vous sentez-vous dans la peau d’un coureur expérimenté?

Oui, je ne suis plus un jeune coureur. C’est ma septième saison, je ne fais plus partie des jeunes. Je peux les conseiller, même si j’avoue que ça me fait drôle.

Vous continuez à prendre plaisir?

Oui, sans ça, cela ne serait pas possible de le faire.

Il y a beaucoup de contraintes?

On est souvent partis, on doit faire beaucoup d’entraînements, toujours faire attention à la nourriture. Mais pour le moment, cela ne me pose pas de problème, j’aime ça. J’aime m’entraîner, faire du vélo. C’est plus dur lorsqu’il fait froid, comme aujourd’hui (hier), j’ai fait ma séance, assez courte de deux heures. C’est vrai que c’est moins agréable de sortir lorsqu’il fait moins de zéro degré. Mais pour le moment ça se passe bien.

Récemment, on a beaucoup reparlé de la fraude mécanique. Qu’en avez pensé?

Dans l’équipe, on en avait parlé plusieurs fois. On se disait que des coureurs l’avaient déjà fait en course, mais on pensait que cela ne se faisait plus, que c’était trop risqué, surtout dans les équipes pros où il faut la complicité de plusieurs personnes, dont le mécanicien. L’UCI a bien réagi en instaurant de nouveaux contrôles.

Rien ne vous paraît suspect aujourd’hui?

Non, je n’ai rien vu récemment qui m’ait interpellé.

Terminons avec les prochaines élections pour la présidence de la FSCL. Cela vous intéresse ou pas du tout?

J’ai suivi ça de loin. Je trouve bien qu’il y ait deux candidats pour le poste. Je ne connais pas leur programme dans le détail. Jean (Regenwetter) était président depuis longtemps (NDLR  : depuis 1998) donc c’est bien qu’il y ait un changement.

Le fait qu’un jeune retraité du cyclisme professionnel (NDLR  : Benoît Joachim) se présente vous inspire quoi?

C’est intéressant car il connaît le haut niveau. C’est bien. Après, c’est bien également qu’il y ait un candidat qui vient d’un autre horizon. La fédération, ce n’est pas seulement les coureurs professionnels. Quand t’es pro, tu n’a plus besoin de la fédération, hormis sur les championnats du monde. Mon avis, c’est que les deux candidats peuvent faire quelque chose de bien.

Denis Bastien

Ben Gastauer en bref

28 ans, marié

Coureur professionnel depuis 2010 chez AG2R La Mondiale

Palmarès : Tour du Haut-Var 2015 (une étape et le classement général final) ; Classement par équipes du Tour de France 2014 avec AG2R La Mondiale (21 e du classement général)