Le Luxembourgeois de l’équipe Trek-Segafredo va se présenter en forme enviable au départ d’une classique à laquelle il participera pour la 8e fois de sa carrière.
Ce jeudi après-midi, Alex Kirsch (29 ans) rejoignait par la route son équipe basée en Belgique pour le week-end d’ouverture avec samedi le Het Nieuwsblad, course du World Tour, et dimanche la plus modeste Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Pas de reconnaissance du parcours d’une course que le coureur luxembourgeois de la Trek-Segafredo connaît sur le bout des doigts, puisqu’il en sera à sa huitième participation déjà. «On n’a pas l’habitude d’en faire. D’un côté, ça fait du bien de rouler sur les pavés, mais de l’autre, avec le programme des prochaines semaines si chargées, chaque jour de repos en famille et de récupération est le bienvenu…» Entretien.
Comment qualifiez-vous cette classique à laquelle vous êtes fidèle depuis 2015 ?
Alex Kirsch : Le Nieuwsblad, je l’apprécie beaucoup, et ce, sur plusieurs niveaux. D’abord d’un point de vue émotionnel. Quand on passe pro, on sait un peu tout faire. Grimper, rouler, sprinter. Et on passe dans un monde inconnu où il faut trouver ses spécialisations. Du coup, le Nieuwsblad était la première classique que j’ai faite. Je ne savais pas que cela allait devenir mes courses préférées. J’étais étonné de voir autant de public s’intéresser à une course que je connaissais mal. Du coup, je suis tombé amoureux de cette classique qui entame ce week-end d’ouverture, avec tout ce qui va autour. Le stress belge avec la folie des médias, j’apprécie beaucoup ça. Cela me plaît émotionnellement et, physiquement, c’est une classique qui reste dans mes cordes, car on roule aux alentours des 200 kilomètres (NDLR : 204,2 km). Et je pense également aux enchaînements de monts que j’apprécie. Cela reste une course très dure, mais sans avoir un point spécifique où tu peux faire vraiment la différence. Tout cela fait que c’est toujours un rendez-vous que j’ai hâte de retrouver.
Je suis sorti en forme du Haut-Var et je trouve que c’est une bonne course avant d’appréhender le week-end d’ouverture
Si vous n’aviez pas pu participer au Tour de l’Algarve pour cause de Covid-19, vous avez montré le week-end dernier sur le Tour des Alpes-Maritimes et du Var que vous étiez en grande forme…
Je suis très content, en effet. J’avais coché ce week-end d’ouverture dès la fin de saison passée. Mads (Pedersen) n’est pas au départ, Jasper (NDLR : Stuyven, lauréat en 2016 du Het Nieuwsblad) reprend juste. Il sort, comme l’an passé, d’un stage en altitude qui lui avait bien réussi par après (NDLR : il s’était en effet imposé sur Milan-San Remo). Mais sur le Het Nieuwsblad, cela n’avait pas marché. On verra comment il se présente samedi. Pour le moment, c’est compliqué d’en savoir plus. Du coup, cela donne beaucoup plus d’opportunités pour moi et j’ai bien progressé. Tout s’est bien passé ces derniers temps et même avec mon affection du Covid-19, je n’avais pas de symptômes. Je n’ai pas été impacté physiquement. Je suis sorti en forme du Haut-Var (NDLR : ancienne appellation du Tour des Alpes-Maritimes et du Var) et je trouve que c’est une bonne course avant d’appréhender le week-end d’ouverture. Habituellement, mon équipe y envoie des grimpeurs. Grâce au covid (il rit), j’ai pu y participer. Donc, je me suis rassuré aussi, j’ai pris beaucoup de confiance, car, avec mon poids, j’ai bien passé les bosses sur un parcours très dur.
Donc on peut vous imaginer jouer votre carte ?
Oui, mais je ne me fais pas de scénario dans la tête, au contraire de Kuurne-Bruxelles-Kuurne où on sait généralement où la course va se décider (NDLR : généralement on assiste à un sprint, sauf à de rares exceptions, comme en 2019 avec le succès de Bob Jungels ou encore en 2020 avec Kasper Asgreen…). À Kuurne, cela se joue entre les sprinteurs, s’ils arrivent à revenir, soit les spécialistes de classiques. Au Nieuwsblad, ce sont les spécialistes de classiques et il y a plein de rendez-vous où il faut être présent. Et c’est l’instinct qui décide du reste. Bien sûr, il y a des constantes à prendre en compte comme la direction du vent au passage du Mur de Grammont (NDLR : juste avant le Bosberg, dernière difficulté avant l’arrivée à Ninove). Cela peut éventuellement bloquer la course. Sinon, il faut être ouvert à tous les scénarios et rester concentré sur les points importants.
Ceux qui seront bien seront ceux qui auront bien géré la période actuelle : avec le covid, tout le monde a eu ses petits problèmes
Votre avis sur la participation ?
Je ne me suis pas trop intéressé à ça, mais je sais qu’il y a des absents comme Julian Alaphilippe (le Français va disputer les épreuves de la Drôme et de l’Ardèche en préparation aux classiques ardennaises) et Mathieu Van der Poel (qui a repris récemment l’entraînement). Pour le reste, ceux qui seront bien seront ceux qui auront bien géré la période actuelle : avec le covid, tout le monde a eu ses petits problèmes. Une non-participation à une course, un stage qui se termine plus tôt que prévu. C’est un atout mentalement que d’être resté tranquille, de ne pas s’être stressé. Finalement, personne n’aura eu une préparation idéale. Pour en revenir à la question, le fait que Julian Alaphilippe et Mathieu Van der Poel ne soient pas là change les choses. Car la course est souvent beaucoup plus dure avec eux. Ils attaquent là où on ne les attend pas. Et cela change toutes les tactiques établies. Ça marche pour eux, car ils sont forts. Mathieu attaque n’importe où. Julian, quand il est là dans les Flandriennes, il fait la différence dans les monts avec son faible poids. Ils ne seront pas là, mais tactiquement, c’est peut-être encore plus imprévisible.
Après ce week-end d’ouverture, vous allez enchainer comme prévu avec le Samyn mardi et Paris-Nice…
Oui, je pense être assez âgé pour digérer ce week-end d’ouverture et avoir des ambitions encore sur le Samyn. Quand on encaisse les trois semaines d’un grand tour et vu la forme que j’ai… Vu le petit nombre d’opportunités personnelles que je peux avoir dans la saison, j’étais motivé pour faire les trois courses. On ne sait jamais ce qui peut se passer sur ces courses : une crevaison au mauvais moment et on loupe une opportunité. Le fait de savoir qu’on a trois courses au programme, physiquement, ça ne change rien du tout, mais mentalement, c’est un plus.