[Cyclisme] À Harelbeke, tout le monde est là…

Le rendez-vous de ce vendredi à Harelbeke, avec le Grand Prix E3, n’a sans doute jamais été aussi bien honoré…

Pas besoin de fouiller dans les archives, vous ne trouverez pas. Jamais le Grand Prix E3, connu depuis des décennies pour son rôle de répétition générale du Tour des Flandres, n’aura été aussi couru par les leaders. D’ordinaire, il y en avait toujours deux ou trois pour snober ce rendez-vous. Pas cette fois. Bon, en cherchant un peu, on trouve seulement le nom de Tom Pidcock, éblouissant vainqueur des Strade Bianche, blessé sur Tirreno-Adriatico, qui ne fera son retour que dans une semaine sur À Travers la Flandre (Waregem), dernier galop d’essai avant le «Ronde Van Vlaanderen».

Même les quatre cadors qui ont ébloui le final de Milan-Sanremo, samedi dernier, vous aurez reconnu dans l’ordre Mathieu van der Poel, Filippo Ganna, Wout van Aert et Tadej Pogacar, donc déjà parfaitement rassurés sur leurs états de forme, sont bien là. Le Slovène, vainqueur de Paris-Nice, continue de parfaire son éclectisme.

Quatrième du Tour des Flandres en 2002, il avait choisi Waregem l’an passé comme répétition. Mais cette fois, il s’y prend une semaine plus tôt, c’est dire son application et son désir de bien faire le 2 avril prochain. Ce Tadej Pogacar, joueur sur tous les terrains de jeu, n’est vraiment pas un calculateur et le cyclisme peut le remercier pour ce sens de l’engagement presque inédit à ce niveau.

Se rassurer avant le Tour des Flandres.

Du coup, comme tous les grands noms seront là aujourd’hui dans les environs d’Harelbeke, où des ondées passagères continueront à mouiller le pavé en même qu’un vent généreux se promet de déchiqueter le peloton, la course, intégrée au World Tour, promet monts et merveilles.

Ces dix dernières années, trois coureurs sont parvenus à réaliser le doublé Grand Prix E3 – Tour des Flandres (Fabian Cancellara en 2013, Niki Terpstra en 2018 et Kasper Asgreen en 2021, mais il suffit de parcourir les palmarès de l’une ou l’autre classique pour remarquer que ce sont les mêmes noms qui trustent les podiums.

Alors bien sûr, même si le Grand Prix E3 n’est pas à ranger dans la catégorie des monuments, on sauve sa saison en s’imposant à Harelbeke. Mais surtout, on se rassure avant le Tour des Flandres.

Alors que la course reste évidemment à courir, on sait par avance que tous les grands noms présents y mettront toute l’application requise. On imagine bien un Wout van Aert assez revanchard après La Primavera qu’il espérait visiblement terminer à un meilleur rang que la troisième place, pourtant pas infamante en si bonne compagnie. Le retour sur ses pavés fétiches y contribuera, mais il devra cohabiter avec Dylan van Baarle, lauréat du Het Nieuwsblad en février et vainqueur de Paris-Roubaix 2002. Ajoutons Christophe Laporte et Tiesj Benoot, qui vient d’enlever Kuurne-Bruxelles-Kuurne, et vous aurez l’équipe qui paraît tout bonnement imbattable.

Mathieu van der Poel sera évidemment solide au poste, comme Filippo Ganna, dont on va appréhender sa capacité à hisser sa grande carcasse en haut des monts. Pour le reste, les Mohoric, Kung, Madouas, Stuyven, Pedersen, Bettiol, Alaphilippe et les anciens vainqueurs, tels Sagan, Kwiatkowski, Van Avermaet, Stybar, Asgreen, chercheront forcément à faire dérailler les favoris.

Côté luxembourgeois, on retrouve au départ les trois coureurs prévus. Tout d’abord Bob Jungels, cinquième ici même en 2019 après une fugue d’une cinquantaine de kilomètres ayant permis de défricher le terrain pour le succès de son coéquipier d’alors, Zdenek Stybar. Il était si à l’aise sur ce parcours qu’on attendait vivement son retour. L’an passé, il n’avait pas encore retrouvé son niveau lorsqu’il est revenu à Harelbeke. «C’est la classique la plus dure de toutes les Flandriennes», avait-il alors indiqué. Souffrant au sortir d’un Paris-Nice épuisant et difficile, il s’est abstenu de participer à Milan-Sanremo pour mieux se focaliser sur les classiques flandriennes, où il pourra compter sur l’appoint de coureurs expérimentés comme Nils Politt, Marco Haller et Maximilian Schachmann. Ce sera donc un bon test avant le Ronde.

Alex Kirsch toujours à l’aise à Harelbeke

De son côté, Alex Kirsch va retrouver un rôle d’équipier pour le duo de Trek-Segafredo Pedersen-Stuyven. Il s’est souvent montré à son aise à Harelbeke.

Enfin, Kevin Geniets, de nouveau très performant samedi dans le final de Milan – Sanremo où il a terminé dans le principal peloton, va œuvrer aux côtés de l’infatigable Suisse Stefan Kung et du puissant Français Valentin Madouas. Ils ont des atouts à faire valoir. Cette dernière répétition ne sera pas de trop pour huiler les rouages. Mais ce n’est pas une vue de l’esprit, on verra sûrement la grande carcasse de Kevin Geniets (grippé l’an passé pour ce Grand Prix E3) émerger sur le final. Tout le monde est là, alors c’est vraiment le moment de bien faire…