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[Coupe] Yves Schrobiltgen, le menuisier de Wilwerwiltz face à l’attaque dudelangeoise


Le gardien de 22 ans aura du pain sur la planche face à l'impressionnante armada offensive du F91. (photo DR)

[32e de finale] C’est un menuisier de 22 ans, Yves Schrobiltgen, qui va tenter d’empêcher l’impressionnante armada offensive dudelangeoise de marquer.

Comment toute cette histoire va-t-elle se terminer ? Les chances de devenir un héros sont minces pour Yves Schrobiltgen, mais puisque la FLF a voulu ramener les clubs de l’élite jusqu’aux terrains les plus reculés du pays grâce à la nouvelle formule de la Coupe, initiée la saison passée, leurs gardiens de but vont devoir assumer. Et le beau bébé (1,86 m et 85 kilos) qui sera entre les poteaux, ce dimanche, le fait à sa manière.

Vous vous êtes blessé assez gravement à la tête contre Rambrouch, le week-end passé. Vous serez apte ce dimanche ?

Yves Schrobiltgen : Oui, j’ai pris un coup de genou dans la tête en sortant sur un ballon et je suis tombé dans les pommes. On m’a sorti sur civière parce que je ne marchais plus droit. J’ai finalement été à l’hôpital en soirée pour être sûr que tout était en ordre parce que j’avais encore très mal à la tête. J’ai eu peur de rater le F91. Ce n’est pas tous les jours qu’on joue un match comme ça. Alors quand je suis sorti de chez le docteur, qui m’avait dit que ça irait, j’étais soulagé.

Avez-vous travaillé différemment, cette semaine, à l’entraînement ?

Un peu plus sérieusement. On a plus regardé comment fermer les angles sur les tirs de près et d’ailleurs, on m’a tiré dessus de bien plus près que d’habitude, pour travailler les réflexes. Le plus à stopper pour un gardien, ce sont les frappes puissantes et bien placées. Et eux, ils savent comment faire…

En consultant l’organigramme de Wilwerwiltz, on trouve mention de deux entraîneurs des gardiens alors qu’il est souvent difficile d’en trouver ne serait-ce qu’un seul dans les divisions inférieures…

Oui, ce sont des jumeaux (NDLR : Sven et Sacha Flick) qui s’occupent de nous! Ils font un super boulot. Quand je suis arrivé ici, je ne pensais effectivement même pas trouver un seul entraîneur des gardiens et en fait, il y en a carrément deux, et qui prennent ça très au sérieux !

Ils sont formés ?

Ils ont été eux-mêmes gardiens. Et ils s’informent énormément dans les bouquins, sur internet, où ils cherchent des exercices… Pour leur cadeau de Noël, ils avaient commandé des DVD spéciaux sur la préparation des gardiens. Ils commandent même du matériel spécifique.

Votre coach, Aldin Mustic, dit que vous êtes un blagueur, mais que depuis l’annonce du tirage, vous l’êtes beaucoup moins…

C’est vrai que j’aime bien être de bonne humeur. Ce n’est pas dans ma nature d’être triste. Mais quand on a appris, pour le tirage, tout le monde est devenu beaucoup plus sérieux dans le vestiaire. Il faut qu’on se concentre !

Vous avez peur ?

Oui, un peu. Quand on regarde leurs derniers résultats (NDLR : 7-0 contre Rodange et 0-4 à Rosport), quand on voit le niveau de leurs attaquants, on se dit que c’est un autre monde. Mais il faut qu’on reste soudés, ça peut peut-être donner quelque chose. Ce n’est pas parce que c’est le F91 que c’est perdu d’avance. Après tout, ils vont aussi devoir s’adapter à notre terrain, qui n’est pas aussi parfait que ceux sur lesquels ils jouent d’habitude.

Quel est le plus grand nombre de buts que vous ayez jamais encaissé sur une seule rencontre ?

Je ne sais pas vraiment. Je dirais… quatre? Ou cinq? Ça ne fait pas si longtemps que j’ai recommencé à jouer aussi. J’ai joué jusqu’en juniors à Wincrange, mais j’ai arrêté quatre-cinq ans pour mes études. C’est la saison dernière que j’ai repris, quand un copain m’a dit « viens nous rejoindre à Wilwerwiltz, on a toujours besoin de monde »…

Au fait, c’est quoi, votre travail ?

Avant, je travaillais dans une petite menuiserie, mais il n’y avait pas assez de travail. On ne laisse pas assez leur chance aux jeunes, au Luxembourg. Je suis devenu livreur de meubles chez Marc Scheer, à Roost. Mais comme je suis menuisier de formation, les meubles, je les monte aussi, et je pose un peu de parquet de temps en temps. Pour les genoux et le dos, c’est un peu dur mais bon…

Mais ça n’empêche pas forcément de s’imaginer en héros du week-end, non…

Dans un coin de la tête, oui. Forcément, si un gardien sort de belles frappes, on va en parler, mais on essaye justement de ne pas trop y penser sinon ça va se transformer en pression et finir par peser sur mon jeu. Et puis le but, dans ce genre de match, ce n’est pas d’être la star tout seul mais de l’être tous ensemble, en équipe.

Mais vous préféreriez quoi : être gardien et avoir l’assurance qu’il y aura énormément de travail, ou être avant-centre et risquer de ne pas toucher un ballon du match ?

Pas facile comme question. Mais je crois que je préfère quand même être gardien. Un match sans toucher le ballon, ça doit être long. Après, c’est vrai que moi, je risque d’en avoir un peu trop, de travail. Mais c’est une occasion de montrer à mes coaches que je donne tout pour le club.

Les gens vous en parlent, de ce match ?

Ah ça oui ! Mon voisin m’a encore redit cette semaine que ce ne serait pas facile. Et en général, quand les gens apprennent que moi, je suis le gardien de but de l’équipe, leur réaction c’est : « Houla… ».

Et vous leur répondez… ?

Je leur dis « Attendez, on verra… ». J’espère juste que les spectateurs ne seront pas trop déçus.

Il vous faudrait combien de défenseurs devant vous pour être tranquillisé ?

Chaque match, cette saison, on l’a joué avec quatre défenseurs. Et je pense que ceux qui jouent habituellement sont assez forts pour aller au duel. Même si ça pourrait peut-être les aider qu’un des milieux vienne leur prêter main forte de temps en temps.

Vous appréciez Jonathan Joubert, le portier dudelangeois ?

C’est un excellent gardien. J’ai vu son match contre la France, c’est un top joueur. J’espère qu’il jouera contre nous. Marquer contre un gars de sa stature, un gars qu’on a vu jouer à la télé, ce serait fort. D’ailleurs, ce serait bien que Luc Holtz le rappelle en sélection après ce qu’il a montré.

Entretien avec Julien Mollereau