Avant d’atterrir au Luxembourg et de faire de Larochette le Petit Poucet des 16es de finale, le Brésilien a notamment été sacré champion du monde U17 avec un certain Ronaldinho.
Sa présence au Luxembourg relève pour ce fervent chrétien d’un «cadeau de dieu», lui qui en 2017 ne devait théoriquement y passer que deux mois de vacances, pour y rendre visite avec son épouse à sa belle-mère, installée ici depuis près de deux décennies. Quatre ans plus tard, Raniere Silva Dos Santos est toujours au Grand-Duché, où il est depuis dimanche et contre toute attente sous le feu des projecteurs. Ce après un petit miracle, un cadeau offert cette fois par ses joueurs de l’AS Rupensia Lusitanos Larochette, actuels troisièmes de D3 et tombeurs en 32es de finale de la Coupe de Luxembourg d’une formation de Promotion Honneur, l’Union Mertert-Wasserbillig (1-0). Soit un écart de trois divisions.
Déjà larges vainqueurs (5-1) au 1er tour de Noertzange (D2), ses ouailles en sont donc à deux exploits dans cette édition, mais difficile de faire de ces deux perfs les sommets de la carrière du Brésilien, sinon d’entraîneur, celle-ci n’ayant débuté qu’en 2020, pour un premier exercice tronqué chez les amateurs luxembourgeois par le covid. Avant cela, et avant de garder les cages de Muhlenbach (2017-2019) puis des Lusitanos (2019/2020), l’ancien gardien de but a en effet pas mal roulé sa bosse dans son pays natal.
Champion du monde en 97
Chez lui, le natif d’Itanhém, dans le nord-est du pays, a notamment «connu des montées presque partout où (il est) passé», remporté le championnat d’État du Minas Gerais avec l’América Mineiro et disputé entre 2001 et 2003 une vingtaine de matches de Série A, l’élite du foot brésilien, avec le club basé à Belo Horizonte. L’occasion d’affronter et de battre un certain Ronaldinho, futur Ballon d’or alors sous les couleurs du Grêmio Porto Alegre, mais «phénomène» resté face à lui muet. Une petite fierté.
Mais Santos, né comme lui en 1980, n’a pas fait qu’affronter «Ronnie» : il l’a aussi côtoyé en équipe nationale chez les jeunes. Point d’orgue de cette cohabitation, le mondial des moins de 17 ans en Égypte, en 1997, remporté par la Seleção avec un Ronaldinho titulaire et «déjà différent de tous les autres joueurs», et un Raniere Santos doublure de Fabio, emblématique gardien du Cruzeiro (près de 600 matches depuis 2005). Même au Luxembourg, ce genre de pedigree peut vous précéder. Le Brésilien s’en est donc aperçu en 2017.
Le coup de fil de Paulo Gomes
Alors qu’il flâne au Grand-Duché avec un compatriote et ami, un inconnu l’interpelle : «Tu ne me connais pas, mais moi je te connais !» Passée la photo-souvenir, l’homme en question lui propose de parler de lui à Paulo Gomes, le manager portugais de Muhlenbach, aujourd’hui en Arabie saoudite. «Quand il a vu mon CV, il m’a appelé tout de suite pour me faire signer !» Voilà pour le fameux «cadeau de Dieu», pas tant pour le football, qui «n’est pas comme au Brésil», que pour «la qualité de vie».
Mais œuvrer à un niveau modeste n’empêche pas d’y nourrir quelques ambitions. Celle du désormais coach principal, après avoir, lors de sa première saison à Larochette, joué un rôle hybride de joueur-entraîneur des gardiens, est claire : faire monter les Lusitanos, eux qui étaient déjà coincés en D3 à son arrivée en 2019. «C’est dommage qu’on soit dans cette division, mais je crois qu’on va monter, on a bon groupe, estime le Brésilien, qui suit les formations dispensées par le FLF à Mondercange. Sans le covid, on serait déjà en D2, voire en D1.» En attendant, Santos, arbitre à ses heures perdues, «siffle» parfois les équipes de ce niveau. Ses hommes, eux, leur font la nique en Coupe. Une manière comme une autre de prendre date.
Simon Butel