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[Coupe Davis] Muller : «Du plaisir… mais certaines choses doivent changer»


"Mentalement, être capitaine, c'est plus fatiguant, éprouvant", reconnaît celui qui a passé 18 ans en tant que joueur dans la sélection. (Photo Luis Mangorrinha)

En battant le Monténégro (2-1), le Luxembourg du capitaine Gilles Muller s’est maintenu. Ce dernier vise le Groupe II mais pour ça, il faudra progresser.

Le maintien

«Cela a été une semaine peu évidente», expliquait après coup Gilles Muller. «On est tombé dans la pire poule possible, avec, au final, des résultats assez logiques. Même si face à Monaco, on aurait pu faire mieux… Néanmoins, nous avons remporté face au Monténégro le match qu’il fallait. Une partie stressante ? Ni plus ni moins que les autres. Même si c’est vrai qu’il y avait un plus gros enjeu. Si on ne gagnait pas celui-là, on ne méritait franchement pas de se maintenir dans cette division.»

Et le capitaine luxembourgeois d’ajouter par rapport à cette rencontre face aux Monténégrins. «Chris (Rodesch) a évolué à un niveau assez exceptionnel. Il a beaucoup douté après ce qu’il a vécu ces derniers temps (NDLR : voir par ailleurs). Il s’est posé pas mal de questions sur son avenir. Cela s’est vu au moment de conclure dans le deuxième set, lorsqu’il a perdu trois fois de suite son service alors qu’il aurait pu conclure. Un vrai gros coup de stress, avant de livrer un très bon 3e set et de l’emporter. Ugo, lui, était énervé, en colère, par son mauvais match en simple. Mais il a réussi à se remettre dedans pour un double où Chris a encore livré une grosse prestation. Sincèrement, cela aurait été dur de perdre cette rencontre tant nous étions plus fort techniquement.»

Et pour en revenir au grand espoir Chris Rodesch, le capitaine expliquait : «J’espère que cette semaine va aider à lui ouvrir les yeux. À chaque fois qu’il était sur le terrain, tennistiquement, il n’était pas moins bien que les autres. Voire mieux! Le talent, il l’a ! Son choix de rejoindre une université américaine ? Ce n’est pas une mauvaise chose. Certains en sont sortis pour devenir de vrais professionnels. Pourquoi pas lui.»

Sa 1re comme capitaine

Après avoir évolué 18 ans au sein de cette sélection en tant que joueur, Gilles Muller vivait au Tatoï Club d’Athènes sa première expérience sur le banc en tant que capitaine.

«C’est différent», glissait-il. «Mentalement, être capitaine, c’est plus fatiguant, éprouvant. Déjà parce que tu vis trois rencontres et pas une seule, voire au maximum deux. Tu n’as parfois pas le temps de manger. Il y a beaucoup de stress. Je suis là pour aider les joueurs à trouver la bonne voie. Mais j’ai moi-même besoin de trouver un certain équilibre à ce niveau-là. Car tennistiquement, en ayant été sur le circuit pro, je n’ai pas vécu la même chose qu’eux. Je sais que je ne peux pas leur demander des choses qui pouvaient me paraître couler de source pour moi. Mais en même temps, il faut que je les sorte tout de même de leur ‘routine’. Pour leur permettre d’aller plus loin. Mais sans pour autant aller trop loin et risquer de les frustrer…»

Le futur

Lorsqu’il s’est engagé avec la FLT, Gilles Muller l’a fait pour une durée de deux ans. Il sera donc à nouveau sur le banc en 2020. «Du moins si les joueurs et la fédération sont satisfaits de mon boulot…», tempère-t-il. Au vu des commentaires entendus cette semaine, on ne voit pas comment la réponse pourrait être autre chose que oui…

«J’ai pris beaucoup de plaisir cette semaine. L’objectif reste à mes yeux de retrouver le Groupe II de cette Coupe Davis mais pour ça, il faut avancer. Il y a quand même certaines choses qui doivent changer…», avoue «Mulles», avant de renchérir : « J’ai pu constater qu’il y a pas mal de domaines où on est loin des autres pays qui étaient présents. J’ai même été choqué comme nous paraissons amateurs par rapport aux autres nations dans certains domaines…»

Et le capitaine d’évoquer notamment la préparation de cette semaine de Coupe Davis. «Je ne veux pas trop entrer dans les détails, mais il y a des questions à se poser. Faire en sorte que nos joueurs ne s’arrêtent pas de jouer pendant trois ou quatre semaines durant l’été qui précède une telle compétition, par exemple. Les joueurs sont contents de disputer cette Coupe Davis mais ça peut amener certains sacrifices, même si tout le monde a le droit de partir en vacances. C’est aussi aux dirigeants de la fédération d’aider à mettre quelque chose en place afin que le groupe puisse disputer deux ou trois tournois de préparation. Il faut que j’en discute avec Till (NDLR : Salme, le directeur technique national, également coach pendant cette semaine)… Sinon, j’ai aussi constaté que nous étions la seule équipe présente avec un entourage aussi limité. Ce serait quand même pas mal si on pouvait être accompagné par quelqu’un qui gérerait tout le non-sportif. Comme cela se fait ailleurs…»

Bref, on le comprend, il faut essayer que tout ça progresse vers plus de professionnalisme…

Julien Carette