Le 14 juillet 2011, Philippe Lebresne a inscrit le seul but de la qualification contre le Levadia Tallinn, avec un scénario resté dans les mémoires…
Il n’y a pas beaucoup de clubs, au Luxembourg, qui aient des légendes fondatrices aussi belles que celle-là et être à la source de cet imaginaire collectif qui suit les générations de supporters du FC Differdange 03 depuis près de quinze ans déjà fait encore sourire Philippe Lebresne. C’est que depuis que le club sait qu’il va retrouver le Levadia Tallinn, tout le monde l’aborde au stade pour savoir «où est la pièce».
La pièce ? Quelle pièce ? Eh bien, celle qu’il a trouvée sur la pelouse, en Estonie, le 14 juillet 2011, juste avant le match. Une insignifiante petite pièce de cinq centimes, mais dont la présence, sur un terrain de football, a de quoi surprendre. Philippe Lebresne n’est, à l’époque déjà, jamais avare d’une fanfaronnade. Il annonce qu’il va la lancer dans le but pour porter chance à l’équipe. La suite est mémorable : c’est lui, le gars qui ne marque jamais, lui, le gars qui ratera un tir au but décisif trois ans plus tard contre Tromso en Europa League, qui inscrira le seul but de la double confrontation, de la tête, sur un centre de Gilles Bettmer. «La seule chose que les gens ne savent peut-être pas à propos de cette histoire, se marre «Philou», c’est que la pièce, je l’ai lancée précisément dans cette lucarne où j’ai marqué.»
«On aura une prime, nous aussi?»
Mais alors, «où est la pièce» ? Car il est allé la récupérer, après le coup de sifflet final. Mais c’est là que le mythe se réécrit à la sauce Lebresne, c’est-à-dire irrévérencieuse : «Je l’ai sûrement utilisée pour payer le pain.» L’objet aurait pu virer relique sacrée, le héros de l’histoire (même s’il avoue qu’il n’est «pas fétichiste, mais cette histoire, quand même…») en a fait l’outil même de sa démystification : le FCD03 de l’époque ne devait pas sa qualification à un peu de monnaie tombée de la poche d’un joueur passé par là le week-end précédent, mais bien «à sa force collective».
«On avait un groupe plus costaud collectivement parce qu’on jouait depuis plus longtemps ensemble, mais moins individuellement que la génération actuelle», analyse Lebresne, qui était au match aller, jeudi dernier. Et il n’a pas raté l’occasion de rallumer la flamme chez son ancien président, Fabrizio Bei, qui a dû légèrement hyperventiler en voyant revenir à la charge le négociateur en chef des premières années internationales du club, dès qu’il était question d’argent : «Mais si vous vous qualifiez au retour, on a une prime, nous, les anciens, pour avoir montré la voie?»
Fabrizio Bei, d’ailleurs, a hésité à prendre son Lebresne sous le bras, en tant que «porte-bonheur» officiel du club. Et puis non. «Ça aurait été rigolo, plaisante «Philou». Je lui ai même envoyé un SMS, mais je n’ai pas insisté.» Tant mieux pour le Levadia? Non, parce que Lebresne, façon oracle, voit bien Théo Brusco lui succéder dans le rôle du héros, quatorze ans après : «Je le vois bien surgir à la 90e minute! Ce gars attire le ballon sur les phases arrêtées. Il est toujours au troisième poteau. Je le vois bien nous qualifier.» On mettrait bien une pièce là-dessus.