En match retour du 2e tour de Conference League, le club eschois devra rééditer une énormissime performance, tout aussi costaude que celle de l’aller face au Shakhtyor Soligorsk (victoire 1-2), pour passer.
Ce jeudi soir, il va en falloir, du courage, au Fola. Et Sébastien Grandjean montre déjà l’exemple en sortant la machine à tacles : pour lui, au pays, on a largement mésestimé le poids de la victoire rapportée de Hongrie contre les Biélorusses du Shakhtyor Soligorsk (1-2), à l’aller. «On a réalisé un véritable exploit et c’est passé totalement inaperçu ! Les gens se sont dit « oh ça y est, après Gibraltar (NDLR : et l’élimination-surprise contre les Lincoln Red Imps), le Fola s’est remis en route… » Non ! On parle du champion du Bélarus, un pays de 9,5 millions d’habitants, une équipe prévue pour atteindre les poules ! Vous mesurez la taille de l’exploit ?».
Le champion du Grand-Duché l’a en tout cas fait… en changeant tout. Après l’échec cuisant de la Ligue des champions, le staff a fait reculer le bloc équipe de trente mètres et lui a fait enfiler un costume plus cynique. Garder un système haut en l’absence totale d’automatismes eut été suicidaire, mais on avait effectivement du mal à s’imaginer que le club doyen puisse postuler à une place au 3e tour, à ce que leur victoire de l’aller coûte sa place au coach, provoquant l’arrivée de Sergueï Gurenko, ancien joueur de l’AS Rome qu’on dit adepte du 3-4-3.
Soligorsk en 3-4-3 ?
Le Fola, étonné par le séisme que sa performance a entraîné chez son adversaire professionnel, ne sait pas trop à quoi s’attendre. Déjà au Diosgyöri Stadion, Sébastien Grandjean avait ouvert de grands yeux en voyant sur la feuille de match surgir le nom de Maksim Skavysh, taulier de 31 ans, 401 matches pros pour 125 buts, qui jouait encore six jours plus tôt avec le BATE Borisov. «On ne savait même pas qu’il avait été transféré.» L’effet de surprise sera sans doute encore plus violent, mais il y a un aspect de cette rencontre auquel tout le monde s’attend d’ores et déjà, c’est la souffrance. Au coup de sifflet final, une grande partie des joueurs s’est effondrée, terrassée par l’effort produit pour garder ce petit but d’avance. «Ils étaient K.-O., a reconnu Grandjean, cela a laissé des traces.» Le Fola peut-il faire l’exploit, un deuxième, en une semaine ? «Il faudra souffrir», admet le coach. Et c’est prévu.
Un signe d’ailleurs, que le Fola est encore tout surpris de se retrouver dans cette position, il n’a même pas envisagé de faire décaler sa reprise du championnat contre Mondorf, ni même sa deuxième journée. «On ne s’est même pas posé la question», indique Grandjean car c’est tout un club qui serait très surpris de passer ce tour. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y mettra pas toute la force de ses nouvelles convictions. Le propre des exploits, comme il a été prouvé la semaine passée, c’est de survenir quand on ne les attend pas.
Julien Mollereau