Avant l’entrée en lice du Fola jeudi contre les Biélorusses de Soligorsk, Sébastien Grandjean attend de ses joueurs davantage de travail, d’agressivité et de solidité défensive.
C’est un constat que l’humiliation subie mardi dernier à Gibraltar, sur le terrain des Lincoln Red Imps (5-0) en 1er tour préliminaire retour de Ligue des champions, peut difficilement démentir : «Actuellement, l’état d’esprit n’est pas bon» au Fola, estime Sébastien Grandjean. «On n’est pas dans une bonne passe au niveau mental, juge le technicien eschois. Physiquement il n’y aucun souci, mais j’ai le sentiment que le passage entre la saison dernière et cette saison n’est pas encore fait mentalement.» Faut-il comprendre que les Folamen sont encore sur leur petit nuage, eux qui ont glané le 30 mai le huitième titre de l’histoire du club, voire dans une forme de suffisance ?
«Ce n’est pas de la suffisance, balaie l’entraîneur belge. J’ai l’impression qu’on pleure toujours les départs, qu’on se dit que ça va être difficile alors que les garçons qui ont été recrutés sont plein de bonne volonté et ont envie d’aider. Je n’ai rien à leur reprocher sur leur envie.» Reste que leur intégration dans un collectif eschois si bien huilé la saison passée prend sans surprise du temps, et que les carences offensives affichées face aux Gibraltariens jurent avec la plénitude atteinte la saison passée dans ce domaine sous l’impulsion de Sinani, Drif et Hadji, 50 buts et 26 passes décisives à eux trois, mais tous partis.
Peut-on seulement reconstituer un quatuor offensif – si l’on inclut Diallo, toujours au club – aussi performant et rôdé en si peu de temps ? Probablement pas, et si Sébastien Grandjean admet n’avoir «pas encore trouvé la bonne formule» ni «les bons automatismes», il semble que son groupe, bien que conscient des difficultés à venir, ne s’est pas suffisamment préparé à souffrir cet été. Témoins, l’abattement affiché sitôt le premier but encaissé à Gibraltar, et l’incapacité globale du Fola à enfiler le bleu de chauffe sur la double confrontation avec les Lincoln Red Imps, un adversaire pourtant jugé – à raison – abordable au moment du tirage.
En quête d’un «football cynique»
«Cette élimination a été très mal vécue au club, de la part de tout le monde, concède le coach eschois. On avait quatre adversaires potentiels, on a tiré le plus facile des quatre et on a pris 7-2. Sur le premier match, on s’est fait bousculer parce qu’on n’était pas prêts à combattre avec eux. On a eu affaire à une équipe extrêmement expérimentée, intelligente, bien en place, forte dans les duels et physiquement très bien. Cette équipe aurait fait mal à beaucoup de monde mais nous, après le premier match, on était prévenus et surtout, au bout d’un but au retour, on a commencé à baisser la tête.»
La relever passe depuis ce fiasco européen et jusqu’à nouvel ordre par «beaucoup de dialogue, d’entrevues, de travail» et surtout «d’humilité», le maître-mot à Esch ces temps-ci. Y compris quand il s’agit de parler de jeu : «Quand un système marche moins bien, il faut revenir à des bases défensives plus solides, des efforts de joueurs plus marqués, une plus grande agressivité, théorise Grandjean. Je suis à la recherche d’un football cynique : les résultats ne peuvent passer que par là. Il faut être intelligent et pragmatique. À chaque saison sa vérité.»
Au vu du diagnostic, celle du Fola cuvée 2021/2022 s’annonce-t-elle moins flamboyante, voire frustrante, loin des honneurs auxquels le club eschois est désormais abonné (trois titres et neuf podiums sur les dix dernières saisons, sans tenir compte de l’exercice 2019/2020 tronqué) ? «À l’heure actuelle, je ne suis pas serein sur notre capacité à jouer les premiers rôles, reconnaît le technicien. Je suis très réaliste, on doit vraiment fournir un gros travail dans tous les secteurs, être dans une recherche d’agressivité et revenir à une grande humilité. Le groupe ne devrait plus bouger et ça ne me fait pas peur, mais à présent, c’est l’heure, il faut arrêter de planer.» Sous peine de se crasher à nouveau, jeudi contre les Biélorusses de Soligorsk, lors d’un deuxième tour aller de Conference League disputé sur terrain neutre en Hongrie, à Miskolc.
Simon Butel