Aniss El Hriti n’est pas à Dudelange depuis longtemps, mais le latéral gauche sent que l’image du F91 est en train de changer. Et qu’elle peut clairement basculer ce jeudi soir, en match retour d’Europa League en Roumanie contre Cluj… pour une qualification historique pour les poules possible, au vu du score aller (2-0).
Avoir deux buts d’avance avant un match retour, c’est plus de 80 % de chances de se qualifier. Ça vous parle comme statistique ?
Aniss El Hriti : Sincèrement? En foot, rien n’est jamais acquis. Je ne fais pas attention aux statistiques, je préfère largement que l’équipe se concentre encore 90 minutes de plus pour qu’on gagne cette dernière bataille. Et toute l’équipe pense pareil : on garde les pieds sur terre, on est humbles, à l’image de notre coach. Parce qu’on sait que ce sera dur vu que le dernier match européen qu’ils ont joué chez eux, ils en ont passé cinq à Alashkert.
Il faut forcément s’attendre à ce qu’ils vous mettent une énorme pression d’entrée de jeu ?
On pensait ça aussi à l’aller. Ou avant les matches contre le Legia. Et quand je dis « on », je veux dire les gens à l’extérieur. Mais nous, on sait qu’on a tout à gagner et rien à perdre. On a écrit une partie du livre, maintenant il faut le fermer et réaliser le rêve de tout le Luxembourg. Depuis que je suis arrivé, je sens bien que tout le monde porte beaucoup d’attention à ce club. Mais j’ai aussi l’impression qu’on commence à être fier de lui, juste parce qu’il est en passe de réaliser quelque chose qui n’a jamais été fait. Les Luxembourgeois ont envie d’accompagner ce club qui va écrire l’histoire, et même le soutenir.
Il n’y a jamais rien de sûr en football !
Un but, ça suffirait à votre bonheur selon vous ?
Mais il n’y a jamais rien de sûr en football! Soyons prêts à jouer 95 minutes à fond, disciplinés!
Comment avez-vous senti les attaquants du CFR Cluj à l’aller ?
Ils ont un vrai potentiel offensif. C’était une réelle motivation pour nous de savoir, comme face au Legia, que tout le monde nous voyait prendre l’eau face à ces gars. Et on a été solides. On est payés pour ça et, pour le moment, on a réalisé une première bonne bataille.
On les a vus très agacés, limite résignés au fur et à mesure que le match avançait…
Oui, ils étaient un peu contrariés. Mais tout grand joueur dans le monde pro sait relativiser et surtout reprendre confiance assez vite. Donc on va faire la même chose qu’à l’aller : ne pas se fier à ces signes et surtout ne pas leur lâcher de lest si on veut qu’il se passe quelque chose de grandiose.
On sent vraiment que tout le monde est concerné
On a vu la défense beaucoup parler avec Billel Omrani, l’attaquant français de Cluj, à chaque petite échauffourée. Notamment celle ayant suivi la blessure de Jonathan Joubert. C’était tendu?
Tous les joueurs ont leur façon de provoquer. Des coups, du chambrage, footballistiquement… C’était pour calmer l’atmosphère. Être sur ce genre de terrain, c’est un pur plaisir et on se refuse à laisser une mauvaise image. Pour nos parents, pour les enfants qui nous supportent… Alors on gère.
Il va falloir gérer, de nouveau, une ambiance a priori très hostile à Cluj…
Mais on joue au foot pour ces moments! Ce qui se passe à l’extérieur, ce n’est pas notre problème. Nous, on se rappelle juste que quand on était gamins, on rêvait de jouer dans des stades pleins avec des gens qui chantent. Au Legia, ça nous a réussi : c’est devenu une pression positive. J’espère qu’à Cluj, on retrouvera la même énergie et le même courage.
Ces derniers jours, avez-vous croisé beaucoup de gens qui vous ont parlé de ce match?
On sent vraiment que tout le monde est concerné. Nos familles, nos amis, les gens dans la rue. On nous reconnaît, on nous en parle. Ça donne la force de croire en ce rêve. Un sourire, une parole gentille, ça fait un de ces biens…
Recueilli par Julien Mollereau