Un échange acrimonieux entre Neuer et ter Stegen, des propos incendiaires du président du Bayern Uli Hoeness, et le flegme un rien dédaigneux de Joachim Löw : la rivalité entre les deux meilleurs gardiens allemands a tourné au psychodrame ces derniers jours.
Dernier épisode en date : le sanguin président Hoeness, cité mercredi par Sport Bild, menace de ne plus mettre ses internationaux à la disposition de la sélection si son gardien Manuel Neuer était déchu de son statut de numéro un au profit du Barcelonais Marc-André ter Stegen.
Tout commence mi-septembre, avec une interview donnée en Espagne par le portier des blaugrana à l’issue du dernier rassemblement de l’équipe nationale. Le joueur de 27 ans y exprime sa frustration d’être resté sur le banc pour les deux matches de qualification à l’Euro-2020, contre les Pays-Bas (défaite 4-2) et l’Irlande du Nord (victoire 2-0). « Ce voyage avec la sélection a été un rude coup pour moi », lâche-t-il. « Ce n’est pas facile de trouver une explication. Je donne le meilleur de moi-même à chaque match pour rendre la décision plus difficile ».
Mais ter Stegen a beau briller avec son club, rien n’y fait. Depuis le Mondial, il n’a joué qu’un match et demi sous le maillot aux quatre étoiles, en amical. Neuer l’indéboulonnable apprécie moyennement que son rival étale ses états d’âme : « Je ne sais pas si c’est indispensable et si ça aide l’équipe. Nous autres gardiens devons aussi nous serrer les coudes », tacle le Munichois de 32 ans, champion du monde 2014.
Le show du « FC Hollywood »
Double réponse de ter Stegen quelques jours plus tard à l’occasion du déplacement de Barcelone à Dortmund en Ligue des champions (0-0). En salle de presse : « Je ne pense pas que Manu doive s’exprimer sur mes propres sentiments et les juger. Ses propos sont inopportuns ». Et sur le terrain : un pénalty arrêté, et un match énorme qui sauve les Catalans d’une défaite.
C’est là que Hoeness entre en jeu, avec sa délicatesse coutumière : lui qui n’aime rien tant que montrer que le Bayern est une grande famille, fait mine de croire que son gardien est agressé. Et délivre une tirade destinée à passer dans l’histoire burlesque du « FC Hollywood », l’un des surnoms du Bayern. Extraits : « Manuel Neuer est le meilleur et ter Stegen n’a absolument aucun droit en équipe nationale ». « ter Stegen salit un sportif totalement irréprochable comme Manuel Neuer ». « On présente Manuel comme une vieille chose qui va s’arrêter après l’Euro-2020. Certains vont être étonnés. S’il continue comme ça, il va jouer encore cinq ans et ter Stegen d’ici là aura certainement déjà une barbe grise ».
Et de s’adresser directement à la Fédération allemande : « J’attends qu’ils prennent ce Monsieur ter Stegen entre quatre yeux et qu’ils lui expliquent que ça ne doit pas se passer comme ça ». Löw, le gentleman sélectionneur, pondéré en toutes circonstances, l’a pris de haut : « Je ne me laisse pas influencer par ce genre de choses. Ça me laisse totalement serein pour regarder vers l’avenir ». Neuer lui a décidé de fermer le ban, et de ne plus commenter les éructations de son président : « L’affaire est close, j’ai dit ce que j’avais à dire ».
Mais mercredi, Sport Bild a révélé la menace de Hoeness de ne plus libérer ses internationaux. Parler directement à Löw ? Hoeness ne s’abaisse pas à cela : « Il va bien entendre ce que nous avons dit, ses oreilles vont siffler ! »
LQ/AFP