Le milieu de terrain de Lommel a reçu une offre de prolongation de contrat, lundi, mais il veut d’abord voir de quelle nature sera le projet sportif et si d’autres portes ne vont pas s’ouvrir.
S’il y a bien un métier dans lequel les certitudes n’existent pas, c’est celui de footballeur. Chris Philipps a payé cher pour l’apprendre depuis ses débuts à Metz, mais pour la première fois depuis longtemps, le milieu de terrain va se permettre d’attendre. Lundi, une réunion de 1 h 45 avec ses dirigeants de Lommel lui a confirmé ce dont il se doutait déjà : un contrat est prêt pour lui dans le Limbourg. Le club compte bon nombre de joueurs en fin de bail ? Il a été le tout premier à être accueilli par ses dirigeants et ces prochaines semaines, les discussions vont se poursuivre autour des conditions, alors qu’il n’a pu jouer que deux petits matches de championnat. C’est un signe fort.
Une garantie, c’est bien. C’est un luxe même. Cela ne lui fera pas de mal, mais souvenons-nous que le garçon aux 75 sélections avait pris un risque en débarquant en D2 belge, avec une baisse de salaire notable. Et il ne cédera pas maintenant à la facilité. À 26 ans, quand on a le courage de faire passer sa carrière avant son confort matériel, on prend son temps : «Si je veux, je signe vite. Si je veux une sécurité pour moi, je le fais. Mais non, je veux des garanties sur le niveau sportif. Je ne veux pas me retrouver dans une équipe comme celle des six derniers mois, qui ne joue que pour rester dans la division. Cela ne m’intéresse pas. On essayait de jouer mais contre Louvain ou le Beerschot, on devait abandonner le ballon. Mes qualités ne sont pas faites pour ce football.»
La non-reconduction de Peter Maes, qui l’avait fait venir et dont Philipps aurait aimé le maintien, est un premier point. Lommel est parti d’une liste de 25 coaches potentiels. Il lui reste sept pistes à étudier et l’on saura vite qui est l’heureux élu puisque la reprise est programmée pour le 22 juin.
Le City Football Group est-il crédible ?
Mais c’est carrément le projet de City Football Group (CFG), le nouveau propriétaire, qu’il lui faut interroger. Il va déjà falloir faire de la place pour les jeunes de Manchester City que CFG veut faire grandir en Belgique. Il faudra ensuite faire en sorte que la mayonnaise prenne «et je suis bien placé pour savoir que même des jeunes bourrés de talent, ce n’est pas une garantie de réussite. Je le voyais bien quand Vincent Thill se retrouvait loin de son niveau, en réserve messine. En D2 belge aussi, ces jeunes de 17 ans trouveront des vieux de 35 ans qui voudront leur montrer qu’ils ne peuvent pas survoler le championnat». Il y a aussi, en corollaire, ce petit côté surréaliste pas déplaisant mais tellement déstabilisant du pays, où l’on parle désormais d’une requête pour une D1 à 20 clubs qui laisserait la D2 privée de ses meilleures équipes et Lommel pour l’animer.
«Est-ce que tout ça va aller avec mon projet ? s’interroge Philipps. Si je reste, je veux jouer pour monter. Je ne veux pas rester longtemps à ce niveau. Ils m’ont dit quels sont les joueurs qu’ils aimeraient faire venir. S’ils les ont tous, cela fera une belle équipe mais il faut être réaliste, ils ne les auront pas tous.»
Oui mais dans ce climat hautement incertain, CFG offre la garantie d’un budget solide. Pas assez pour Chris Philipps et qui se laissera le temps. Il reste «ouvert pour tout». Parce que ce mercato va durer. Très longtemps. Et que les clubs allemands, notamment, qui se sont intéressés au cas Philipps l’hiver dernier mais se demandaient si le garçon avait le volume physique nécessaire (il a reconnu récemment qu’il ne l’avait pas, mais assure l’avoir retrouvé), doivent maintenant attendre la fin des championnats, d’ici un gros mois pour savoir où ils seront et de quels moyens ils disposeront pour construire la suite.
«Je ne veux pas prendre une décision trop tôt pour me fermer des portes qui pourraient s’ouvrir dans quatre ou cinq semaines», dit donc Philipps qui pourrait rentrer au pays pour s’entraîner, trouver un groupe pour retoucher le ballon, rester au foot pour prendre la bonne décision au moment juste.
Julien Mollereau