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Chris Philipps : « J’ai de la chance d’être footballeur »


Se contenter de repousser Neymar pour qu'il repasse vers l'arrière. C'était déjà un boulot à part entière pour Chris Philipps. (photo AFP)

Après les Bleus à Toulouse, Neymar à Saint-Symphorien. Ça a été dur, mais ça en valait la peine. Chris Philipps, qui s’est offert un match de Coupe au Nord, dimanche s’est fait plaisir la semaine passée.

Vous-même aviez du mal à vous imaginer titulaire face au PSG après le match face à la France, à Toulouse. Comment vous êtes-vous retrouvé là ?

Chris Philipps : Je suis revenu mardi, mais je n’ai pas fait grand-chose d’autre que courir un peu. En tout cas, je n’ai pas participé à l’entraînement collectif au cours duquel le coach a effectué la mise en place et travaillé tactiquement. Mercredi, il y a juste eu une petite opposition et la mise en place de jeudi, la veille du match, était vraiment minimaliste, mais c’est là que j’ai compris. Les résultats ne sont pas très positifs pour le moment à Metz, alors c’est peut-être plus facile de changer l’équipe dans ces moments-là. Certains sont peut-être dans le dur et le coach a dû vouloir profiter du fait que moi je débarquais avec beaucoup de confiance et sur une dynamique positive…

Il ne vous l’a pas expliqué ?

Quand on est revenus avec Vincent, il nous a félicités pour ce qu’on avait fait mais nous a aussi fait comprendre qu’il fallait se reconcentrer immédiatement sur l’essentiel, se remettre tout de suite dans le projet. Et il l’a très bien fait. Vendredi, j’avais vraiment envie de le jouer ce match.

Qui a été plus dur que face aux Bleus ?

Beaucoup plus dur. Ils ont mis beaucoup de rythme, les Parisiens. Pourtant, on a bien réagi après la première demi-heure et on a eu ce qu’on n’a pas eu à Toulouse avec le Luxembourg : des ouvertures. On n’était pas mal avant ce carton rouge exagéré (NDLR : infligé à Assou-Ekotto). D’ailleurs, la réaction des fans était assez positive. Ils se sont montrés contents de ce que l’équipe a produit. On les a inquiétés.

Parlons de vous. Après la France et le PSG, vous vous sentez comment ?

Quand je suis rentré chez moi, ce week-end, j’ai dit à ma copine et à mes parents que ça allait me faire du bien de couper un jour et demi, histoire de revenir à la normale. Enchaîner la France puis le PSG, qui est un cran encore au-dessus, me montre à quel point j’ai de la chance d’être footballeur. Profiter de ces moments-là, oui mais c’est bien que ça ne soit pas tous les week-ends.

Maintenant, le challenge pour vous, ce serait de parvenir à enchaîner en restant titulaire, dans des matches où il faudra impérativement prendre des points : Angers puis Troyes.

La saison passée, j’ai beaucoup affronté ce genre d’équipes que sont le PSG, Lyon, Monaco, Marseille… Mais on a aussi gagné avec moi contre Dijon, Montpellier… Ça veut dire que j’en suis capable. Le jeu avec ballon, c’est mon point fort. Le coach le sait. J’ai envie qu’il continue de me faire confiance. Par rapport à la semaine que je viens de vivre où j’ai été à bloc sur la concentration mais aussi ma prestation, assez encourageante. Je me suis trouvé beaucoup plus calme que la saison passée balle au pied, j’ai gagné en maturité. Et puis je me mets moins de pression puisque je traverse un moment sympa avec ces grands matches et ma prolongation de contrat d’une année…

Beaucoup de suiveurs du FC Metz vous ont annoncé derrière avant ce match contre le PSG. À cause de France – Luxembourg ou cela a-t-il trotté dans la tête de Philippe Hinschberger ?

Non, je crois qu’on m’a annoncé là vraiment à cause du match contre la France. Le club a recruté à ce poste avec Wollscheid et on m’a fait prolonger pour ce poste de récupérateur. Le coach ne me voit pas ailleurs, mais j’espère qu’il a vu contre les Bleus qu’on pouvait aussi me faire confiance dans l’axe…

Vous vous êtes retrouvé, vendredi soir, au cœur de l’invraisemblable triangle des Bermudes que représente ce nouveau trio Neymar-Mbappé-Cavani. Impressionnant ?

On s’interrogeait un peu avant le coup d’envoi. Ils venaient tous de rentrer de sélection et ils jouent en Ligue des champions mardi. Donc on avait un petit espoir qu’ils n’alignent pas tout le monde. On ne s’était pas préparé à ça et quand on a vu la feuille de match, on s’est dit « putain, ça va être compliqué ». C’est le top du top, mais bon, au moins, je connaissais leurs caractéristiques. Cavani, je l’avais quand même joué deux fois la saison passée et Mbappé, je l’avais joué cinq jours plus tôt. Finalement, il n’y avait que Neymar que je n’avais vu qu’à la télévision. J’étais un peu dans l’observation. Vu que ses prises de balle étaient plutôt stagnantes, il était surtout nécessaire de l’empêcher d’aller vers l’avant. Après tout, c’est aussi ça, le rôle d’un défensif : pas forcément de lui prendre la balle tout le temps, mais aussi de le forcer à repasser par l’arrière.

Donc ? Il ne vous a pas impressionné tant que ça ?

Il n’était pas dans son registre habituel. Il s’est vite retrouvé dans une situation de passeur et dans ce domaine, je ne le savais pas si fort que ça. Le joueur d’élimination, je connaissais puisque c’est sans doute le meilleur au monde, mais ses passes en profondeur, c’est quelque chose. On se demandait parfois « mais d’où il sort ça ? ». Notamment son extérieur sur le premier but. C’était impressionnant.

La carrure d’un futur Ballon d’or ?

Sur le terrain, vendredi soir, je crois qu’il y en avait deux des futurs Ballons d’or non ? Parce que Mbappé… En plus, ils se recherchent déjà constamment alors qu’ils n’avaient presque pas de séance ensemble. Vous imaginez quand ils auront pu travailler leur complémentarité à l’entraînement ?

Physiquement, malgré les 90 minutes éprouvantes de Toulouse, on vous a senti encore frais en fin de rencontre.

Je travaille dur tous les jours pour être prêt pour ce genre de choses. Mais moi aussi je me posais la question car je venais d’enchaîner deux matches en tant que défenseur central (NDLR : le Belarus puis la France), un poste avec un volume de courses moins important. Je ne savais pas où j’en étais au milieu et je pense que l’adrénaline m’a aidé à tenir.

Qu’avez-vous fait de votre week-end ?

C’était bien d’avoir l’occasion de retomber sur terre, de me retrouver dans un contexte différent et de me reconcentrer. Parce qu’on a quand même été beaucoup sollicités la semaine dernière. C’est bien de retrouver de la normalité.

Entretien avec Julien Mollereau