Plusieurs centaines d’anonymes assistaient mardi dans le village limousin de Saint-Léonard de Noblat aux obsèques de Raymond Poulidor, mort mercredi 13 novembre à l’âge de 83 ans.
Sous un froid vif et un léger brouillard, les plus fidèles s’étaient massés dès l’aube derrière les barrières barrant l’accès de la collégiale, où près de 500 personnes ont pris place pour une cérémonie religieuse mêlant accordéon, évangiles et hommage du directeur du tour de France, Christian Prudhomme.
Les habitants de Saint-Léonard, ce bourg de Haute-Vienne où Raymond Poulidor résidait, étaient présents, comme Jeanine, «très triste. Il a tant fait pour la notoriété de Saint-Léonard. Lorsqu’en vacances nous parlions de notre village, les gens nous répondaient « le village de Poulidor »», dit-elle des sanglots dans la voix.
À l’intérieur de la Collégiale, Claude Mazeaud, 82 ans, est venu de Lalinde, en Dordogne, à 2 h 30 de route. « J’étais coéquipier avec lui en 1962 et 1963. C’est très dur pour moi. C’est une image du cyclisme qui disparaît, notre génération. On était vraiment copains », raconte-t-il. « Je suis allé le voir à l’hôpital quand il était malade, il souffrait. »
À l’entrée de Saint-Léonard, une grande banderole postée au-dessus de la route saluait les visiteurs d’un message sobre : « Merci Poupou » accompagné de la photo de Raymond. Au-dessus du porche de la Collégiale, un grand portrait de « Poupou » dans ses vieux jours, mais toujours sur sa bicyclette, faisait un grand geste d’adieu souriant.
D’anciennes gloires du cyclisme étaient présentes
« Il va nous manquer. C’est sûr, ça fait un grand vide », soupirait Bernard Thévenet, vainqueur de deux Tours de France, saluant un champion « connu de façon intergénérationelle. Connu par des gens qui ne l’ont pas vu sur un vélo ! Ce qu’on peut regretter, c’est qu’il ne verra pas tous les succès de son petit-fils Mathieu van der Poel. » Trés ému, Bernard Hinault n’a pour sa part pas souhaité s’exprimer tôt mardi.
Peu après l’arrivée de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, le cercueil de Poulidor, salué par les applaudissements de la foule, est entré dans l’église, porté notamment par Thévénet et Hinault, au son d’un air d’accordéon qu’il aimait, « Bruyères corréziennes« .
À l’intérieur de la Collégiale romane, dans le chœur, trônaient deux grandes images du champion aux prises avec ses deux rivaux historiques, Jacques Anquetil, lors d’un duel mythique des deux hommes au sommet du Puy-de-Dôme, et Eddy Merckx.
La cérémonie devait durer toute la matinée, avant que le champion soit incinéré dans l’intimité l’après-midi.
LQ/AFP