Maxime Chanot et New York affrontent Philadelphie, ce dimanche soir. S’ils l’emportent, ils joueront la finale du championnat de MLS.
Quel est votre état de forme avant la finale de conférence Est après une année à 43 matches et trois allers-retours avec l’Europe?
Maxime Chanot : Fatigué. On a joué 120 minutes. Et même 130-140 si on compte les penalties. En plus, sur un synthétique. En fin de saison, c’est long même si c’est plus facile à digérer quand tu gagnes. C’est même génial quand ça se termine comme ça.
Vous avez déjà frappé des tirs au but en sélection. Pourquoi pas contre New England?
Dix minutes avant la fin, j’ai commencé à avoir des crampes au mollet. Franchement, j’étais éclaté! J’ai demandé à tirer et à la base, j’étais dans la liste mais le coach a fini par me placer en sixième position. Mais promis, si on doit repasser par les tirs au but dimanche, je frapperai!
Pour une fois, la malédiction du premier s’est acharnée sur une autre équipe que la vôtre.
Je vous l’avais dit la dernière fois! Cela s’est aussi passé comme ça dans la conférence Ouest : le premier de la saison régulière, où les Rapids du Colorado ont été éliminés par le 4e. Non, terminer premier de la saison régulière, dans ce championnat n’est absolument pas un avantage. On l’a senti, New England n’y était pas dans les vingt premières minutes.
Vous avez éliminé une équipe qui a survolé la saison régulière. Cela fait de vous le favori pour le titre, désormais?
Pas vraiment, non. Il faut vivre ici pour se rendre compte que les play-offs, c’est quelque chose de très particulier. Les journalistes ont tendance à simplifier. Mais on reste des outsiders. Dimanche, à Philadelphie, on va jouer devant 20 000 spectateurs contre l’équipe qui a remporté le Supporter Shield l’an passé (NDLR : le titre de vainqueur de la saison régulière).
Et ce sera encore à l’extérieur ce qui est un vrai désavantage face à une très bonne équipe qui est sur un long cycle. C’est très fort offensivement, bien équilibré, avec tous les automatismes requis, ce qui arrive quand tu travailles sur plusieurs années. C’est ça la clef du football moderne. Nous aussi, on a cette dynamique. De plus en plus de franchises se rendent compte qu’il faut des cycles de quatre ou cinq ans.
On reste des outsiders
Autre désavantage pour ce dimanche : votre meilleur buteur, Valentin Castellanos, sera suspendu.
Oui, il est le meilleur buteur du pays. Quand tu ôtes son meilleur joueur à une équipe, forcément… C’est surtout qu’il sait très bien garder le ballon et que cela peut aider quand tu joues en déplacement. C’est un peu un Agüero. Mais on a Héber qui est en train de bien revenir pour le remplacer…
Même si des gens risquent de rigoler en lisant ça, la MLS va devenir une des meilleures ligues du monde
Quel genre de match vous attend-il pour cette finale de conférence?
Cela fait six ans et une dizaine de matches de play-offs que je fais et si on peut penser, vu d’Europe, que cela peut être fermé parce que cela se joue sur un match mais non, pas du tout. Si vous avez envie de voir des buts, il faut regarder les play-offs de MLS. Le foot, ici, cela reste basé sur le spectacle.
Ce n’est pas comme en France, par exemple, où vous vous déplacez pour ne pas perdre. Non, ici, on vient pour gagner. Pour nous, les défenseurs, c’est l’enfer. Les défenses, en MLS, peuvent finir la saison en ayant pris 55-60 buts. Mais ici, tu ne défends pas avec huit joueurs. Même si des coaches comme Stam, Vieira, De Boer, Heinze sont arrivés avec leur vision plus européenne du football.
À quoi ressemble la couverture médiatique autour des finales de conférence?
À New York, il commence à y avoir un vrai engouement. Mais le soccer, c’est devenu le sport n° 1 chez les jeunes de moins de 16 ans comme il l’est depuis très longtemps chez les femmes. En termes de droits télé, le soccer vient de dépasser le baseball et ce n’est pas rien.
Il y a encore beaucoup à faire par rapport au basket et au football américain, mais souvenez-vous bien de ce que je vous dis : après le Mondial-2026, ce championnat va littéralement exploser et même si des gens risquent de rigoler en lisant ça, la MLS va devenir une des meilleures ligues du monde.
Ils ont mis tout un « process« en place et ce n’est que le début. Les affluences sont déjà l’équivalent de ce qui se passe en France. Ils ont mis assez de moyens financiers pour laisser la situation en l’état.
Pour l’heure, il est surtout question pour vous d’ouvrir votre palmarès.
C’est sympa à vivre dans une carrière, conquérir une bague de champion. Ça fait partie de ma culture maintenant, depuis six ans que je suis là. Et ce serait important après tous les efforts consentis pour le club…
Julien Mollereau