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Candidature : «On investit parce que Differdange peut avoir un grand avenir dans le sport !»


Fred Bertinelli (en rose), échevin des Sports, veut mettre la flèche en plein dans la cible. De gauche à droite, le bourgmestre de Differdange, Roberto Traversini, Georges Liesch, échevin des Affaires scolaires, et Erny Muller, premier échevin, vont le soutenir dans ses efforts. (Photo : Isabella Finzi)

La commune de Differdange présentera samedi son projet pour devenir ville européenne du sport en 2018. Fred Bertinelli, son échevin des Sports, nous a expliqué pourquoi.

Ce label (auquel une commune luxembourgeoise postule pour la première fois) viendrait récompenser la Cité du fer qui ne jure plus que par ce créneau, ces dernières années.

L’université Lunex accueillera samedi la présentation du projet de candidature de Differdange au titre de ville européenne du sport. Face aux représentants de la commune, un jury européen chargé d’estimer si cette dernière est éligible à un tel label. L’ACES, association sans but lucratif qui le décerne aux villes comprises entre 25 000 et 500 000 habitants, promeut, depuis 2001 «l’éthique et le rôle du sport dans l’amélioration de la qualité de vie, de la santé physique et psychologique et de son intégration dans les différentes catégories sociales», rien que ça.
Face à ces gens, Differdange a un plan en béton : «En tant que Petit Poucet de la compétition, nous voulons jouer à fond la carte de la sympathie et de l’unité afin de placer notre ville, mais aussi tout le pays, sur la carte européenne du sport.» Fred Bertinelli est allé pour nous un peu plus à fond dans le détail.

D’où cette candidature sort-elle?

Fred Bertinelli : On vient tout juste de dépasser les 25 000 habitants, condition pour postuler. On en a 1 000 en plus. Cela fait donc six mois qu’on travaille sur cette candidature. Il y a 15 autres candidats dont on ne sait pas grand-chose car le Parlement européen n’aime pas trop communiquer là-dessus. De notre côté, avec tout ce que nous faisons pour le sport ces dernières années, on se disait qu’on pourrait mettre les moyens pour dédier une année complète au sport.

On n’a plus le créneau industriel alors on va prendre celui du sport

Les sommes dépensées ces dernières années en équipements sportifs sur la commune étaient-elles seulement des dépenses d’opportunités bienvenues ou y avait-il, derrière tout ça, l’idée d’un projet cohérent et bien plus grand? Car l’ensemble de vos investissements commence, depuis un ou deux ans, à revêtir les atours d’une vision très orientée…

Entre le Parc des sports d’Oberkorn et la piscine, nous avons mis environ 75 millions d’euros. La piste d’athlétisme a été budgétisée entre 13 et 17 millions. Il y a aussi la rénovation du Thillenberg, les installations de Lasauvage, celles du Progrès… Tous les chiffres seront dans notre présentation, mais j’estime que sur les quatre dernières années, plus de 200 millions ont dû être investis alors que le budget annuel de la ville oscille entre 40 et 45 millions. Alors même si ça ne passe pas cette fois, on refera une candidature et surtout, on fera quand même tout ce qu’on a en tête pour le sport en 2018. On veut que Differdange devienne une ville sportive, c’est dans l’intérêt de la commune et on va rechercher des gens capables d’investir là-dedans. On n’a plus le créneau industriel alors on va prendre celui du sport. Il y a 7 000 jeunes dans notre ville. Entre les infrastructures et la recherche, on va aller dans ce sens.

Petite parenthèse : où en est le projet de piste d’athlétisme au Woiwer?

Cela fait dix ans que le ministère des Sports cherche un endroit et on a investi du temps pour en trouver un, afin de construire une piste olympique avec gradins d’environ 500 places. L’accord préalable des quatre communes (Käerjeng, Pétange, Sanem et Differdange) est là. Nous devons encore avoir quelques réunions pour finaliser les plans. Dans l’idéal, on pourrait commencer à construire en fin d’année prochaine.

Finalement, n’est-ce pas, au-delà des infrastructures sportives, tout le versant universitaire que vous avez le plus intérêt à vendre auprès de l’ACES?

L’université Lunex commence effectivement a très bien tourner. L’année dernière, énormément de managers de Bundesliga – dont un qui s’occupe de Mesut Özil et est venu raconter pourquoi les joueurs de foot coûtaient si cher à l’heure actuelle – et de Ligue 1 sont venus donner des cours à Differdange. Samedi dernier, 125 médecins spécialisés dans le sport s’y étaient donné rendez-vous. Cela va donner quelque chose de formidable. On est en train d’investir parce qu’on pense que Differdange peut avoir un grand avenir dans le sport.

Vous commencez effectivement à trouver une place quasi mondiale au niveau de l’enseignement…

Lunex a effectivement une joint-venture avec l’université de Shanghai, qui nous expédie des entraîneurs de tennis de table par exemple. En fait, ils sont aussi assez forts en athlétisme et en gymnastique. Et le but, ce serait que les Chinois nous envoient des entraîneurs sur place pour que tous les entraîneurs européens qui vont se former chez eux le fassent plutôt au Luxembourg. Des champions du monde sortent de cette université de Shanghai, alors ce n’est pas plus mal d’avoir un canal direct avec ces gens-là. L’université d’Oxford, aux États-Unis, s’intéresse d’ailleurs beaucoup à ce partenariat et serait aussi partante pour nous rejoindre. Elle compte 27 000 étudiants. Comme celle de Miami est déjà présente à Differdange, l’idée, c’est de servir d’intermédiaire entre ces trois ou quatre grandes universités. On va vraiment jouer notre carte à fond ces prochaines années.

Au niveau universitaire, on va vraiment jouer notre carte à fond ces prochaines années

Il vous rapporterait quoi, ce label? Une image de marque?

L’élan pour organiser des événements encore plus poussés en 2018. Des tournois de karaté ou de football qui ouvrent traditionnellement leurs portes à des clubs étrangers pourraient aller encore plus loin, voir plus grand, avec le soutien de la commune.

Que représente le sport dans la vie des Differdangeois, selon vous?

Nous comptons 70 clubs. J’estime que tous les clubs de foot rassemblent entre 3 000 et 4 000 personnes. Il doit y en avoir plus de 1 000 réunies autour des trois clubs de gymnastique. Plus de 300 autour des arts martiaux. Je dirais que 15 000 à 20 000 personnes font du sport sur toute la commune et ça va encore augmenter avec la piste d’athlétisme, qui accueillera des gens de tout le pays.

Finalement, votre seul regret des dernières années, c’est que Claude Meisch n’ait pas réussi à attirer l’État à Oberkorn pour y construire le stade national?

On n’aurait pas dit non, effectivement. Mais avec l’athlétisme, on obtiendra quelque chose d’envergure internationale.

Julien Mollereau