Depuis 2012, plus aucun club luxembourgeois n’a franchi le 1er tour de la C1. Et le club eschois a une opportunité unique.
Ça commence gentiment à ressembler à une petite malédiction. Si les clubs luxembourgeois se font plutôt plaisir en Europa League depuis une petite décennie, la Ligue des champions est devenue pour eux (le F91 et le Fola puisqu’il s’agit toujours des deux mêmes), au fil des ans, une terre brûlée où rien ne pousse et surtout pas les qualifications, même quand elles devraient être logiques.
Jugez plutôt : depuis 2012 et l’exploit majeur de la génération dudelangeoise emmenée par Didier Philippe, qui a éjecté le Red Bull Salzbourg de la C1 au bout de deux matches fous (1-0, 3-4), plus aucun champion national n’est parvenu à passer le cap du 1er tour. Pour ce qui est des confrontations avec le Dinamo Zagreb (2013 et 2015), Qarabag (2016) et l’Apoel Nicosie (2017), ce n’est pas totalement illogique, même si à chaque fois, un joli match nul est venu embellir le tableau et apporter une infime touche de regrets. Mais contre Mol Vidi en 2018, La Valette en 2019 voire Tiraspol en 2020, la déception était à la hauteur des largesses dont bénéficiaient Dudelange et son homologue eschois contre des adversaires plutôt abordables.
Il faut surmonter le traumatisme
Neuf ans après, tirer l’équipe de Gibraltar des Lincoln Red Imps, l’une des équipes a priori les plus faibles du 1er tour, ressemble à une aubaine qu’il faut absolument saisir. Pour ça, il faudra à cette équipe surmonter ses propres démons, qu’elle s’est infligés la saison passée. Une élimination imméritée contre le Sheriff, en Moldavie (2-0) sur un match unique, avant une autre, horrible, humiliante, traumatisante, contre Ararat-Arménie (4-3 ap) alors que les Eschois menaient 1-3 dans les arrêts de jeu.
Le contrat, ce mardi soir, au Galgenberg, est assez simple. Battre en deux rencontres un adversaire qui est intrinsèquement inférieur au champion du Luxembourg et sans avoir à se préoccuper du but inscrit à l’extérieur puisque l’UEFA a mis fin à cette règle vieille de plus d’un demi-siècle. Celui qui passera sera le meilleur, tout simplement. Il faudra juste faire sans Pimentel, suspendu à l’aller, avec huit nouveaux joueurs qui ont commencé, lentement, à trouver des automatismes avec le reste de l’effectif, une défense qui a perdu Sacras et alors que Delgado reste convalescent. Soit 50 % de la défense titulaire de l’an passé. «Non mais on a fini la saison avec Muharemovic en défense centrale, donc c’est seulement 25 %, tempère Grandjean. Et Grisez, côté gauche, c’est expérimenté. Non, de ce côté, on est largement apaisés : la stabilité défensive, on l’a.» Reste à trouver l’explosivité offensive, à faire voler le mur en éclats et rejoindre, enfin, un 2e tour de C1. Le vainqueur de Cluj – Banja Luka attend.
Julien Mollereau
Un Fola toujours d’attaque ?
Les départs de Hadji et Sinani se paieront-ils cher ?
Avec 89 buts inscrits en BGL Ligue la saison passée, le Fola a frappé un très grand coup, établissant le deuxième meilleur total en moyenne du siècle. On était quasiment sur du trois buts inscrits par rencontre à la fin mai. Six semaines plus tard, on retrouve une équipe privée de Zachary Hadji, parti à Lausanne et qui s’était rendu coupable de 33 buts et 5 passes décisives. Parti aussi, Dejvid Sinani, ses 16 buts et ses 13 passes.
Il s’agit donc, forcément, de remettre le tout en ordre de bataille, surtout que pour Sébastien Grandjean, les données du match sont claires : «En face, il y a une équipe expérimentée qui sait fermer un match et maîtrise toutes les ficelles pour nous contrarier. On part vers un match comme ça : la possession pour nous, le contre pour eux. On devra faire sauter le verrou.»
Il va falloir trouver de nouveaux «match-winners», avec un Jules Diallo qui a les adducteurs qui sifflent, un Boutrif et un Correia qui pourraient faire leur âge (21 et 19 ans) dans un tel contexte, mais aussi des alternatives à explorer avec la plus grande attention. Michael Omosanya, par exemple. Qualifié de «nouveau Gerson Rodrigues» à sa présentation, le transfuge luxembourgo-nigérian de Mondercange a déjà séduit Sébastien Grandjean : «C’est un diamant brut. Il y a encore beaucoup de travail dans le placement, les déplacements, le pressing… Par contre, il se tait, il écoute, il travaille et il a toujours le sourire.» S’il devait jouer, ou entrer en jeu, c’est plutôt des buts que ses coéquipiers espéreront de ce n° 9.
Mais ils viendront peut-être plus sûrement de Stefano Bensi. Lui qui a mis fin à sa carrière internationale pour se «consacrer à (s)on club», jouera son 22e match européen ce soir et espérera inscrire au moins son troisième but continental. «Il est très « fit », physiquement et mentalement», s’est félicité Grandjean, lundi. Lui qui avait trouvé des alternatives plutôt très crédibles pour compenser l’absence de son Roude Léiw, une partie de la saison passée (ce qui a coûté pas mal de temps de jeu à Bensi en fin de saison), estime qu’on va retrouver le Bensi des très grandes heures : «Ah si ça continue comme ça, oui, il va exploser ! Et cette fois, on va bien gérer son physique.» Tremble, Lincoln Red Imps.
J. M.