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C1 – Ils tirent à boulets rouges sur Mourinho


L’élimination de Chelsea par la petite porte désigne clairement à la vindicte populaire son sulfureux entraîneur Jose Mourinho.

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Mourinho devra se faire tout petit pendant un petit bout de temps. (Photo : AFP)

Jusque-là, la contestation semblait pourtant muselée, les résultats validant les orientations du charismatique technicien. La débâcle contre le PSG, et surtout les conditions dans lesquelles elle s’est produite, pourraient pourtant avoir réveillé les consciences anglaises. « Chelsea a eu ce qu’il mérite, résume ainsi John Aldridge, l’ex-joueur de Liverpool. Leur façon de jouer reflète la personnalité de leur entraîneur. Être négatif à domicile, ça fonctionne rarement. »

Écœuré d’avoir assisté aux trucages à répétition, aux tentatives d’intimidation et au pourrissement du 8e de finale retour contre le PSG (2-2 ap), le pays s’est ainsi mis à tirer à boulets rouge sur le confortable leader de Premier League et sur son général, qui avait déjà usé jusqu’à la corde des mêmes artifices contre Barcelone lors de son mandat avec le Real Madrid. « Ce n’est pas la première fois que ça arrive avec une équipe de Mourinho, rappelle l’autre ex-Red Jamie Carragher, consultant vedette de Sky. C’est pourquoi je pense que ses équipes seront toujours respectées, mais jamais vraiment aimées. »

> Des Blues devenus avares du moindre effort

Arrogants, suffisants, ses Blues, qui ont peut-être pensé que leur but heureux au Parc suffirait encore, se retrouvent également sortis de la C1 pour la deuxième fois d’affilée après avoir ramené un nul d’un déplacement au match aller puisque, avant le 1-1 du Parc des Princes, il y a avait eu en demi-finale en 2014 le 0-0 contre l’Atletico Madrid. Si cela s’explique probablement, comme l’a reconnu Mourinho ensuite, par une incapacité tactico-mentale à prendre son destin en main pour finir le travail plutôt que d’attendre la faute de l’adversaire, cela traduit sûrement aussi un léger complexe de supériorité du richissime représentant du plus puissant championnat.

En quelques semaines, l’équipe emballante du début de saison est ainsi devenue une écurie comptable de ses efforts, où l’on roule à l’économie, où l’on coupe le contact dès que l’on est en situation d’avantage, où l’on se contente de peu finalement. À force de jouer avec le feu, logiquement, elle a fini par se brûler. Un constat que le calendrier chargé ne peut masquer et qui pourrait finir par coûter cher aux Blues s’ils ne se reprennent pas. Même s’ils comptent cinq points d’avance sur leur dauphin en championnat après avoir déjà remporté la Coupe de la Ligue début mars.

Vainqueur de 21 de ses 28 premiers matches, Chelsea, empêtré dans sa logique, a ainsi remporté seulement cinq des onze dernières rencontres. L’an passé, son nul à Stamford Bridge contre Cardiff après l’élimination en C1 l’avait privé du titre en championnat. Contre Paris, seul Hazard a semblé chercher à jouer et voir Fabregas ou Oscar, pourtant de magnifiques techniciens, ainsi que le buteur Diego Costa, bizarrement plus motivé par les chevilles de l’adversaire que par le but, chercher en priorité à faire déjouer l’adversaire plutôt que d’imposer leur jeu a accentué le sentiment de gâchis. À la différence du passé et déboussolé par la naïveté de son équipe malgré sa supériorité numérique, Mourinho a paru sonné par ce scénario, reconnaissant qu’il s’agissait d’une « surprise qu’il voulait comprendre ». Ce rare accès d’honnêteté intellectuelle peut-il être le premier pas vers des aveux et la reconnaissance que sa méthode requiert une remise en cause ?

AFP