Le F91 est revenu de Séville plein de sentiments contradictoires, qu’exprime au mieux l’un des plus anciens au club, Bryan Mélisse. Entre frustration et fierté, regrets et joie, il va passer le cœur léger au choc contre le RFCU en ayant hâte de voir l’Olympiakos.
Il était de l’exploit de Salzbourg en 2012, mais l’a déjà enterré, dit-il, sous une foule de nouveaux souvenirs encore plus dingues. Le Français, qui a pris du recul sur son activité de crêpier l’espace de trois mois, afin de vivre au mieux l’aventure européenne unique que sont les poules de l’Europa League, est revenu avec nous sur ce duel andalou qu’il a fini avec des crampes et une frustration mêlée d’admiration pour le Betis, nouveau cador de la Liga espagnole.
Méritiez-vous de perdre 3-0 ?
Bryan Mélisse : Je trouve que c’est un peu dur par rapport au match qu’on livre. Si tu n’as pas vu le match, tu dirais qu’on a été bidons.
Vous encaissez deux buts en fin de match, en vous projetant énormément vers le but dans l’espoir de revenir. Qui a déclenché ce baroud d’honneur qui vous a été préjudiciable, même s’il prouve que vous avez joué le jeu ?
Cela s’est fait naturellement. On s’est tous dit, j’ai l’impression, que si on continuait à ne faire que défendre, on n’allait pas avoir énormément plus d’occasions de but que le peu qu’on avait déjà eues. Alors voilà, on se découvre et on se met dans le rouge. Moi, je n’aurais pas pu vivre avec cette idée qu’on n’avait pas poussé pour essayer de revenir. C’est dans notre état d’esprit, on veut jouer le jeu. On est là pour essayer de faire quelque chose, pas pour se gâcher note campagne d’Europa League et ne pas prendre de plaisir.
Mais vous parlez de cette fin de match fatal, or les données physiologiques des joueurs montrent que vous n’avez pas été si souvent dans le rouge que ça…
Non, mais ça allait parce qu’on était préparés psychologiquement à ne pas avoir le ballon. Les efforts, on les a faits. Mais les faire tout le temps sans le ballon, c’est ça qui est usant. On en fait aussi en DN, des efforts, et peut-être même des plus violents. Mais là, on les faits avec le ballon et c’est complètement différent. Sans le ballon, ça use dans la tête et ça finit par avoir un impact sur le corps. Ne jamais toucher le ballon ou alors ne l’avoir que trois ou quatre secondes, c’est usant. On ne va pas dire qu’à Séville, il y a eu de la lassitude parce qu’on savait que ça arriverait, mais on n’a quand même pas l’habitude. En DN, c’est nous le Betis…
Vous dites qu’en DN, le Betis, c’est vous. Pensez-vous avoir eu un aperçu de ce que vous faites subir à certains clubs de BGL Ligue, tous les week-ends ?
Oui, je pense que ça doit leur faire ça, qu’ils doivent subir un peu ce genre de sensations. Pour nous aussi, c’était frustrant, mais on est en Coupe d’Europe et même si tous les matches devaient ressembler à celui-là, on serait quand même contents. Hey, quand c’est après le Betis Séville que tu cours, il y a du bonheur dans la souffrance! Mais je suis vraiment admiratif de ce qu’ils nous ont fait. Jeudi, on a vu qu’ils sont plus qu’un cran au-dessus de nous.
Pourtant, le F91 n’a pas démérité et a même eu, encore, des occasions de marquer. Cela va être ça, l’objectif contre l’Olympiakos ?
Les seuls regrets qu’on peut avoir, effectivement, c’est de ne pas en avoir mis un. Surtout après cette superbe action collective, après deux minutes de jeu. Et puis il y a eu cette tête de Dave, sur corner. Moi, j’étais juste derrière lui et franchement, je la vois au fond.
Au début, j’en étais sûr et quand je vois le gardien partir, je me dis qu’il va, au mieux, la toucher, mais qu’elle rentrera quand même. Je n’avais pas encore levé les bras, mais j’en étais vraiment sûr. J’ai été vraiment surpris qu’il la sorte, mais c’est vraiment un bon gardien. Cela dit, on progresse beaucoup, individuellement et collectivement dans ce genre de rencontres. On vient de faire deux matches et on n’a pas été ridicules. Il en reste quatre et je pense que l’on peut prendre plus qu’un point. En tout cas, j’espère. Je pense vraiment qu’on peut avoir plus qu’un point à la fin des six matches.
Le retour à la DN, dans ces conditions, c’est facile ?
Mais la DN, c’est notre quotidien. Disons qu’on est moins déçus d’y retourner que contents de jouer en Europa League. Et puis il nous reste encore quatre matches à faire en Europe. Quand ce sera le dernier, que ce sera fini, oui, peut-être qu’il y aura un peu de déception… Mais là, en plus, ce dimanche, on joue contre le RFCU, une équipe qui va y aller et ne pas nous attendre derrière. Ce match, j’ai envie de le jouer.
Entretien avec Julien Mollereau