Équipière modèle et vainqueur, dimanche, de l’Omloop van de Westhoek, la Luxembourgeoise, membre de la commission Sécurité à l’UCI, symbolise l’union qui existe au sein de l’équipe SD Worx.
Passer des heures sur une selle à bouffer du vent, par tous les temps, ça vous tanne le cuir. Du haut de ses 34 ans, dont 11 passés avec le tricot national sur le dos, Christine Majerus ne laisse pas indifférent. Capable d’exprimer et défendre ses idées avec opiniâtreté, la Luxembourgeoise a une certaine gouaille. Débit rapide et mots choisis, son vocabulaire reflète une ligne directrice qui l’a conduite, très récemment, à intégrer à l’UCI la commission compétente pour la sécurité des coureurs. «C’était la seule commission dans laquelle les femmes n’étaient pas représentées. En tant que licenciées, on a le droit de prendre part aux décisions qui nous concernent tout autant que les garçons», fait remarquer l’intéressée. «Alors des associations de coureurs ont fait un peu de lobby auprès de l’UCI pour la création d’un poste.» Pas du genre à tergiverser, Majerus a répondu favorablement à l’appel du pied du CPA (Cyclistes professionnels associés) : «En fait, le CPA a sondé mon équipière Ashleigh (Moolman) et moi. Ensuite, le CPA a proposé mon nom à l’UCI, qui l’a accepté.»
À l’écouter, on se dit que la fonction relève de l’évidence. «Avant d’accepter, j’ai quand même appelé Matteo Trentin (NDLR : membre de cette commission, tout comme Philippe Gilbert) pour connaître certaines choses. Il m’a expliqué le temps que ça lui prenait, les difficultés qu’il a rencontrées. C’était intéressant et, surtout, j’ai senti chez lui une certaine satisfaction de voir le cyclisme féminin être représenté.» Quand on l’interroge sur ce qui, selon elle, devrait être les chantiers à entreprendre, elle use d’une petite pirouette : «Si on commence à évoquer certaines idées, ça risque de partir dans tous les sens… Surtout, je n’intègre pas cette commission pour défendre mes idées, mais celles du peloton féminin. Et je suis à l’écoute de tous les coureurs.»
La force du collectif
Christine Majerus croit en la force de l’union. Du collectif. Une notion présente dans son discours mais aussi dans ses actes. Dimanche, à Ichtegem, elle a remporté l’Omloop van de Westhoek (Cat. 1.1), son premier succès de la saison. Le sixième de son équipe SD Worx. Et ce, devant Amy Pieters, son équipière, après une échappée marquée par une entente parfaite. Au moment de franchir la ligne d’arrivée, Majerus n’a pas célébré son succès d’un signe rageur ou les bras en croix, non, elle s’est tournée vers son équipière pour l’applaudir. «Tout le monde travaille beaucoup et, en début d’année, explique-t-elle, on s’est juste dit que ce serait sympa si chacune d’entre nous pouvait gagner au moins une course. Amy s’était imposée quatre jours plus tôt (NDLR : Danilith-Nokere Koerse) et, au sein de SD Worx, on a plaisir à ce que chaque fille puisse dans la saison, décrocher une victoire.»
Résultat, SD Worx compte en ce début d’année autant de lauréates différentes que de victoires. Quand on lui demande si cela devient au sein de l’équipe néerlandaise un pari ou un simple jeu, la 27e mondiale au classement UCI réfute cette idée pour en exprimer une autre : celle de la reconnaissance du travail bien fait. «J’entends souvent que je pourrais être leader dans une autre équipe et gagner plus de courses, c’est vrai, mais je vois les choses différemment. Je ne suis pas égocentrique. Sur le vélo, je pense avant tout à l’équipe et m’inscris dans un collectif soudé.»
Cette vision, elle essaie de l’appliquer également en dehors du vélo. «Je suis d’avis qu’avec l’entraide, on peut régler pas mal de problèmes», déclare Christine Majerus avant de lâcher ce qui ressemblerait presque à un slogan politique ou publicitaire : «Ensemble, c’est mieux et ça va plus vite.» Aujourd’hui, SD Worx se présentera au départ de Bruges-La Panne avec l’ambition de décrocher un septième succès. Pour une septième lauréate? «C’est une course très intéressante et le vent y joue un rôle important. Dans l’équipe, tout le monde sera libre de s’engager dans une échappée. Maintenant, si ça doit se finir dans un sprint massif, on travaillera toutes pour Jolien (D’Hoore).» Déjà vainqueur de la 1re étape de l’Healthy Ageing Tour, la Belge serait la première de la formation SD Worx à doubler la mise cette année.
Charles Michel