La présence du breakdance aux JO-2024 de Paris fait beaucoup parler. Mais qu’en pense-t-on au Luxembourg? C’est justement ce que nous avons essayé de savoir.
Pour certains, voir le breakdance au programme des JO-2024 est inconcevable au motif que leur discipline serait avant tout un art à part entière. Adepte d’arts martiaux, notamment sud-coréen qu’il pratique avec son frère, Kamel, Nordine Jaouid (27 ans) compare cette polémique à celle que connut le judo dans les années 50, lorsque celui-ci passa d’art martial à sport.
«Je comprends la position des puristes qui veulent éviter de voir le breakdance devenir commercial, mais on peut figurer au programme olympique tout en préservant la tradition. Le judo est un sport olympique, pourtant quand vous entrez dans un dojo, le cérémonial existe toujours», déclare cet étudiant en médecine.
B-Boy (pratiquant de breakdance) depuis 2012, Nordine regrette le manque d’événements consacrés à son art au Grand-Duché : «Au début des années 2000, il y avait le Hip-Hop Round, puis il y a eu un trou. Depuis trois ans, il y a le Growing Culture aux Rotondes qui marche bien et commence même à se faire un nom à l’international.»
À un moment, il faut sortir de sa tanière
Ce Tétangeois reste lucide sur la portée de son art qu’il exerce au sein de Fatal Fury, son groupe. «Au Luxembourg, les pratiquants doivent se compter sur les doigts d’une main et, sur celle-ci, nous sommes déjà trois frères…», glisse l’intéressé, nostalgique des heures passées dans le souterrain de l’Hamilius : «On s’entraînait dans les galeries, sous l’emplacement des bus. Les voyageurs nous voyaient, on avait une certaine visibilité. Depuis les travaux, on est passé de salle en salle, mais personne ne nous voit…»
En 2024, via les JO, le breakdance se retrouvera dans la lumière des projecteurs. Cette «opportunité à saisir» est, pour Nordine, totalement justifiée. Et pourrait sonner le réveil d’une discipline assimilée encore à la rue : «Le break, on peut le pratiquer chez soi et être inconnu ou alors prendre part à des battles et participer au développement de sa culture. À un moment, il faut sortir de sa tanière.»
«La probabilité de voir un B-Boy luxembourgeois à Paris est assez faible»
Quant à savoir comment départager l’un ou l’autre B-Boy, la solution réside, pour Nordine, dans l’établissement d’un barème en fonction des figures réalisées. «Ce serait donc davantage porté sur la performance physique. Mais le breakdance d’aujourd’hui a énormément évolué par rapport à celui des débuts. C’est beaucoup plus technique et physique. D’ailleurs, nous sommes tous des athlètes», précise cet adepte également du parkour (NDLR : pratique sportive qui consiste à franchir des obstacles de manière acrobatique).
Le breakdance sera donc à Paris en 2024. Le Grand-Duché comptera-t-il un représentant? «À l’heure actuelle, il n’y a pas de fédération, explique Heinz Thews, le directeur technique du COSL. Et 2024, c’est déjà demain, alors la probabilité de voir un Luxembourgeois à Paris disputer le concours de breakdance est assez faible…»
Charles Michel
(avec I. B.-H. et R. H.)