Il est de retour aux affaires: le Britannique Anthony Joshua a pris sa revanche samedi à Diriya (Arabie saoudite) sur Andy Ruiz et récupéré aux points ses ceintures mondiales IBF, WBA et WBO des lourds, se remettant en selle après le camouflet subi en juin face à l’Américain.
Six mois après avoir été terrassé à la surprise générale au 7e round par ce boxeur joufflu et bedonnant, Joshua (30 ans, 23 victoires dont 21 KO, 1 défaite) a remis les pendules à l’heure, démontrant que cette défaite, la première de sa carrière, n’était qu’un accident de parcours.
Présenté comme un véritable phénomène, censé régner de longues années sur la plus prestigieuse catégorie du « noble art », Joshua repartait de zéro et jouait gros, une 2e déroute pouvant avoir de grosses conséquences sur la suite de sa carrière, l’éloignant durablement des sommets. Mais il a visiblement retenu la leçon et tiré les enseignements de son cauchemar new-yorkais. Dans un stade de 15.000 places construit spécialement pour l’occasion aux portes de Ryad, le puncheur d’outre-Manche a mis de côté le spectacle, se voulant d’abord efficace.
Méfiant et vigilant, Joshua n’a rien fait pour emballer le combat. Sans doute le souvenir des 3 KO subis au Madison Square Garden était-il encore trop vivace. Soucieux de maintenir la distance pour ne pas s’exposer aux coups rapides de Ruiz (30 ans, 33 victoires, 2 défaites, 22 KO), le Britannique a surtout tenté d’éviter le contre fatal et manié la prudence, quitte à aller au bout des 12 reprises. Une tactique payante.
Joshua avait mis tous les atouts de son côté, s’entraînant avec des sparring-partners aux caractéristiques similaires à Ruiz et perdant du poids (107,5 kilos) pour gagner en mobilité. Cela s’est vu sur le ring où il a fini par agacer son adversaire, dans l’impossibilité de cadrer ses frappes et ouvert à l’arcade gauche dès le premier round.
« Je voulais surtout montrer ma science de la boxe. Ce sport, c’est avant tout toucher sans se faire toucher », a expliqué Joshua.
Le fantasme Wilder
Il faut dire que l’Américain d’origine mexicaine avait en revanche visiblement bien profité de son nouveau statut inespéré, accusant sept kilos de plus qu’en juin sur la balance (128,36). Un embonpoint qui s’est ressenti très nettement, surtout en fin de combat où il est apparu très émoussé.
« Je n’étais pas assez bien préparé, a-t-il reconnu. Mais c’était sa soirée, je ne veux pas chercher d’excuses. »
Après cette reconquête, de nouvelles perspectives vont fatalement s’ouvrir pour Joshua, alors qu’un combat contre Deontay Wilder (42 victoires, dont 41 par K.O, un nul), le féroce champion WBC, fait fantasmer le monde de la boxe professionnelle. Mais l’Américain a d’abord un premier rendez-vous à honorer avec le fantasque Britannique Tyson Fury, le 22 février.
L’autre grand gagnant de la soirée se nomme l’Arabie saoudite. L’organisation de ce combat dans le royaume entre dans le cadre de la diplomatie sportive engagée par le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane et l’arène de Diriya a vibré malgré le manque d’engagement des deux boxeurs.
Amnesty International a toutefois vertement critiqué le choix de l’Arabie saoudite, dénonçant la guerre menée depuis 2015 par Ryad à la tête d’une coalition au Yémen, l’assassinat en octobre 2018 en Turquie du journaliste Jamal Khashoggi et de manière générale la répression de la dissidence
Outre la boxe, le pays vient d’accueillir le E-Prix de formule électrique et organisera prochainement une exhibition de tennis (12-14 décembre), le rallye Dakar-2020 (5 au 17 janvier) ainsi que la Supercoupe d’Espagne de football pour les trois prochaines saisons.
AFP