Le duel entre Manny Pacquiao et Floyd Mayweather, dimanche à Las Vegas, est une évidence, mais il a fallu plus de cinq années d’âpres négociations pour en arriver là.
Sans l’opiniâtreté d’un grand patron, sans un coup de pouce de la météo, le «combat du XXIe siècle» n’aurait peut-être pas eu lieu. Organiser le choc entre Manny Pacquiao et Floyd Mayweather n’aurait pourtant dû être qu’une formalité : ils sont les boxeurs les plus talentueux de leur génération et ont remporté leur premier titre mondial, la même année, en 1998.
Au sommet depuis presque vingt ans, «Pac-Man», demi-dieu et député aux Philippines, et le sulfureux et richissime «Pretty Boy» (littéralement beau gosse), sont les rois du «noble art». Dans le fouillis des fédérations internationales et catégories, ils sont deux des meilleurs boxeurs, selon le magazine spécialisé américain The Ring.
Dans le classement The Ring qui fait référence, Mayweather, 47 victoires en autant de combats, dont 26 avant la limite, est n° 1, devant l’Ukrainien Vladimir Klitschko, le patron des lourds, et Pacquiao (57 victoires, dont 38 par K.-O., 5 défaites et deux nuls).
Mais leur affrontement a longtemps paru impossible à cause de rivalités de promoteurs et de diffuseurs et de solides inimitiés personnelles.
Caprice de la météo
En 2009, lorsque les premières négociations débutent, Mayweather et Pacquiao, alors encore invaincu et plus grande star que l’Américain, sont sous contrat avec le même diffuseur, la chaîne à péage HBO. Mais ils ne parviennent pas à s’entendre, notamment sur le protocole des contrôles antidopage d’avant match. Mayweather accuse même Pacquiao de dopage, ce qui les conduira devant un tribunal pour diffamation.
Les choses se gâtent lorsque Mayweather devient son propre promoteur et rompt avec Bob Arum, puis quitte en 2013 HBO pour rejoindre son rival Showtime qui lui fait signer un juteux contrat de plus de 200 millions de dollars.
S’ils s’asticotent régulièrement sur les réseaux sociaux, ils semblent résignés à finir leur carrière sans s’affronter. Jusqu’à ce que Leslie Moonves, grand patron du mastodonte audiovisuel CBS, maison mère de Showtime, rencontre fortuitement dans un restaurant de Los Angeles Freddie Roach, l’entraîneur de Pacquiao. «Il est ensuite venu plusieurs fois chez moi», a rappelé Bob Arum, promoteur du Philippin. «Il est revenu à la charge à plusieurs reprises et nous a montré qu’il était prêt à tout : il voulait savoir quelle somme pouvait convaincre Manny de donner son accord», a-t-il poursuivi.
Mais l’élément déterminant est un caprice de la météo : une tempête de janvier qui a empêché Pacquiao de quitter Miami où il avait été… juré d’un concours de beauté.
Échange de numéros au basket
Grand amateur de basket-ball, il assiste à un match de l’équipe locale de NBA, le Miami Heat, où il croise Mayweather et lui parle pour la première fois. Ils échangent leurs numéros de portables et promettent de se reparler. Mayweather le rappelle dans la soirée. «C’est là que Manny a compris que Floyd était déterminé à ce que ce combat ait lieu», a rappelé Arum.
Le 20 février, le combat tant attendu, et aussitôt qualifié de plus rémunérateur de l’histoire, est officiellement annoncé. Conscient qu’il joue à 36 ans sa dernière chance de toucher le jackpot, Pacquiao a accepté la répartition des gains avec 40 % pour lui, contre 60 % à son adversaire de 38 ans, déjà le sportif le mieux payé de la planète. HBO et Showtime se sont mis d’accord pour se partager l’énorme manne financière estimée à plus de 300 millions de dollars. Mais tout n’est pas résolu : il aura ainsi fallu attendre dix jours avant «The Fight» pour que les deux parties trouvent un accord pour la répartition des 16 800 billets dont les plus chers se négocient à 10 000 dollars.
Mayweather se défend d’être obnubilé par l’argent : «Ce combat est très important pour moi et pour l’histoire de la boxe», a-t-il prévenu.
AFP