Dimanche, Bob Jungels fera partie des favoris du Tour des Flandres, l’un des cinq monuments du cyclisme. Après Liège-Bastogne-Liège l’an passé, le champion national se lance un nouveau défi dans les classiques.
La prophétie de Tom Steels, le directeur sportif de Deceuninck-Quick Step, tient toujours. Au soir du Grand Prix E3, long d’un peu plus de 200 kilomètres, où Bob Jungels s’était payé le luxe d’une fugue de 60 bornes avant de voir revenir sur lui quatre hommes dont Zdenek Stybar, finalement vainqueur, il avait dit ceci : «Sur le Tour des Flandres, bien plus long, Bob sera encore plus fort…»
Vu ce qu’on a vu à Waregem, mercredi, alors le doute n’est plus permis, le Luxembourgeois peut penser, en bon bâtisseur, à construire son deuxième monument, presque un an après son sacre sur Liège-Bastogne-Liège.
Il lui faudra appréhender les nombreux pièges, quelquefois imprévisibles, d’un Tour des Flandres. Et surtout composer avec une équipe pas moins ambitieuse que lui. Si Bob Jungels est vainqueur, il s’agirait du premier vainqueur néophyte dans l’ère moderne du Tour des Flandres (depuis 1967), alors que si Zdenek Stybar triomphe, il s’agirait du premier doublé Het Nieuwsblad– Tour des Flandres, puisque cela ne s’est jamais fait, de surcroît si on ajoute le Grand Prix E3.
«J’ai tout fait pour être prêt pour dimanche, je suis heureux d’être considéré comme l’un des grands prétendants et j’espère que la course se déroulera bien, que la chance sera de notre côté. Ce n’est pas seulement l’une des courses les plus importantes de la saison, mais également un objectif de notre équipe. Nous allons continuer à rouler pour le Wolfpack», explique le Tchèque de 33 ans, en plein boom depuis cette saison.
«Le surnombre peut être décisif»
Comme Bob Jungels, Zdenek Stybar a largement rempli sa mission pour ce printemps. Ce qui n’est pas forcément le cas de Philippe Gilbert et Yves Lampaert, transformés ces dernières semaines en équipiers de luxe.
Pour l’ancien champion du monde wallon et lauréat du «Ronde» en 2017, après un très long raid de 80 kilomètres qui n’aurait pas déplu à Bob Jungels, l’affaire s’est gâtée avec ces troubles digestifs qui l’ont contraint à un abandon précoce mercredi à Waregem.
«Bien sûr, ce n’est pas la meilleure préparation de tomber malade avant un objectif ambitieux, mais j’espère que nous pourrons toujours faire quelque chose. Comme vous pouvez le constater, notre alignement est solide et comprend de nombreux coureurs talentueux qui peuvent faire la différence. Nous devons rouler à nouveau intelligemment et compter sur plusieurs coureurs dans le final, où le surnombre peut être décisif», apprécie-t-il.
Reste à évoquer le cas d’Yves Lampaert. «Avec le maillot de champion de Belgique sur le dos, ce sera spécial de disputer ce Tour des Flandres, chez moi. Je suis prêt à en profiter à chaque moment de la course», a souligné ce Flandrien pur jus. Quelque chose nous dit qu’il ne compte pas éternellement passer les plats.
C’est d’ailleurs ce que craignent leurs rivaux. Cette formation belge qui évolue à quatre têtes sera sans doute imprévisible, déterminée à ne jamais rien céder. Pour elle, il y aura toujours une solution de secours, un «cours après moi si tu peux» à offrir à ses rivaux.
En dépit des légitimes ambitions personnelles, puisque même si la meilleure arme des coureurs de Deceuninck-Quick Step reste le collectif, il s’agit là de compétiteurs affirmés, affamés même pour certains d’entre eux, cette bande de loups sera longtemps au centre du jeu. Jusqu’où et jusqu’à quand? Réponse dimanche sur le coup de 17 h. Mais on est prévenu, Bob Jungels est un sacré bâtisseur. Pour le reste, c’est à la course de le décider!
Denis Bastien