Le coureur luxembourgeois d’AG2R Citroën (29 ans) fait le point sur son programme et les différents objectifs qui l’attendent pour une saison 2022 où il espère bien rebondir.
Depuis Denia, en Espagne, où son équipe AG2R Citroën est en stage, Bob Jungels a fait le point mercredi sur sa saison 2022 dont il connaît les contours avec un calendrier riche et varié qui lui permettra d’évoluer sur des terrains favorables à ses qualités, qu’il espère pleinement retrouver après son opération de juin dernier aux deux jambes concernant une endofibrose de l’artère iliaque.
Comment vous sentez-vous physiquement ?
Bob Jungels : Que ce soit sur le plan physique ou sur le plan mental, je vais très bien. J’ai pu réaliser l’entraînement prévu. Pendant les fêtes, j’ai passé quelques jours en Autriche en faisant du ski de fond au nouvel an. Le stage de décembre s’est bien passé, comme ce stage de janvier. Tout se passe bien, je suis à l’aise.
En 2021, vous aviez repris la saison assez rapidement après vos opérations et, à la suite du Tour de Luxembourg, vous aviez même été très actif sur Paris-Tours. Vos sensations sont-elles aussi bonnes ?
C’est clair que j’avais une très bonne base avant les opérations. Mais après six semaines sans vélo, j’ai dû recommencer de zéro. J’étais revenu très vite. J’avais bien forcé sur le Tour de Luxembourg et le corps avait bien réagi. J’ai pu me rassurer et poursuivre sur cet élan. Pour l’équipe, c’est important de voir que le problème est résolu.
Vous ne souffrez plus aujourd’hui des douleurs que vous aviez avant vos opérations ?
Non, jusqu’à présent, je n’ai pas de douleurs particulières. J’ai mal aux jambes normalement quand je fais des efforts, mais rien d’anormal. J’ai rendez-vous le 20 janvier avec le chirurgien. J’espère qu’il va me dire que tout va bien et on va attaquer la saison.
Par rapport à mes valeurs qu’on voit à l’entraînement, je suis assez optimiste pour le deuxième chapitre
Tout cela est donc derrière vous ?
Oui, je l’ai déjà dit, pour moi, c’est une deuxième chance. Je le vois comme ça. Le passé est le passé. J’ai toujours cru dans mes capacités, c’est pour ça que j’ai tenu la route. J’ai trouvé le problème. Quand le médecin me dit que tout va bien, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas revenir au niveau qui était le mien avant la blessure. Par rapport à mes valeurs qu’on voit à l’entraînement, je suis assez optimiste pour le deuxième chapitre.
Vous allez reprendre le 20 février avec le Tour de l’UAE. Pouvez-vous nous expliquer votre programme et vos objectifs jusqu’au Tour de France ?
C’est un calendrier structuré et ciblé sur mes objectifs. Le Tour de l’UAE (20-26 février), c’est toujours une course difficile pour une reprise. Juste après, je serai aligné sur Tirreno-Adriatico (7-13 mars), une course qui me convient pas mal. Il s’agira d’un premier objectif personnel afin de voir si je peux retrouver mon niveau d’avant-blessure. Avec Milan-Turin (16 mars) et Milan-San Remo (19 mars), ce sont des courses toujours difficiles à juger dans la mesure où tout peut y arriver. Sur San Remo, si tu es dans le coup, on ne sait jamais ce qui peut se passer. J’enchaînerai avec Harelbeke (Grand Prix E3, le 25 mars) et le Tour des Flandres (3 avril), cela me fait deux classiques flandriennes. Ce sont les deux qui me conviennent le mieux. Ce sont les plus dures. Maintenant, j’ai aussi l’objectif de faire Liège (24 avril) et le Tour de Romandie (26 avril-1er mai). Maintenant, il faut voir si je fais la Flèche Wallonne (20 avril) avant Liège ou, par exemple, une petite course comme le Tour du Jura (16 avril) pour rentrer. Mais normalement, je vais observer une minicoupure après le Tour des Flandres afin de préparer Liège et le Tour de Romandie avant de couper pour revenir sur le Tour de Suisse (12-19 juin), les championnats nationaux (23 et 26 juin) et le Tour de France (1er-24 juillet).
Sur les classiques où vous serez aligné, quel sera votre rôle ?
Honnêtement, j’espère que j’aurai le rôle d’un des leaders. Mais on ne sait pas encore ce qui va se passer avec ma forme. Je reste prudent avec mes formulations. Je pense que j’aurai d’abord un rôle libre pour mes premières courses, pour voir si je peux vite retrouver mon niveau.
Vous avez une petite appréhension ?
Non, mais les trois dernières saisons étaient très difficiles. On a trouvé une raison à beaucoup de problèmes. Mais ce n’est jamais une garantie. Donc, on ne peut pas dire noir ou blanc. On verra bien ce qui va se passer. Bien sûr, en espérant que je retrouve mon ancien niveau et que je puisse à nouveau gagner des courses. C’est ce que j’espère, c’est ce que l’équipe espère. Mais on est quand même prudent.
Concernant votre programme, on peut remarquer qu’il est varié. Des courses par étapes d’une semaine, des classiques flandriennes et des classiques ardennaises. Il y a de tout…
Oui, c’est plutôt très bien réparti. Il y a une chance pour performer sur chaque course. C’est ça qui est très important, je pense. J’ai des courses par étapes, des classiques. J’espère que ça va fonctionner et que je vais pouvoir montrer des capacités à nouveau.
Que pouvez-vous dire de votre équipe ?
On a une équipe très intéressante pour chaque course. Sur Tirreno, il y aura Greg (Van Avermaet), Oliver (Naesen), on retrouvera les flandriens. C’est une équipe capable de décrocher des résultats. C’est vrai pour les classiques, ils ont déjà performé sur ces courses. On a plusieurs cartes à jouer, un peu comme c’est le cas chez Quick Step, pour qui c’est le point fort. Pour un début de saison, on est solide pour les différentes courses.
Pour résumer, j’ai appris beaucoup sur moi-même et je pense que cela va m’aider dans le futur, même après ma carrière
Vous allez prochainement partir en stage en Sierra Nevada…
Je partirai du 25 janvier au 12 février. Comme chaque année, je passe presque trois semaines en altitude. C’est proche de l’UAE Tour, mais cette course, c’est pour avoir un début et retrouver un rythme de course. Mais pour moi, le plus important, c’est de retrouver mon niveau pour les courses importantes comme Tirreno. Ce stage a bien fonctionné dans le passé, c’est pour ça qu’on le refait.
On a évoqué le physique, mais mentalement, vous aviez expliqué que cela avait été très dur. Aujourd’hui, vous êtes à nouveau heureux sur le vélo?
Oui, bien sûr, c’était une période très, très difficile sur le plan mental. Même plus difficile que sur le plan physique. Physiquement, j’étais limité. Mais mentalement, c’était difficile. J’ai retrouvé le plaisir en faisant simplement du mountain bike avec les copains cet été, tout simplement une ou deux heures, tranquille. J’ai retrouvé le plaisir de faire du vélo, ma passion. Je n’ai jamais arrêté de m’entraîner, de croire en mes capacités. Mais de l’autre côté, c’est très difficile de savoir que quelque chose ne va pas. Mentalement, tu as un blocage. C’était important que ce blocage s’en aille. Là, je suis vraiment bien, je suis content, on le voit en dehors du vélo : je souris de nouveau. Les autres personnes le remarquent aussi. L’impact était assez grand, mais j’espère que cette période est derrière moi. J’ai beaucoup appris sur moi. J’espère pouvoir utiliser cette expérience dans le futur lorsqu’il y aura une nouvelle situation difficile. Ce n’est pas seulement négatif pour moi. Je le vois comme une deuxième chance. Mais oui, mentalement, je vais bien.
Cette notion de plaisir, lorsque vous alliez bien, vous n’y prêtiez pas la même importance que maintenant ?
C’est toujours pareil : si tout va bien, tu ne te remets jamais en question. Pour moi, c’était comme ça pendant toute ma carrière. Après les juniors, j’étais en progression constante vers le haut. J’ai eu mes premières victoires et voici deux, trois saisons, cela allait moins bien. Cela m’a tiré vers le bas. C’est quelque chose qui n’est pas évident. Pour le résumer, j’ai appris beaucoup sur moi-même et je pense que cela va m’aider dans le futur, même après ma carrière. Cela restera comme une période très importante.