[Présentation officielle de l’équipe Etixx-Quick Step] Bob Jungels, qui a changé d’équipe et de programme, découvrira le Giro en mai.
Même amoindri par une gastroentérite, Bob Jungels s’est montré enthousiaste pour commenter son nouveau départ au sein de la fameuse équipe belge de Patrick Lefevere, qui est allé le chercher au lendemain du Tour de France 2015.
La piscine du beach club de l’hôtel Solymar est étincelante. Sur la Méditerranée agitée et bleue azur, des kitesurfeurs défilent en contrebas. À ce stade de l’année, la baie de Calpe (à 125 kilomètres de Valence) et ses 22 degrés s’offrent à de rares baigneurs, aux retraités et aux cyclistes qui au fil des ans y ont pris leurs repères. C’est là, face à la plage, que l’équipe Etixx-Quick Step de Bob Jungels effectuait sa présentation officielle, vendredi après-midi.
Le Luxembourgeois, comme une demi-douzaine de ses coéquipiers, dont Julian Alaphilippe, s’est réveillé la nuit précédente, amoindri par une gastroentérite : «Une journée encore et ce sera parti», espère-t-il. Il n’a pu accompagner ses coéquipiers à l’entraînement, mais a trouvé la force de se confesser.
Vous voilà parti pour une nouvelle aventure…
Bob Jungels : Oui, je repars dans cette équipe Etixx-Quick Step. C’est plus grand. On le voit ici pour la présentation officielle. Je suis très content. Au niveau de la structure et de l’organisation, c’est un grand pas en avant pour moi. J’ai la confiance à 100 % de l’équipe. Je ne vais pas déjà dire que ça me donne des ailes, mais je me sens vraiment bien ici.
C’est une grosse équipe qui semble toutefois familiale, on se trompe?
Non, c’est facile, ici. Que ce soit avec les coureurs, de Boonen à Alaphilippe. C’est très simple de vivre ensemble. Ça fait plaisir de travailler avec des copains.
Puisque nous sommes en début de saison, rentrons dans le vif du sujet. Quel sera votre programme?
Il va changer un peu par rapport aux années précédentes. Je vais commencer à Valence. La nouveauté pour moi de faire les courses italiennes, les Strade Bianche, que j’ai toujours voulues, puis Tirreno-Adriatico. Il y a aussi une forte option que je participe au Giro après le Tour de Romandie. C’est pourquoi je ne ferai sans doute pas l’intégralité des trois classiques ardennaises. Dans cette optique, je ne ferai sans doute pas Liège-Bastogne-Liège, deux jours seulement avant le Tour de Romandie. Voilà le plan provisoire.
Vous en pensez quoi, de ce programme?
Pour moi, c’est parfait. Dans chaque course par étapes, il y aura au moins un contre-la-montre. Il s’agit également de courses assez dures. Si je fais le Giro, c’est super. Le premier objectif pour moi pourrait être Tirreno. C’est un beau programme.
Comment vos nouveaux dirigeants ont-ils argumenté leurs choix?
On s’est mis ensemble avec les directeurs sportifs. Ils m’ont d’abord demandé quel était mon désir. Je leur ai dit que j’aimerais faire une course par étapes d’une semaine comme Paris-Nice ou Tirreno, les classiques ardennaises et un grand Tour. Si je fais le Giro, ce sera parfait. Je suis persuadé qu’il n’y a pas que le Tour de France. Il y a beaucoup de courses où on peut faire des résultats. Le plus important pour moi, c’est de me montrer, de faire des résultats. Le Giro, c’est super. On voit que Tom Dumoulin sera aussi au départ. Pour lui également, ce serait peut-être une meilleure pub de faire le Tour, mais lui aussi, il veut gagner le Giro. Les résultats, c’est le plus important. Et avec l’arrivée dans notre équipe de Dan Martin, ça fait un leader pour le Tour. C’est clair que le Giro me convient le mieux, donc je suis très heureux à l’idée d’être au départ.
Quel élément du passé vous permet d’avancer et de vous relancer vers la suite de votre carrière?
Dès le début de ma carrière, j’avais ce rythme, Tour Méditerranée, Paris-Nice, les Ardennaises. Et le grand but, comme l’an passé, c’était le Tour de France. Là, ce nouveau programme me convient à 100 %.
Peut-être, vouliez-vous aller un peu trop vite, non?
Oui, c’est clair. Et si on m’avait laissé le choix, j’aurais sans doute voulu faire le Tour dès ma première année professionnelle. C’est clair qu’il ne faut pas brûler les étapes. Là, c’était le moment pour moi de franchir une nouvelle étape et de penser à moi.
Vos ambitions sur le Giro seront lesquelles si votre participation est confirmée?
Il sera trop tôt, je pense, pour que je vise le classement général. Mais il y a de belles étapes, trois chronos. Je suis hyper-motivé pour y aller. Comme pour Tirreno ou le Tour de Romandie. Penser au contre-la-montre par équipes, aux chronos individuels, ça me donne de la confiance.
On a l’impression, en l’écoutant, que votre nouvel encadrement compte sur vous pour l’avenir…
C’est l’impression que j’ai, je reçois beaucoup de confiance de Patrick (Lefevere), des directeurs sportifs et des autres coureurs. Ça donne beaucoup de motivation. Tu sais qu’il y a 29 mecs prêts à travailler pour toi s’il le faut. C’est quelque chose de nouveau pour moi. Ici, je peux penser à moi-même. C’est clair qu’on saura dès le début d’une course qui sera le capitaine. Et pendant la course, si on ne se sent pas bien, tout le monde sera honnête. C’est comme ça que ça doit marcher. Sinon, cette équipe n’aurait pas remporté 56 victoires par année.
On a l’impression que votre équipe sera à l’aise sur tous les terrains et plus seulement les courses de pavés…
Ce qui m’a impressionné durant les entraînements, c’est qu’on voit même les sprinteurs faire la bagarre. Jeudi, nous avons fait une séance de six heures et même Iljo Keisse s’accrochait pour passer les bosses devant. Personne ne lâche. On donne tout pour y arriver.
En dehors de votre maladie passagère, vous vous sentez en forme avancée, ou non?
Oui, je suis un peu en avance. Après le Tour de France de l’an passé, j’ai senti que j’avais franchi un palier. C’est impressionnant. Même au niveau du poids. Je vis ça plus tranquillement que les années passées, même si la forme est déjà là. De toute façon, je ne reçois aucune pression de l’équipe. On travaille avec l’entraîneur de l’équipe qui me répète que mon premier objectif, c’est au mois de mars et qu’il ne faut pas brûler les étapes. Même si je ressens une grande motivation.
Vous avez mis du temps à vous adapter à votre nouveau matériel (Bob Jungels passe de Trek à Specialized)?
Non, j’ai vite trouvé ma position. J’étais allé à l’automne à San Francisco pour rouler quelques jours en soufflerie. Et récemment sur la piste, on a trouvé une bonne position pour le vélo de chrono. Le vélo de route est super. C’est fantastique.
De notre envoyé spécial à Calpe, Denis Bastien
Son programme provisoire*
Jusqu’à mardi, stage à Calpe. 12 janvier : présentation de l’équipe sur la piste de Gand 18 janvier : stage d’une semaine à Majorque 3-7 février : Tour de la Communauté de Valence (cat 2.1) 16-21 février : Tour d’Oman (2.1) 5 mars : Strade Bianche (1.HC) 9-15 mars : Tirreno-Adriatico (WT) 17 avril : Amstel Gold Race (WT) 20 avril : Flèche Wallonne (WT) 26 avril-1er mai : Tour de Romandie (WT) 6 mai – 29 mai : Tour d’Italie (WT)
(*) Comme tous les programmes, il peut évoluer en cours de saison au fil des évènements…