Après le tour du Qatar, Jempy Drucker vient de boucler sa première course de la saison au sein de la BMC. Une mise en jambes globalement très positive.
Jempy Drucker, ici au cœur du peloton, ne regrette pas d’avoir découvert le Tour du Qatar. (Photo : AFP)
Beaucoup de boulot, pas mal de vent, de sable et quelques frayeurs : Jempy Drucker n’a pas chômé pendant sa semaine qatarienne. Le nouveau coureur de la BMC évoque cette première, au sein d’une formation WorldTour.
> Quel bilan tirez-vous de ce Tour du Qatar ?
Jempy Drucker : Tout s’est bien passé. On avait Greg van Avermaet qui était bien placé au classement général, alors on a essayé de le protéger et de le garder à l’avant du peloton. On a plutôt bien réussi dans notre entreprise.
> Même si, personnellement, vous n’avez pas eu l’occasion de vous exprimer comme vous le souhaitiez ?
C’est vrai que je n’ai pas eu de réussite. C’était un peu dommage de ne pas avoir pu disputer ma chance sur certaines étapes mais c’est la course. Le point positif, c’est que j’ai la bonne patte. Et que ça va venir !
> Cette course est-elle une bonne préparation en vue des Flandriennes ?
Absolument. Si on regarde, la plupart des coureurs des Flandriennes sont présents sur le Tour du Qatar, donc cela veut dire que cela sert à quelque chose. Si on regarde bien, tous les jours, on avait une course de bordures. Et parfois, avec le vent favorable, on pouvait même faire une moyenne de 50 km/h sur la journée. Même dans la troisième bordure, on roule à bloc. Je peux vous dire que ça fait tourner les pattes !
> C’est la première fois que vous participiez au Tour du Qatar. Avez-vous été surpris ?
Un peu. Ce qui est impressionnant, c’est de voir le vent souffler si fort. Un jour, on a même eu droit à une véritable tempête de sable. Tout le monde disait que c’était une course de bordures et effectivement, c’est le cas. Il y fait bon, c’est aussi pour cela que nombreux sont les coureurs à participer à cette course.
> Aviez-vous un rôle défini sur cette épreuve ?
Non. Le but, c’était de former une véritable équipe, de travailler la condition physique et de terminer la course sans blessure.
> Vous y êtes parvenu, au prix d’une sacrée acrobatie dans la 4e étape !
C’est vrai! Sur le moment, j’étais déçu de ne pas avoir l’occasion de me battre pour le sprint, car j’étais en bonne position. Mais avec le recul, je me dis que j’ai eu de la chance de ne pas chuter ce jour-là. Incontestablement, mon passé de cyclo-crossman m’a servi car tout le monde ne serait pas parvenu à rester sur le vélo. Et d’ailleurs, même deux jours après, des coureurs venaient me voir en me demandant comment j’avais fait. Il paraît que c’était vraiment très impressionnant.
> Cela reste votre image la plus forte de ce Tour du Qatar ?
Non. Pour moi, la plus impressionnante était quand j’ai réussi à faire exploser le peloton dans la cinquième étape. On allait déjà vite, aux alentours de 60-62 km/h mais quand je me suis porté en tête, j’ai presque roulé à 70 km/h ! Mon pic était à 68 et ça a fait des dégâts. J’étais content, la mission était accomplie.
Le seul problème, c’est que Greg n’a pas pu suivre. Pourtant j’avais bien repéré dans le circuit final il y avait un gros virage avec un pont et j’avais vu que Greg était deux ou trois places derrière moi. Je me suis dit que je pouvais y aller mais il lui a manqué quelques positions pour s’accrocher. À la fin, il est venu me voir en me disant que j’avais bien joué et que c’était de sa faute s’il n’a pas pu tenir le rythme.
> On a le sentiment qu’au niveau de l’intégration, tout s’est bien passé ?
Oui. Les premiers jours c’était un peu plus compliqué car c’était nouveau pour tout le monde de se retrouver ensemble, dans un peloton. Mais au fil des jours, on a réussi à prendre nos marques et nos repères.
> Et cela s’est passé comment, en chambre avec Philippe Gilbert? Il ne vous a pas trop fait sentir qu’il était ancien champion du monde ?
Non, pas du tout. Phil est un mec très cool, très sympa, qui est toujours de bonne humeur. On était déjà en chambre au stage. Vous savez, on est tellement de temps éloignés de la maison que c’est important d’avoir une bonne ambiance et de se retrouver avec des gens qu’on apprécie.
> Vous avez participé à votre première course au sein d’une équipe WorldTour. Quelle est la différence qui vous a le plus marqué ?
C’est beaucoup plus professionnel dans tous les domaines. Et en tant que coureur de la BMC, on sent qu’on vous respecte plus que comme coureur chez Wanty. Il faut moins frotter pour se faire sa place et c’est plus simple pour rester ensemble entre coéquipiers. Les grandes équipes ont tendance à ne pas avoir de respect pour les plus petites. C’est vrai que maintenant, ça rend les choses plus faciles.
> Vous êtes rentrés samedi. Pas de Tour d’Oman pour vous ?
Non, comme prévu, je fais le Trophée Laigueglia jeudi et le Tour du Haut-Var le week-end prochain. Et dans deux semaines, premier gros objectif avec le Het Nieuwsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne. J’ai hâte d’y aller et de retrouver mon terrain de prédilection !
Entretien avec notre journaliste Romain Haas