[Billet] L’heure Bleue

Des stades à guichets fermés et des audiences télévisées record. Durant ce Mondial de football, les Français se prennent au (beau) jeu de leur équipe nationale. Il était temps, il était l’heure. L’heure que le Bleu s’accorde aussi au féminin. Que les filles de Corinne Diacre suscitent autant de ferveur populaire que les garçons de Didier Deschamps.

Bien sûr, vous en trouverez toujours qui préfèrent voir ces dames s’activer aux fourneaux plutôt que ratisser les pelouses. Quand bien même dans la cuisine des grands chefs, elles doivent encore jouer des coudes pour exprimer leurs talents. Ainsi demeure la société « moderne ». Les hommes passeront toujours devant. Et pas par galanterie.

Mais elles le savent, Amandine Henry, Eugénie Le Sommer, Amel Majri, comme toutes celles qui triment pour gagner la légitimité de taper le ballon. Elles savent qu’un boulevard ne s’ouvrira pas de sitôt sous leurs pieds. Et qu’il leur faudra longtemps se cramponner sur la route sinueuse d’un « hall of femmes ».

De toute façon, elles ne courent pas après la gloire et ce n’est pas ce qu’on leur demande. Nul besoin d’un show à l’américaine pour briller dans les yeux des supporters conquis.

Puisse l’heure Bleue seulement s’éterniser. Gageons que les honneurs de la patrie, qui sont légion méritée pour ces messieurs, leur seront également réservés. Que la République saura se faire sportive et leur épinglera ses ors à la poitrine, pour peu qu’elles y accrochent une étoile.

Alexandra Parachini