L’attaquant du RFCU est actuellement en Turquie avec la sélection du Congo. Belle récompense pour sa superbe fin de saison, mais quand se repose-t-il ?
Après 22 matches disputés en un peu plus de trois mois, hors de question pour Yann Mabella de s’arrêter de courir. L’attaquant, en feu au mois de mai avec six buts inscrits sur les quatre dernières rencontres alors que le Racing tentait d’éviter le retour du Progrès (et y est parvenu), a justement reçu un coup de téléphone la veille de la «finale» contre Niederkorn. Au bout du fil, son directeur sportif, Ilies Haddadji, lui indiquant que le Congo venait de le sélectionner à 25 ans et après 24 buts en 46 matches de DN.
«Enfin du concret», a sobrement réagi le joueur, déjà approché par les Diables Rouges dans le passé, alors qu’il construisait sa carrière professionnelle du côté de Nancy, Châteauroux ou encore Tours. «C’est juste surprenant que ça m’arrive maintenant, alors que je suis au Grand-Duché. Après, j’ai vu la liste des autres sélectionnés, et ça vient vraiment de partout : Asie, Europe de l’Est… même des endroits dont on ne pensait pas qu’on pourrait venir.»
Mais le nouveau sélectionneur congolais, Paul Put, peut d’autant mieux situer le Luxembourg sur une carte qu’il est Belge. Et qu’en plus, il y a visiblement une «hype» sur la BGL Ligue, en ce moment, en Afrique. Il est juste épatant de se rendre compte à quel point est lorgné ce petit championnat de DN, qui n’a pas coûté sa place à Mfa (Rodange) avec le Gabon, qui a ramené Maazou (Jeunesse) au Niger et permis à Ouassiero (Fola) et Abdallah (Swift) d’être appelés pour la première fois avec Madagascar…
Put vient juste de prendre ses fonctions, prépare le début des éliminatoires du Mondial-2022 (dans le groupe du Sénégal, du Togo et de la Namibie) et n’est visiblement pas resté insensible au charme qui se dégage de l’attaquant du Racing, auteur ces dernières semaines et dans le désordre d’un triplé contre Pétange (0-5), d’un doublé contre Hamm (3-0) et surtout du but égalisateur à la dernière seconde d’un missile en pleine lucarne, face au F91 (1-1).
Je ne laisse personne me donner son avis
«C’est la saison la plus complète de ma carrière, admet le joueur. J’étais venu pour faire ce que je n’arrivais pas à faire avant : être sur le terrain, enchaîner les matches et marquer. J’ai enfin réussi.» Enchaîner d’accord, mais jusqu’à quand son corps pourra-t-il le porter ? Le binôme de Mana Dembélé – qui n’a lui pas été rappelé par le Mali malgré ses quinze buts et cinq passes (alors que Mabella a lui fini à douze et quatre) –, n’a finalement eu droit qu’à sept minuscules jours de repos, qu’il a passés en famille à Lyon.
Ce, après avoir disputé la bagatelle de sept semaines anglaises pour finir la saison au pas de course et qualifier le club pour la Conference League et avant de reprendre le chemin de l’entraînement le 16 sous les ordres de Jeff Saibene, et alors qu’il se fade actuellement un stage d’une semaine à Antalya, du 8 au 15. L’essoufflement guette. «Peu importe ! Quand on a des opportunités en football, il faut les saisir. Le contrecoup physique, on verra ça plus tard. Je suis entre les mains de personnes compétentes, que ce soit en club ou en sélection.»
Mabella, qui vient du quartier lyonnais de la Duchère où, dit-il, «on ne laisse personne nous dire quoi faire», ne considérera donc pas ceux qui se demandent s’il aura le même rendement la saison prochaine. «Le foot, parfois, c’est dur, mais depuis que j’ai commencé à 5 ans, je ne laisse personne me donner son avis à part mes parents. Et j’ai bien fait ma vie.» Et le mot vacances en est pour l’heure exclu. On ne se repose pas à un an et demi du Mondial-2022 et encore moins avant la première Conference League de l’histoire ! «Bon, je vais quand même voir si je peux avoir deux ou trois jours à mon retour de stage…»
Julien Mollereau