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Le Belge sera sur le banc de Wiltz samedi, contre le Fola (20 h). Quel changement pour l’ancien pilier de la défense nordiste…
Officialisé un peu à la surprise générale après le retrait de Dan Huet, lundi soir, David Vandenbroeck va passer du statut de joueur incontournable de l’axe wiltzois au banc de touche. Et cela ne se fait pas sans certaines questions. Ni certaines réponses aussi d’ailleurs.
Pourquoi vous? Pourquoi maintenant?
David Vandenbroeck : C’est sûr, ce n’est pas très conventionnel, d’autant que mes compétences restent encore à prouver. On m’a pourtant dit que le choix était immédiatement tombé sur moi. J’ai demandé un petit temps de réflexion en sachant d’avance qu’il ne pourrait pas être très long et je me suis dit que j’avais désormais 36 ans, qu’on n’allait pas en rajeunissant et qu’au niveau de la récupération, j’étais de plus en plus cassé après les matches. Et comme à mon arrivée, on m’avait déjà parlé d’un projet comme ça, à moyen terme… Il a juste fallu l’accélérer. C’était une opportunité à saisir.
Ah c’était une évolution déjà prévue avec vos dirigeants? Du coup, ça ne vous vexe pas quand votre président vient vous démarcher pour vous demander de devenir coach et, donc, d’arrêter de jouer?
Pas du tout! Ils m’ont posé la question et même plein d’autres à côté. La grande question subsidiaire, c’était : veux-tu intervenir avec la double casquette de joueur et d’entraîneur? Et jamais ça ne m’a traversé l’esprit. Mettre deux casquettes, c’est l’assurance de faire chacune des deux missions à 50 % seulement et de se planter dans les deux domaines. Entraîneur-joueur, ce n’est plus possible à notre époque.
Enfin, en même temps, je vous dis ça, mais quand je suis arrivé au pays, on s’était retrouvés à Hamm, avec Differdange, face à Dino Toppmöller, qui faisait encore les deux. Et ce jour-là, il avait réussi à nous planter un de ces pions! Je me rappelle encore Franzoni et May qui se retrouvent par terre sur un crochet d’une violence incroyable. Après ça, il avait enroulé son ballon dans la lucarne et je peux vous le dire, cette lucarne, à Hamm, n’a plus besoin d’être nettoyée pour encore très longtemps! Mais ça, ça n’est déjà plus possible. Le rythme du football ici a complètement changé. Et même mes confrères entraîneurs – puisqu’il faut désormais que je les appelle comme ça, même si c’est bizarre – ont beaucoup évolué.
Ce n’est pas très conventionnel, d’autant que mes compétences restent encore à prouver.
Puisqu’on parle de vos confrères : quelques mots sur Dan Huet?
Il a posé d’excellentes bases dans ce club. Il en a même écrit les plus belles pages en le faisant remonter et en le faisant réexister sur la carte du foot luxembourgeois, tout ça en restant plus de cinq ans. C’est énorme : ses idées sont passées pendant plus de cinq ans sans le moindre problème. J’ai aimé travailler avec lui. La cassure de cette saison, ce n’était peut-être finalement que la fin d’un cycle. En tout cas, il nous a quittés très ému.
Vous avez déjà vos diplômes, non?
Moi? Mais je les ai depuis 2014! Il faut que je me mette à jour régulièrement, hein, parce que ça commence à dater, mais je les ai depuis que j’ai 29 ans. Bon, j’ai le A, pas l’UEFA Pro. Pour ça, il me faudrait, si ce qu’on m’avait dit était exact, deux ans à entraîner dans un club pro ou semi-pro. Il faudrait du temps aussi. Or moi, je n’en suis pas là du tout. Je n’en suis qu’au jour 2 de ma carrière de coach.
Quel genre de coach serez-vous?
Hier (NDLR : mercredi), je suis arrivé au club à 14 h pour mettre le cadre de travail en place. Puis viendront les schémas tactiques. C’est surtout le souci du détail qui constituera notre leitmotiv, notre fil conducteur. C’est l’idée que je me fais d’être un coach : amener tout le monde au niveau et à un degré d’implication collectif. Cet effectif manque juste de confiance. Après, toute la question est de savoir quand le nouveau souffle va vraiment prendre. Je me suis demandé, vu notre programme des prochaines semaines, si c’était vraiment le bon moment pour reprendre. Mais y a-t-il un bon moment? Les échéances sont très courtes. D’ici à la trêve, on aura sept ou huit finales.
Quels objectifs souhaitez-vous atteindre, vu votre dynamique actuelle assez médiocre?
On ne m’a fixé aucun autre objectif que celui de redorer le blason du club. Avoir meilleure allure qu’à Rosport (NDLR : défaite 5-1), déjà. Actuellement, on mérite sans doute d’être là, on a dû se voir trop beaux.
Comment remplace-t-on un David Vandenbroeck dans l’axe?
Ah! mais cela a fait partie de la réflexion! Des joueurs m’ont déjà posé la question. Après m’avoir félicité pour ma nomination, Ralph Schon et Chris Philipps ont immédiatement pensé à ça. Je refuse de tirer la couverture à moi et dire que ce sera compliqué : on a recruté des joueurs capables de jouer à ce poste. On peut aussi en faire changer de poste. Il y a toute une popote à mettre en place. Et c’est une charge de travail dont je n’avais pas idée.
Mettre un terme à sa carrière, c’est une petite mort pour un footballeur. Ça l’est moins quand on devient directement entraîneur?
Ben je vais continuer à vivre sur le terrain. La seule différence, c’est que désormais, je ferai mon sport en dehors des entraînements. Mais maintenant, je peux vous le dire : j’avais de toute façon prévu d’arrêter en fin de saison. J’ai juste avancé ça de six mois.
Au fait, comment gère-t-on le rapport à des joueurs qui étaient vos coéquipiers il y a encore 72 heures?
J’ai toujours mis du respect dans mon rapport aux autres et à la hiérarchie. J’entretenais donc une très bonne relation avec la totalité de l’effectif. Alors oui, je conçois que vu de l’extérieur, on puisse se demander, mais le seul fait de changer de vestiaire fait qu’on ne partagera plus tout avec les joueurs et que la barrière va s’installer d’elle-même.
Il n’empêche, c’est la première question que beaucoup m’ont posée d’emblée : « comment il faut t’appeler maintenant? ». Certains jeunes ont directement choisi « coach », mais je sais que d’autres continueront de m’appeler David parce que comme avec Dan Huet, il y aura une certaine forme d’intimité.
Entretien avec Julien Mollereau