Artisan majeur de la deuxième place du F91, le latéral Kevin Van den Kerkhof a régalé dans son couloir droit cette saison. Plus complet, il peut désormais espérer voir plus haut.
À le voir enchaîner les sprints et engloutir les kilomètres dans son couloir, Carlos Fangueiro avoue avoir parfois songé à faire souffler Kevin Van den Kerkhof cette saison. «Mais deux jours après, il revenait et était prêt à rejouer», s’amusait récemment l’entraîneur du F91, qui a donc fait du latéral droit le joueur le plus utilisé de BGL Ligue en 2020/2021. Un exercice dont le Français a disputé… l’ensemble des 30 journées en intégralité. Sans pour autant perdre sa lucidité dans le dernier geste, son bilan comptable se chiffrant à neuf buts et cinq passes décisives.
Ce qui fait de lui le 15e meilleur buteur du championnat (à égalité avec cinq joueurs dont Joachim, Maazou ou Perez), le 2e de son club derrière le canonnier Bettaieb (17) mais devant les attaquants Hassan (8) et Muratovic (7). Et le 12e meilleur passeur de DN (ex æquo avec neuf joueurs), le 3e Dudelangeois derrière Pokar (8) et Muratovic (7). Une feuille de stats à vous faire oublier que Van den Kerkhof est défenseur (il s’est d’ailleurs fait sucrer sa place sur l’aile droite de l’équipe type de la saison dans nos colonnes par un attaquant, l’Eschois Jules Diallo) et «ne travaille pas beaucoup devant le but».
Mais dont le latéral, habitué à planter (il a inscrit 5 buts en D3 belge la saison dernière, et 6 en D4 belge en 2018/2019), est un poil moins fier que des 2 700 minutes – hors temps additionnel – disputées avec le F91. «Neuf buts et cinq passes décisives, c’est sûr que, pour un défenseur, c’est top, admet-il. Mais quand en plus on se dit qu’on a enchaîné 30 matches et loupé zéro minute, c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel, surtout pour un joueur de champ.»
Et s’il s’est particulièrement illustré offensivement, un domaine où il bosse surtout ses centres, c’est sur le plan défensif que «KVDK» estime surtout avoir passé un cap à Dudelange. «J’ai beaucoup progressé tactiquement avec Carlos, souligne-t-il. Il m’a beaucoup appris, mais en particulier dans les placements défensifs. Mon positionnement, je savais que je devais le travailler. Quand on enchaîne les allers-retours, on n’a peut-être plus la lucidité pour faire les deux mètres qui manquent… mais j’ai progressé dans le replacement.» Mais aussi «mentalement», les deux étant étroitement liés.
La L2 et la Jupiler League dans le viseur
«Plus complet» qu’à son arrivée au F91, Van den Kerkhof semble enfin paré pour le grand saut, à entendre son entraîneur, qui le juge suffisamment mûr pour jouer «en France, au Portugal et même en Angleterre». Le Français l’espère, lui dont le passage à Lorient (2015/2016), où il s’entraînait avec les pros, a été gâché par une grave déchirure du quadriceps, dont la signature à Évian-Thonon-Gaillard (National, l’équivalent de la D3 française) en 2016 a été annulée par le dépôt de bilan du club savoyard, et dont le représentant lorsqu’il jouait en Belgique s’est montré bien trop gourmand et intéressé lorsque des clubs venaient aux renseignements.
«Je suis quand même assez jeune (NDLR : 25 ans), j’espère aller le plus haut possible, pose le natif de Saint-Saulve (Nord de la France), en discussions avec des clubs pros. J’ai reçu des appels téléphoniques et des offres intéressantes, dans différents pays, qui peuvent me faire évoluer encore plus sur le plan sportif et me faire franchir un nouveau palier. Si je refais une bonne saison dans un autre pays, ça peut aller très vite… C’est sûr que je n’ai pas envie d’abandonner les coéquipiers, le staff, la direction. Mais j’ai de l’ambition.» Une ambition qu’il aimerait voir passer à court terme par «la Ligue 2 française ou la D1 belge».
Voire par une destination plus lointaine, sous réserve que le projet en vaille «vraiment la peine», et le club «vraiment fiable». À défaut, le latéral droit ne traînera pas des pieds s’il doit prolonger son bail du côté de Jos-Nosbaum de six mois ou un an : «C’est la première fois que je me sens si bien dans un club. C’est primordial, pour donner le meilleur de soi-même. Pour l’instant, je suis à Dudelange, et c’est extraordinaire de disputer ces barrages de Ligue Europa Conférence.» Avant cela, Van den Kerkhof et ses potes, convoqués pour la reprise le 14 juin, ont encore dix jours de vacances à tirer. Une éternité, pour un marathonien de sa trempe.
Simon Butel