La DN est en plein sas de décompression. Arrivée du streaming, blessés à gogo, gestion d’une semaine complexe, match annulé pour cause de Covid… l’intensité a changé de nature.
Après sept matches en trois semaines (pour les plus chanceux), la Division nationale a eu droit à une semaine complète sans match. Une plutôt bonne nouvelle pour tout le monde sauf que ces quelques jours de répit ont vu la multiplication des problèmes et que personne n’a vraiment pu souffler.
Trois cas de Covid à Wiltz
Il fallait bien que ça finisse par arriver : pour la première fois depuis la reprise, fin février, la Division nationale va voir un de ses matches reporté pour cause d’accumulation de cas de positivité au coronavirus dans son effectif. Selon nos informations, deux joueurs et un membre du staff du FC Wiltz, qui devait recevoir Hostert, sont concernés. Ce quota de trois avait été poussé en avant par les ministères des Sports et de la Santé pour décider des reports des matches de sports collectifs.
Ce match devrait, sous toutes réserves et au vu de l’agencement du calendrier du mois d’avril, patienter jusqu’en mai avant de pouvoir être disputé. Cela créera un gros appel d’air pour le club nordiste, qui sera également privé de la prochaine journée puisqu’il compte deux sélectionnés dans ses rangs, Ralph Schon et Chris Philipps.
Aucun des deux n’est touché mais vendredi, Luc Holtz était sur le pied de guerre pour parvenir à déterminer si son gardien de but n° 2 et son milieu récupérateur n’avaient pas été cas contacts. «Je ne peux pas mettre toute l’équipe nationale en danger», indiquait-il dans l’attente d’informations plus précises en provenance de son staff médical sur la marche à suivre. Isolement pour les deux Wiltzois? En tout cas, avalanche de tests PCR.
RTL arrive, mais pas dans la capitale
Ça grogne au Cents et au stade Achille-Hammerel. Ce week-end aurait dû constituer, enfin, un tournant dans l’ère moderne du football luxembourgeois : RTL, après de longs mois à négocier avec les communes, à installer ses caméras, à monter sa plateforme, à former les clubs, va se lancer dans l’arène du streaming. Six des huit rencontres de BGL Ligue devaient être visibles avant que Wiltz – Hostert ne saute. Pourquoi pas huit ? Parce que le RM Hamm Benfica et le RFCU ne sont, eux, pas équipés. Selon nos informations, les édiles de la capitale n’ont toujours pas donné leur accord pour l’équipement de leurs enceintes et le RFCU notamment, qui accueille le Swift pour un des chocs de la 17e journée, en est fortement irrité. «C’est un équipement majeur sur lequel nous comptons, argumente son directeur sportif, Iliès Haddadji. Chez nous, le dossier est bloqué. Nous n’avons pas de caméras et aucune perspective, aucun rendez-vous. Nous ne comprenons pas. Toutes les autres municipalités du pays ont fait le nécessaire. Pas chez nous. Pourtant, l’attente est forte.»
Ce vendredi, 14 des 16 clubs de l’élite ont déclaré la bagatelle d’une quarantaine de joueurs blessés dans le courant du mois
Les infirmeries sont à saturation
Quels sont les staffs médicaux qui saturent, au bout d’un mois ultra-intensif ? Ils sont nombreux. Celui de Pétange est bien embouteillé avec cinq titulaires sur le flanc. Differdange en compte autant et Amodio ne se cache pas, «il me reste vraiment onze joueurs actifs à l’heure actuelle». Si Hamm, dont l’effectif est moins large, en compte autant avec quelques piliers touchés (Ostrowski, Makonda, Souza), Etzella et le Progrès restent des champions du monde toute catégorie, Niederkorn ayant ajouté à tous ses problèmes du moment la re-re-blessure de Luisi et la suspension de Laterza. Le F91 a de la marge, mais ne pas parvenir à récupérer trois de ses titulaires en les personnes de Diouf, Kirch et Pokar rogne énormément sur sa marge de manœuvre, notamment offensive. Nouveau venu au rayon des éclopés par milliers, le RFCU compte ses morts : six absents certains avant son choc face au Swift. La Jeunesse a aussi deux mollets douloureux (Fiorani, Moreira de Sousa), et Strassen deux pépins musculaires (Stulin et D. Agovic). Bref, ce mois de compétition a laissé des traces. En fait, pas que des traces : des traînées. Ce vendredi, sans compter Wiltz et Hostert qui ne jouent pas, les clubs de l’élite ont déclaré aux alentours d’une quarantaine de joueurs blessés récents, depuis la reprise de fin février.
Décompression, mode de « désemploi »
Des mois que cela ne leur était plus arrivé : une semaine complète à pouvoir débriefer une rencontre et en préparer une autre. Les coaches, humbles, ont avoué que cela les a un peu secoués. «On a augmenté la cadence pour certains qui manquent de temps de jeu mais pour les autres, il a fallu accorder du repos», synthétise Paolo Amodio, qui donne l’impression de ne pas avoir vraiment fait la «semaine normale, enfin», que tous les techniciens ont évoqué. «On ne s’est pas ennuyé en tout cas, a concédé Nicolas Huysman, à Pétange. Pour une fois qu’on ne doit pas bosser dans l’urgence d’un match à enchaîner… On était asphyxiés. Et sur notre dernière rencontre, on était tellement mauvais qu’on avait beaucoup de choses à remettre en place.»
Cette complainte se fait entendre depuis un mois : pas le temps de faire une seule séance normale de boulot. Même le F91 en a profité. «Huit matches en un mois? Mais c’est vraiment trop dans un tel pays, souffle Carlos Fangueiro. On a tous souffert, les coaches je veux dire, d’un stress énorme. Alors là, on a enfin pu se poser et parler tactique, revoir nos automatismes, notamment défensifs parce qu’on a pris ces derniers temps des buts que je ne m’attendais pas à prendre.» Au Racing, le staff a installé une télé dans la salle de massage et fitness afin de diffuser la dernière rencontre pour joindre l’utile à l’utile. Pour une fois qu’il y a du temps… il y a urgence. Pour le reste, ce furent des séances très courtes, d’1 h 15 maximum, axées sur la vivacité, les jeux et la finition, le grand péché mignon du club de la capitale. «J’ai constaté une descente de pression, raconte Régis Brouard. Une décompression naturelle. Alors il fallait réactiver les systèmes nerveux, ne pas laisser s’installer une forme de laisser-aller.» En même temps, six jours sans football, c’est à la limite de la fainéantise !
Julien Mollereau