Le Progrès accueille désormais les trois «Ukrainiens» sans club que sont Enes Mahmutovic et les frères Thill. Un coup de pouce dans la course au titre?
L’histoire est presque trop longue et désormais trop connue pour ne pas en faire un raccourci : Poutine envahit l’Ukraine, les clubs libèrent leurs étrangers, Enes Mahmutovic et les frères Thill s’exfiltrent après 72 heures d’angoisse, la FLF les rapatrie, Luc Holtz demande à ce qu’ils trouvent un point de chute commun pour les maintenir en forme, le Progrès se retrouve avec trois internationaux à l’entraînement, trois fois par semaine.
Jusque-là, dans les faits bruts, tout est clair. Mais derrière, voilà un néo-leader qui pourrait se retrouver, sur les trois derniers mois de compétition, avec trois pensionnaires d’un certain niveau. Et alors qu’il avait trouvé un rythme, une routine, une dynamique porteuse (treize matches d’affilée sans défaite, onze pour la seule DN), il convient de poser la question : ce petit événement est-il susceptible de magnifier encore ce qui a été mis en place pour aller décrocher le titre ou, au contraire, cela pourrait-il constituer un minuscule grain de sable ?
De but en blanc, comme ça, Stéphane Leoni règle le problème : «À l’entraînement, vu leur qualité, leur engagement, leur bonne humeur, il y a plus de jeu, plus de duels, plus de tout. Tu le vois immédiatement. Ils sont bosseurs, tout ce qu’ils font est propre, ils mettent le pied, ils sont joyeux et visiblement heureux d’en être sortis. Ça ne peut être que positif. Je ne vois pas ce que ça pourrait amener de négatif.»
On ne sait pas, nous… Enfin si, on se doute : une intrusion – même amicale – dans la vie d’un groupe qui vit bien et ne perd plus? Une façon de travailler forcément différente, avec un groupe plus élargi?
«Je suis surtout content de les aider»
«Non, vraiment pas. Moi, je prends ça comme un bonus», assure Leoni, même s’il n’était pas prévu, initialement, qu’il récupère Mahmutovic. «Moi, je suis surtout très content de pouvoir les aider. Ce sont des garçons qui ont dû se poser pas mal de questions sur la route, alors on essaye surtout de blaguer avec eux, de leur sourire. Je n’ai pas parlé avec eux de leur aventure et je ne vais pas le faire. L’idée, c’est de les mettre dans les meilleures conditions, pas de ressasser.»
Quitte à ne pas ressasser, autant évoquer l’avenir. Puisque la FIFA pourrait envisager un mercato spécial pour tous les joueurs pro qui se retrouvent sans compétition à cause de la guerre en Ukraine, le Progrès aurait-il du budget pour étoffer son effectif de fin de saison, le cas échéant ?
«Cela n’a pas été évoqué», sourit Leoni, qui a d’autres préoccupations. Le titre n’en fera partie que début mai, dit-il. Pour l’heure, le technicien français reste concentré sur les places européennes «et c’est pour ça que c’est important d’avoir battu le Fola. Ils sont à sept points, mais il ne faut surtout pas les enterrer. Surtout pas eux!». Pas quand on est occupé à sortir trois garçons d’un trou.