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BGL Ligue – Turpel : le prochain pro, c’est lui !


Dave Turpel, atout offensif n°1 du F91 en 2015, jouera ce soir contre Ettelbruck, là où tout a commencé. L’avenir, lui, se dessinera à l’étranger. C’est en tout cas l’objectif pour cet été.

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Dave Turpel : « À une époque, je râlais tout le temps. Sur moi-même et aussi sur mes coéquipiers. » (Photo : Julien Garroy)

L’attaquant (22 ans, 12 sélections) vient de marquer trois buts face à Differdange (2-1) et la Jeunesse (0-4), aidant Dudelange à redevenir effrayant. Autant dire que la réception de ses copains d’Etzella arrive dans un contexte plein de bonnes ondes.

Dave Turpel est, avec le défenseur du Fola Laurent Jans, le joueur qui a le plus de chances de devenir professionnel cet été. Le F91 a été approché une première fois cet hiver, par le club allemand de Chemnitz (3e Bundesliga), mais le timing n’a pas été jugé idéal pour lâcher un garçon encore perfectible dans plusieurs domaines. « Il est certain qu’un jour, Dudelange sera trop petit pour lui. Mais je lui ai dit qu’il fallait qu’il soit le meilleur attaquant de BGL Ligue avant d’espérer aller voir ailleurs. Comme Joachim ! C’est seulement quand il est devenu le meilleur joueur du championnat qu’il a intéressé des clubs », estime Sébastien Grandjean.

Le coach du F91, qui définit Turpel comme un « diamant brut » a mesuré l’étendue du boulot qu’il avait devant lui en voyant son poulain débarquer à son premier entraînement. « Les gars ne faisaient que courir autour du terrain. Soudain, Dave s’est arrêté, à bout de forces », se rappelle Grandjean. Résultat : deux jours de repos. Turpel en est encore essoufflé : « J’étais en vacances avec ma copine au Kenya quand mes coéquipiers reprenaient l’entraînement. J’arrive et direct, une séance de 2 h 30. Je n’étais pas habitué à ça, ça m’a fait tout drôle. »

Le joueur a retenu la leçon. Lui qui, une fois le championnat terminée, considérait jusqu’ici que « les vacances sont faites pour être des vacances », se remet en question. Cet hiver, avant de partir en stage en Espagne avec le F91 puis en Turquie avec les Roud Léiwen, il a avalé une préparation physique qu’il s’est lui-même infligé. La perspective de rejoindre la sphère professionnelle l’a transformé en homme responsable. « Enfin moi, je le trouve encore parfois trop détaché. J’ai l’impression que j’ai plus envie que lui, regarde Grandjean. Mais c’est tout à fait le genre de challenge que j’aime. Faire prendre conscience de ses qualités à un jeune qui sort de son village, ça me plaît. »

Pour tout dire, si Turpel a changé de dimension depuis son arrivée à Dudelange, son nom a depuis longtemps une petite notoriété du côté d’Ettelbruck. À cinq ans et demi, il raccroche sa carrière de basketteur, six mois après l’avoir entamée. « Mon grand-père est dingue de basket, j’ai tenté le coup mais moi, je préfère être dehors, dans la nature », s’explique Turpel.

> En U15, Holtz le sort au bout de dix secondes !

Ce soir, une partie de ses copains d’enfance se rendront au stade Jos-Nosbaum. « Je crois qu’ils ont prévu un bus car ils sont très nombreux », se marre le n° 4 du F91. Au fait, pourquoi le n° 4 ? « J’étais en vacances, ils ont choisi à ma place ! »

À Ettelbruck, donc, Turpel est vite devenu un petit phénomène. En bon Ettelbruckois, Luc Holtz n’a évidemment rien raté des premiers pas du phénomène. Pour autant, le début de la relation entre les deux hommes ne ressemble pas franchement à une histoire d’amour. Avant d’en faire un international en octobre 2012 (1-2 contre l’Écosse), Holtz est l’entraîneur de Turpel chez les U15 d’Etzella. Un jour, il remplace son avant-centre au bout de dix secondes de jeu. «Il a dit un truc à l’arbitre. Je l’ai appelé : « Tu n’as pas envie de jouer ? Très bien, assieds-toi à côté de moi » », sourit aujourd’hui Holtz. « Je ne peux pas dire que ce jour-là, je l’ai beaucoup aimé », avoue le joueur.

Il n’empêche que Turpel sait ce qu’il doit au sélectionneur et que leur relation est particulière. «Je suis attaché à tous les joueurs que j’entraîne mais lui, je le suis depuis qu’il est tout petit. Et puis, des Turpel, il n’y en a pas 500 au Luxembourg. Il est grand, costaud, il va vite, il fait des appels incroyables. Et techniquement, on voit qu’il a appris à jouer dans la rue», décrit Holtz. « J’ai toujours eu un ballon avec moi. J’avais huit ans et je jouais dans la rue avec des Macédoniens, des Portugais, des Italiens, des Luxembourgeois. Ils avaient parfois 16 ans. Ça m’a sûrement aidé dans mon jeu, à ne pas me laisser marcher dessus », poursuit Turpel. Et Grandjean de conclure : « Pour moi, il n’est qu’à 50 % de ce qu’il peut faire. » Et si l’histoire ne faisait que commencer ?

De notre journaliste Matthieu Pécot