Ricky Delgado (F91) a encore un peu mal à la cheville après une dernière saison pourrie. Il «saute moins haut» et a changé son jeu mais bon sang, qu’il est bon !
Auteur d’un but et une passe décisive à Pétange, le week-end dernier, Ricky Delgado semble retrouver, dans ce F91 costaud, la pleine plénitude de ses moyens. Pourtant, le défenseur, actuellement dans le top 10 des meilleurs éléments de BGL Ligue, traîne une cheville encore un peu en vrac. En guerrier, il s’en est accommodé.
Il y a quelques mois, quand nous vous avions appelé pour une interview à la suite de votre grand retour à la compétition, vous nous aviez demandé d’attendre un peu, le temps que vous rejouiez concrètement. Là, cela semble évident : Ricky Delgado est de retour !
En ce moment, ça va très bien oui. Je suis heureux de retrouver un peu de régularité avec cette blessure à la cheville avec une déchirure des ligaments. Vous savez, j’ai encore un peu de mal. Cela a mal cicatrisé. Est-ce que j’ai repris trop tôt ? Est-ce que je n’aurais pas dû opérer ? Mais je voulais reprendre pour les matches de Coupe d’Europe et je suis tombé dans un cercle vicieux. Ça me handicape un peu.
Oui enfin, vous êtes actuellement le 10e meilleur joueur de l’élite, le deuxième défenseur du pays ex æquo à votre coéquipier Kobe Cools et vous êtes impliqué dans deux des trois buts inscrits par le F91 face à Pétange dimanche…
(Il rit) Ah oui, j’ai fait la totale contre Pétange ! Ça ne m’arrive pas souvent et ça devrait m’arriver plus souvent. Vu ma taille, je devrais beaucoup plus marquer de la tête et ça, ça n’a rien à voir avec ma cheville, c’est plus dans la tête, justement. Quant à mes notes, ce n’est pas que je m’en fous, non, mais ça ne m’intéresse pas plus que ça. Je sais bien qu’il y a des joueurs qui vous appellent pour se plaindre mais moi, ça ne m’arrivera pas. Et puis de toute façon, en ce moment, je ne vois pas de quelles notes je pourrais me plaindre…
Vous venez de reparler de votre cheville.
Je multiplie les petites entorses. Ma cheville gauche n’est plus aussi solide et j’attends la fin de saison pour me faire opérer. J’en aurais pour deux mois après. J’aurais pu le faire en novembre, mais je ne savais pas qu’on ne rejouerait pas avant la fin février… Mais n’allez pas écrire que c’est un problème hein ! Ça va ! J’ai un peu de mal le matin, quand je marche pieds nus mais je peux quand même frapper pied gauche.
Avez-vous dû adapter votre jeu ?
Ce problème me gêne dans quelques mouvements, notamment parce que mon pied gauche, c’était mon pied d’appui pour entrer dans les duels aériens. Un défenseur, ça saute d’un pied pour aller plus haut. Maintenant, je ne fais plus de course d’élan, je saute à deux pieds. Avant je sautais très haut, maintenant, je saute moins haut. Lors de tests à la clinique d’Eich, on a calculé que c’était une dizaine de centimètres moins haut et que je me réceptionne toujours pied droit. D’ailleurs, je saute aussi moins haut du pied gauche que du pied droit. Alors pour compenser, je joue plus de mon corps, je cherche la bonne position dans les duels. Je l’ai appris tout seul. En début de saison, j’avais dit au kiné du club que j’avais mal, mais je n’ai pas insisté (il rit), je ne voulais pas en faire trop au moment où la concurrence essayait de se faire sa place. Je n’allais pas infliger un handicap. D’ailleurs, ce n’est pas un handicap.
L’Europe ? Ah il peut toujours y avoir une catastrophe mais oui, c’est vrai que normalement, c’est presque fait
Normal que vous vouliez jouer : vous n’avez toujours pas été champion bien que vous ayez commencé à jouer en DN… la saison qui a suivi son dernier titre.
C’est vrai. Je n’ai jamais été champion. J’ai été vice-champion mais pas champion. Pour le palmarès, ce serait beau. Mais en même temps, personne ne nous voyait là où nous en sommes. Maintenant, en tant qu’ancien de la Jeunesse, ça me ferait mal que le Fola soit sacré, même si il y a aussi un Delgado là-bas (NDLR : Gilson). Pas de ma famille, mais on s’entend bien.
Au moins, vous êtes presque sûr que l’Europe ne peut plus échapper au F91…
Ah il peut toujours y avoir une catastrophe mais oui, c’est vrai que normalement, c’est presque fait. Le reste, ce sera du bonus. Il nous faudra de la régularité et avoir une âme de vainqueur. Le coach nous en parle souvent même si tout le monde continue de penser que le favori, c’est le Swift. Après tout, c’est logique, ils ont plein de joueurs qui ont l’expérience pour aller chercher un titre de champion.
Carlos Fangueiro vous appelle aussi “ses guerriers” ? Et c’est ce qu’il faut pour faire quelque chose de grand, non ?
Il nous raconte comment il était en tant que joueur : toujours à fond. Ses défenseurs, il les appelle les monstres. On est tous à plus d’1,90 m. On est imposants. En tout cas, je me sens vraiment à ma place ici.
Et la Jeunesse, qui vous a formé et accueilli pendant neuf ans ? Vous en pensez quoi ?
Ce club avait besoin d’un vent nouveau, d’un vent frais. Je ne sais pas trop ce que les Grecs vont ramener, mais j’espère qu’ils feront du bon boulot parce que je leur souhaite le meilleur. On verra, au fil du temps…
Clayton Moreira de Sousa a fini par faire son retour au club qui l’a formé, il y a un an et demi. Et vous ? Reviendrez-vous un jour ?
(Il sourit) On va dire que je ne l’exclus pas.
Entretien avec Julien Mollereau