Benjamin Mokulu sortait d’une année de suspension pour dopage? Hesperange peut désormais compter sur Joao Teixeira, qui en a purgé deux pour la même raison. Et s’est déjà élancé avec deux passes décisives.
Entre recrues hivernales du Swift, Benjamin Mokulu et Joao Teixeira n’ont pas pu éviter LE sujet. Entre le premier, suspendu un an en Italie pour l’utilisation d’une crème réparatrice censée cicatriser un orteil que le staff médical de son club de Ravenne ne parvenait pas à soigner et le second, coincé alors qu’il évoluait à Oleksandria pour avoir soi-disant utilisé un collyre et en a pris pour deux ans, Hesperange a pris de gros risques, cet hiver.
834 jours sans le moindre match officiel
Dopage (non consenti) et conséquences… Mokulu avait végété 371 jours sans jouer entre Ravenne – Triestina et Etzella – Swift. Teixeira, qui a fait ses grands débuts au stade Jean-Wirtz dimanche était resté de son côté 834 journées éloigné des terrains, depuis le 7 décembre 2019 et une apparition de trois minutes face au Vorskla Poltava.
Fatalement, voir le premier partir dans le dos de la défense strassenoise et se faire servir par le second pour l’ouverture du score, dans un but d’école, a attiré toute la lumière sur ces bannis relancés par Aniello Parisi.
D’autant plus que le surpuissant avant-centre congolais et le fluet petit meneur de Forbach s’adorent déjà. «Joao est au-dessus du lot techniquement, s’enthousiasme Mokulu. Il va réguler notre milieu de terrain, c’est une force tranquille, il est trop fort. Lui et moi, on a eu les mêmes problèmes. Sauf que moi, c’était seulement un an. Pour lui, ça a dû être très long.»
«La même envie, la même grinta»
Teixeira confirme. «Benjamin et moi, on a la même envie, la même grinta. Mais lui, c’est du haut niveau! Vous avez vu ses appels? Je ne crois pas que j’aie jamais joué avec un gars aussi fort!»
Et si ces deux-là étaient les facteurs X du Swift dans sa course au titre? L’UNA pourrait éventuellement en parler. Pendant 78 minutes, sa finesse technique a permis à Hesperange de gagner en verticalité et en vivacité.
Mais Teixeira estime lui que «cette équipe était déjà assez bonne» sans lui et qu’elle est d’ailleurs plus costaud que celle d’Oleksandria, en D1 ukrainienne, qu’il fréquentait en 2019. «Je pense qu’on les aurait battus.»
Mais il n’est pas exclu que ce soit un côté un peu revanchard du garçon qui le fasse parler ainsi, puisque, en décembre 2019, toute sa carrière a dérapé. «Ça m’a mis un coup au vu de tous les sacrifices que j’ai faits. Après ce contrôle, alors que j’ai une vue parfaite et que je n’ai jamais mis de collyre de ma vie, je me suis retrouvé mis de côté. Mon club, les agents, ne me regardaient même plus. J’ai pris deux ans pour des gouttes que je n’ai pas prises alors que je sais que d’autres ont pris de la drogue et ont eu moins!»
Il s’estimait victime «d’un piège»
Au point que le garçon a même estimé, dans le journal L’Équipe, avoir été victime «d’un piège». «À l’époque, je ne jouais pas trop et j’avais un gros salaire. Je pense qu’ils ont fait ça pour que je parte. Ils n’avaient pas besoin de me faire ça.»
À l’époque, son agent souhaitait qu’il plaide coupable pour n’écoper que de six mois de suspension. Teixeira dit non, «puisque je suis innocent». Il prendra quatre fois plus. Et n’a qu’une consolation, la discrétion de son club, qui évitera de lui fermer des portes. Dans la foulée, le Tribunal arbitral du sport, en Suisse, lui ouvrira les siennes, avec une aide juridictionnelle de plus de 40 000 euros, afin qu’il plaide sa cause.
Mais la guerre en Ukraine vient d’anéantir ses derniers espoirs d’obtenir gain de cause : «J’ai fait appel dans l’espoir de voir ma peine réduite, mais ils ont déjà repoussé le verdict quatre fois et maintenant, ça ne sert plus à rien. Voilà, j’ai repris. Et il y a peu de chances que je sois blanchi vu la situation en Ukraine désormais…»
«Se qualifier pour la Coupe d’Europe»
Teixeira va donc se consoler en DN, main dans la main avec Mokulu. Le milieu de terrain croit savoir qu’il aura du mal à renouer avec le très haut niveau.
Lui qui a joué avec Ruben Dias, Renato Sanches ou Diogo Jota avec les U19 portugais, en 2016 et qui ne parle plus que de «plaisir», lui qui estime qu’on a mis «plus que des cailloux sur sa route, carrément des rochers», adorerait se «qualifier pour la Coupe d’Europe». Mais laquelle? Sûrement pas la Conference League, celle des bannis.