Le foot a repris, mais les supporters n’ont pas déserté. Certains continuent de faire le siège des stades les jours de match…
Il y a eu cette scène cocasse, le jour de la fausse reprise, au Parc des sports d’Oberkorn, trois quarts d’heure avant que le Progrès ne joue le Swift en match en retard. Chadli Amri, l’entraîneur adjoint de Niederkorn, vient d’arriver sur le terrain transformé en blockhaus tout relatif (il y a moyen de passer par le portail grand ouvert donnant accès au parking) et sous ses yeux, un fan du club contraint de rester à l’extérieur, tente pour rire d’ouvrir le portail installé juste derrière les buts. À sa grande surprise… le verrou n’a pas été poussé. Il met un pied sur la pelouse, pour rire, puis referme. Le foot luxembourgeois est à huis clos sur le fond, pas sur la forme.
Des supporters de la Jeunesse pendus au mur bleu pétant du stade Jos-Nosbaum, des Red Hamers qui font le siège du Cents, des Angry Goats installés dans le champ surplombant le stade John-Grün, la section fustal du FCD03 venue donner de la voix de (très) loin au stade Jos-Haupert, afin de supporter leur club dans le derby… La BGL Ligue a beau vivoter à coup de 550 spectateurs de moyenne par rencontre sur l’ensemble de la saison, on a eu, en deux semaines, plusieurs fois l’occasion de se dire qu’elle manque à pas mal de gens.
Les streamings sont très suivis
Concrètement, peu de clubs croient à la possibilité de rejouer devant du public d’ici à la fin de saison. Et de toute façon, le retour à une jauge minimale de 100 spectateurs telle que celle instaurée avant de boucler en 2020 ne leur servirait presque à rien. L’effet sur les finances serait ridicule au regard des sommes folles perdues par les clubs de l’élite ces derniers mois, d’autant que les buvettes n’ont pas vocation non plus à rouvrir. Alors que les grandes salles de concert ainsi que les grandes salles de cinéma du pays commencent à mettre un protocole pour un maximum de 100 visiteurs, en intérieur, la question du retour éventuel dans les stades de DN pourrait pourtant se poser…
Le public, en tout cas, semble prêt à revenir. Le FC Wiltz, par exemple, revendique plus d’un millier d’internautes en moyenne pour ses streamings de matches depuis la reprise (une pointe à 1 176 contre Strassen par exemple). Tout le monde n’a pas les moyens d’offrir ce genre de service à ses supporters. En attendant, les joueurs, eux, font semblant que tout continue à peu près normalement. Les speakers continuent d’officier dans des stades vides, les sonos à cracher de la musique avant les rencontres et à la mi-temps et les tribunes, extrêmement clairsemées, ne sont remplies que par les membres du comité et les joueurs non retenus ou blessés. La Ligue a négocié pour une quinzaine de membres de chaque club, sans compter les personnes en charge de l’infrastructure, les éventuels personnels soignants du club qui ne peuvent pas s’asseoir sur le banc… Il y a eu bien des occasions où l’observateur neutre a pu se demander s’il assistait bien à une rencontre à huis clos, mais seulement pour le plaisir de pinailler. Organiser une rencontre, même devant des gradins vides, continue de nécessiter la présence de pas mal de monde. On est loin pourtant, très loin même des affluences qui en faisaient alors sourire certains. Et pendant ce temps, des spectateurs restent collés au grillage…
Julien Mollereau